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Alors que la Turquie fait face à une situation difficile : Erdogan concentré sur la reforme de la Constitution

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Après avoir annulé, samedi dernier, la rencontre avec Selahattin Demirtas, le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), en l’accusant de « profiter » de la violence actuelle, hier, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu,a déclaré «il n’est plus correct de les accepter comme des interlocuteurs après leurs récentes déclarations qui frôlent l’insolence » a-t-il indiqué, après avoir annoncé, à la presse à Istanbul, le lancement, cette semaine, du dialogue au Parlement sur la réforme constitutionnelle.

Dans son précédent mandat, le président turc, Erdogan avait entamé des négociations avec le PKK qui ne sont plus à l’ordre du jour, dans son présent mandat à la tête de la Turquie. Depuis ces derniers mois, l’armée turque est mobilisée dans des villes à majorité kurde, où des tensions et des affrontements sont récurrents et des arrestations massives sont opérées selon les médias locaux. L’armée a lancé il y a deux semaines une opération massive contre des localités du sud-est du pays à majorité kurde pour procéder à la neutralisation et l’arrestation des «rebelles», en plus des opérations militaires qui sont menées contre des positions du PKK. Considérant le HDP la vitrine politique du PKK, le Premier ministre Ahmet Davutoglu accuse ce parti de «ne pas être clair dans ses intentions politiques» a-t-il déclaré, hier, et d’être aussi selon lui un «pion» des rebelles kurdes. Le HDP qui a enregistré une percée significative lors des élections législatives, de juin dernier, avec 13% des voix et 80 députés, parti pro-kurde et de gauche, a ôté au parti d’Erdogan la majorité absolue, marquant ainsi la surprise sur la scène politique turque. Situation inconfortable pour le parti AKP d’Erdogan, et notamment celui-ci qui avait pour objectif principal au terme de ces législatives, son projet de réforme de la Constitution. N’ayant pas gardé sa majorité au parlement et échoué à former un gouvernement, Erdogan a appelé à des élections anticipées, qui se sont tenues en novembre dernier, qui lui ont permis d’obtenir 49,5 % des voix. Pour constituer une majorité, le parti de la justice et du développement (AKP) s’est allié avec la formation politique de l’extrême droite, le MHP, lequel parti considère aussi le HDP comme la vitrine politique du PKK. Si le Premier ministre, Ahmet Davutoglu a usé hier de propos virulents à l’encontre du parti HDP, c’est aussi en réaction au dépôt de la proposition de deux députés co-représentants du groupe HDP, concernant les relations « existantes » entre le parti d’Erdogan et les terroristes de Daech, information rapportée par des médias turcs. Il est à rappeler que le projet de reforme constitutionnelle du président turc porte essentiellement sur un système présidentiel, défendu par le chef de l’État Recep Tayyip Erdogan. Hier, son Premier ministre, Davutoglu, a annoncé, qu’il rencontrera demain mercredi les chefs des deux autres formations politiques représentées au Parlement, Kemal Kiliçdaroglu du parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et Devlet Bahçeli du Parti de l’Action nationaliste (MHP, droite), en l’occurrence. Il est clair que les responsables du parti AKP, notamment le président Erdogan, font face à une situation difficile voire complexe sur le plan interne certes, mais également, sur les plans régional et international. Après avoir été porté à la tête de la direction du pays, début des années 2000, au moment ou le pays enregistrait un boom économique, confortant considérablement l’action et le rôle d’Erdogan, dans la direction des affaires du pays, lesquels, depuis moins d’une année, force et de dire que ce n’est plus le cas, au regard des problèmes auxquels il est confronté, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Turquie. Les tensions dans lesquelles est plongé le pays, avec la mobilisation de son armée, dans le combat contre les kurdes, alors que des attentats terroristes sont perpétrés, la Turquie « étant le passage des terroristes vers la Syrie » selon des experts turcs et que la Turquie « assure un soutien logistique outre le soutien politique, à des groupes terroristes en Syrie, notamment dans sa partie Nord , Alep» avancent d’autres experts avertis. Situation qui n’a pas manqué d’avoir son impact sur le plan économique du pays, enregistrant un recul notamment dans le secteur touristique. Celui-ci à perdu près de 12 milliards de dollars, soit 10,9 milliards d’euros, suite aux sanctions économiques russes à l’encontre d’Ankara fin novembre dernier, en conséquence du crash du SU-24 russe, abattu par l’aviation turque. Alors que les responsables turcs, dont le président et son Premier ministre, tentent depuis, de convaincre Moscou de tempérer sa colère et de sursoir à ses décision, hier, le Kremlin a fait savoir que président russe, Vladimir Poutine a signé un décret portant sur le changement de la loi du 28 novembre prévoyant l’introduction de mesures économiques spéciales envers la Turquie. Les nouvelles restrictions comprennent désormais non seulement les entreprises sous juridiction de la Turquie mais aussi les organisations contrôlées par des citoyens turcs.
Karima Bennour

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