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AFFAIRE DES ENFANTS AUTISTES SÉQUESTRÉS ET MALTRAITÉS À CONSTANTINE : Les Algériens sous le choc

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L’année 2019 se termine, hélas, par un acte inadmissible et condamnable commis contre 31 enfants, entre fillettes et garçonnets, atteints d’autisme, qui ont vécu un véritable cauchemar, étant maltraités, violentés et séquestrés dans un centre non-agréé à Constantine, à l’est du pays, avant que l’affaire n’éclate au grand jour.

Des violences commises contre les victimes, dans un espace censé les protéger, de façon répétée, pour un comportement qui ne peut qu’être qualifié de brutal contre des enfants, des innocents déjà en mal et souffrant de l’autisme. Depuis lors, ils sont neufs (9) personnes présumées auteurs de cette ignominie à être arrêtés pour « déterminer toutes les circonstances et identifier toute éventuelle personne impliquée », a indiqué, hier après-midi, le procureur de la République près le tribunal de Ziadia. En effet, la wilaya de Constantine a été secouée par ce scandale éclaté, samedi dernier, depuis l’intérieur d’un centre non agréé supposé prendre en charge des enfants atteints d’autisme. Les auteurs sont hélas des membres d’une association fictive, hommes et femmes sans scrupule ni foi, coupables d’avoir battu, violenté et maltraité des enfants dont l’âge oscille entre 4 et 9 ans !
C’est ce qu’a confirmé, hier, Abderrahmane Arar, le président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (Nada), à l’APS. «Les membres de cette association fictive (hommes et femmes), coupables d’avoir battu, violenté et maltraité les enfants autistes gardés dans un établissement non agréé situé dans la ville de Constantine, ont été arrêtés par les services du Groupement territorial de la Gendarmerie nationale de Constantine», a-t-il confirmé. Selon des sources concordantes, confirmées dans l’après-midi par le Procureur de la république, l’enquête qui a été aussitôt déclenchée a été étendue à d’autres wilayas du pays où ce réseau aurait des ramifications.
L’affaire est ainsi entre les mains de la justice et les parents des victimes, leurs proches et aussi l’opinion publique attend de voir la justice rendue, pour que nul n’oublie et que d’autres enfants soient à l’abri.

Réactions des spécialistes de la protection de l’enfance
L’affaire des enfants autistes victimes de maltraitance à Constantine a déclenché une salve de condamnations de la part de plusieurs spécialistes et intervenants du domaine de la protection de l’enfance. L’on a recueilli ici quelques réactions à chaud exprimées à travers des déclarations faites à nos soins.
Pr. Mustapha Khiati, Président de la FOREM :
«C’est un crime contre l’humanité. J’en profite pour commenter d’abord ce qui s’est passé à Constantine, et ensuite pour dire que cette affaire a mis à nu les maux de cette catégorie vulnérable dont les estimations de la prévalence sont d’environ 70000 enfants touchés par le trouble du spectre autistique. Et l’État n’a pas les moyens de prendre en charge «cette population». Il n’y a pas une stratégie nationale dans le domaine de la prise en charge des enfants autistes. Car, le constat démontre que ce sont généralement les parents des enfants autistes qui se débrouillent pour créer des associations et des centres pour enfants autistes, comme à Constantine et comme on le constate dans plusieurs wilayas. L’État doit jouer son rôle de concepteur et de législateur et de contrôle et libérer la prise en charge en la confiant aux associations et aux gens qui ont la capacité comme les psychologues, médecins diplômés qui ont une qualification en matière de la prise en charge de l’autisme, qui peuvent ouvrir des centres pour accueillir des enfants souffrants d’autisme. Car, l’État ne peut pas tout faire. C’est normalement le ministère de solidarité qui a pris en charge le dossier des autorisations pour la réglementation de cette activité. Et les demandeurs d’autorisation doivent répondre à des critères bien précis c’est-à-dire la présence de psychologues et de gens qui sont formés dans le domaine. Après un contrôle et une évaluation de la part du ministère qui a donné l’autorisation».

Tabti madjid, professeur agrégé en psychiatrie :
«Nous avons toujours alerté les pouvoirs publics pour passer à l’action. Nous avons dit clairement qu’il y a des associations qui travaillent pour l’intérêt suprême des autistes et des enfants en général, et nous avons dénoncé qu’il y ait des associations qui ne sont pas contrôlés. Ce n’est pas normal que des associations activent dans des garages. C’est inadmissible. Ce qui s’est passé à Constantine est vraiment malheureux. C’est un drame national. Les accusés dans cette affaire doivent être punis sévèrement, pour servir d’exemples, et ainsi, épargner d’autres enfants. Il faut qu’il y ait un contrôle des associations. Et ce n’est pas à n’importe qui d’ouvrir une association. Il faut qu’on passe au professionnalisme et il est plus que temps d’aller vers plus de rigueurs dans la délivrance des autorisations pour la création des associations, et soumettre cette activité à des contrôles inopinés et mensuels. Samedi dernier, j’ai pris part à la journée scientifique consacrée par l’EHS d’Oued Aïssi (Tizi-Ouzou) à l’autisme. J’ai considéré que l’autisme ne cesse de connaître une augmentation exponentielle en Algérie mais que, malgré les efforts fournis, sa prise en charge sur le terrain demeure insuffisante, et ce, malgré la mise en place d’un plan autisme en 2016. Je le redis aujourd’hui, c’est un plan qui n’existe, à vrai dire, que sur papier, alors que le nombre d’autistes est sans cesse croissant. Rien qu’à l’hôpital de Chéraga (Alger), nous avons enregistré 400 nouveaux cas en une seule année. Il y a un retard considérable, quant à la prise en charge de l’autisme dans le pays, qui est caractérisé par une maltraitance : un argent public gaspillé, une scolarisation précaire des enfants autistes, un diagnostic souvent impossible, des familles épuisées et menacées, des autistes adultes abandonnés. Sans oublier le recours à des pratiques grotesques et obscurantistes ».
Mohamed Amrouni

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