La visite à Alger durant la semaine dernière du ministre d’État, ministre de la Sécurité et de la Protection civile de la République de Guinée, Abdoul Kabèlè Camara, a été l’occasion pour lui de passer en revue les relations entre les deux pays, mais surtout autour de l’UA (Union africaine).
L’occasion, en effet, le lui permettait à travers ses rencontres avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, ainsi que Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales.
La Guinée, qui devrait assurer la présidence tournante de l’Institution africaine, au Sommet ordinaire de l’UA, qu’abritera, dès le 22 janvier prochain, la capitale éthiopienne, Addis Abeba, a dépêché, à Alger, son ministre d’État, Kabèlè Camara, lequel a déclaré que son pays travaillera «en étroite collaboration avec Alger, et des actes majeurs seront pris dans l’intérêt de l’Afrique».
La venue du responsable guinéen à Alger, accompagné de personnalités, dont Amara Issy, l’ex-secrétaire général de l’ex-Organisation du continent africain, l’OUA, intervient à moins de deux semaines de la tenue du Sommet de l’UA, qui verra des questions importantes à son ordre du jour.
Il s’agit de l’élection du successeur à la Sud-Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, à la tête de la commission de l’UA, de l’envoi des troupes africaines au Sud-Sudan, tranchée au dernier Sommet de l’UA, juillet dernier, à Kigali, et dont ses travaux allaient être perturbés par la lettre du Roi marocain, alors que son pays ne siège pas au sein de l’Institution africaine, dans laquelle il a exprimé son souhait d’y «réintégrer».
Rappelé vite à l’ordre par les responsables de l’UA, en invitant le Royaume marocain au respect des statuts et des textes constitutifs de l’UA, Rabat a vite fait de formuler “officiellement” sa demande d’«adhésion» à l’Union africaine, et donc à suivre le processus exigé par l’UA dans ce cas de figure, balayant d’un revers «une réintégration» comme avançait Rabat.
Amara Issy, l’ex-secrétaire général de l’ex-organisation du Continent africain, OUA, ayant accompagné le ministre d’État guinéen, à Alger, ne peut qu’affirmer que le Maroc doit suivre le processus d’adhésion, et non une réintégration à l’UA, lui qui, en 2001, devient secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine et, en juillet 2002, à la création de l’Union africaine (UA), il en devient le président intérimaire de la Commission jusqu’en 2003 avec l’élection de Alpha-Oumar Konaré.
La Guinée, un des pays de l’Ouest africain et du regroupement de la Cedeao, comptant le Sénégal, les responsables de ces deux pays n’ont cessé de plaider dans les coulisses, ou les couloires de l’Institution africaine, comme ailleurs, en faveur, dans le sillage notamment du soutien inconditionnel de la France au Maroc, à la colonisation de Rabat du Sahara occidental. Et c’est à partir d’Alger que certaines voix de pays africains, dont ceux de la Cedeao, ont sans nul doute saisi, encore une fois, que le respect du Droit international dans le règlement des conflits, dont celui opposant le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara occidental, comme le soulignent les documents de l’ONU et de l’UA. Autre droit méritant amplement d’être défendu, bec et ongle, celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, consacré dans les textes constitutifs de l’UA, et bien avant dans l’esprit et la Charte des Nations unies, dont la Résolution 1514, écrite, rappelons-le, par le sang des martyrs des peuples africains luttant pour l’indépendance de leurs pays respectifs, parmi eux les martyrs algériens.
Torpillage de l’UA par le Maroc et Israël
L’UA étant l’Institution africaine, qui depuis sa création, début 2000, a franchi, depuis, des étapes importantes, en matière de la prise en charge par les Africains de leur destin, à divers niveaux, sa fonction première est d’amener les peuples africains à penser un destin partagé, partant de leur mémoire collective, de l’histoire du continent marquée par l’esclavage et le colonialisme.
Alors que la demande de Rabat à adhérer à l’UA devrait être soumise au prochain sommet de l’UA, les responsables africains devront se rappeler l’article 4 (b) de l’Acte constitutif de l’UA, stipulant que celle-ci fonctionne conformément aux principes du “Respect” des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance».
À ce propos, sur le plan juridico-politique, le Sahara occidental est une question de décolonisation inscrite, depuis 1966, à l’ONU, et donc soumise à l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Puis ces mêmes principes de l’UA précitées furent réitérés, faut-il le noter, à l’article 4 (f, h, i, k) du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, de même qu’aux articles 3 (a) et 4 (c) du Pacte de non-agression et de défense commune de l’Union africaine. Des dispositions de ces instruments juridiques fondamentaux se dressent comme obstacle majeur, non pas seulement devant le Maroc, mais aussi devant les quelques pays africains, siégeant à l’UA et soutiennant Rabat, ouvertement ou sournoisement, dans sa politique coloniale au Sahara occidental. Ces mêmes voix qui ont affiché leur soutien à offrir le poste d’observateur au sein de l’UA, à Israël, qui l’a perdu, faut-il le rappeler, avec la création de l’UA selon ses principes et ses textes constitutifs. La demande marocaine sur son adhésion à l’UA a, faut-il le noter, coïncidé avec celle exprimée, juillet dernier, par l’entité sioniste, d’être admise comme membre observateur, par une délégation sioniste, présente dans les couloirs du dernier Sommet à Kigali, juillet dernier
Karima Bennour