Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui, a procédé, lors d’une réunion qu’il a présidée avec les cadres concernés de son secteur jeudi dernier, à l’installation d’une «commission chargée de préparer un dossier sur la problématique de la filière équine et cameline », qui doit permettre de «dégager des solutions idoines ».
Cette démarche vient comme une réponse ministérielle pour désamorcer le conflit opposant la direction de la Société des courses hippiques et des paris mutuels (SCHPM) au syndicat de l’entreprise, qui a organisé récemment un sit-in de protestation devant le siège de ministère de l’Agriculture menaçant même de reconduire cette action si aucune réponse ne leur ait parvenu au courant de cette semaine. Principale source de désaccord entre le partenaire social et la SCHPM : le «mépris» du directeur général de l’entreprise envers les salariés et son « refus » de répondre à leurs revendications socioprofessionnelles et notamment la révision de la grille des salaires « qui n’ont pas été revus depuis 2001 », avait déclaré le SG du syndicat, Djamel Oudafal. Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, a présidé, jeudi dernier, une réunion « consacrée à la redynamisation de la filière équine et cameline », souligne un communiqué du ministère parvenu, hier, à notre rédaction. La réunion, tenue au niveau du siège du ministère, a regroupé les cadres du secteur, le directeur général de l’Office national de développement des élevages équins et camelins (ONDEEC) et le directeur de la SCHPM de Caroubier. La commission installée par le ministre Bouazgui doit formuler des propositions touchant notamment à la sauvegarde de la SCHPM et ses moyens humains et matériels. « Au cours de cette réunion, le ministre a appelé les cadres en charge du dossier de faire des propositions à même de promouvoir, développer la filière équine et cameline et fournir plus d’efforts afin de préserver les ressources génétiques nationales, notamment de pur sang arabe et cheval barbe pour l’amélioration des races, et le développement de cette filière afin qu’elle joue son rôle dans l’économie nationale », explique-t-on dans le même communiqué. L’ONDEEC a pour mission l’encouragement, le développement et la préservation des races équines et camelines. À ce titre, l’office est chargé de mettre en œuvre des programmes d’encouragement et de développement arrêtés par le ministère, de créer, développer et de promouvoir toute activité liée à l’élevage équin et camelin, de contribuer à la diffusion des techniques d’élevage, notamment par organisation de campagne de vulgarisation. Quant à la SCHPM, sa principale mission est de promouvoir des espèces équines et camelines ainsi que l’organisation des courses publiques hippiques et dromadaires et l’encouragement des élevages équins et l’amélioration de leur race en Algérie. Par ailleurs, le conflit à la SCHPM risque encore de durcir après que le syndicat de l’entreprise, affilié à l’UGTA, a annoncé « des actions de protestations et des sit-in prochainement devant le siège du ministère de l’Agriculture » si cette dernière ne leur adresse pas « une réponse dans une semaine ». Lundi dernier, une soixantaine de salariés de la SCHPM avaient protesté devant le siège du ministère avant d’être reçus le même jour par le SG du ministère et le directeur des services vétérinaires au niveau du même département. Sur demande du ministre Bouazgui, les représentants syndicaux ont remis le lendemain « un écrit » aux représentants du ministre, listant toutes leurs revendications et « les agissements » du DG de leur entreprise qui « refuse de négocier avec le syndicat ». Les syndicalistes dénoncent également « un fonctionnement en dehors du cadre légal » et « des organes et un conseil d’administration qui ne sont pas encore activés ». Djamel Oudafal, SG du syndicat de la SCHPM a affirmé récemment au Courrier d’Algérie que des représentants du ministère de l’Agriculture lui ont affirmé que « le ministère a l’intention de restructurer » l’entreprise, en mettant le secteur des cours hippiques sous tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports ». Contacté hier, Missoum Mohammed, chargé de communication au ministère de l’Agriculture, a affirmé que « la réunion qu’a présidé le ministre Bouazgui au siège du ministère n’a jamais abordé la question de changement de tutelle ». Le syndicat de la SCHPM, selon son SG, dénonce également le fait de ne pas avoir été consulté ou associé, comme le stipulent les lois, par la direction de l’entreprise dans les décisions touchant à son avenir. Les syndicalistes soulignent ne pas comprendre pourquoi le ministère de l’agriculture ne prend pas en charges leurs « propositions » et « les solutions proposées ». « Nous n’avons pas de commentaire sur ce que dit et prétend le syndicat, se défend le chargé de communication du ministère de l’Agriculture, Le syndicat n’est pas concerné par la réunion (de jeudi dernier). Et c’est au ministère et les cadres de décider et proposer les solutions qu’ils jugent utiles pour un nouveau redémarrage de l’entreprise afin de lui donner plus de performance. Le communiqué du ministère est à mon sens amplement suffisant pour clarifier cette situation. Le syndicat, on les a vu, ils ne cherchent qu’à maintenir le statu quo dans la société ».
Hamid Mecheri