Les édifices Art déco de Bombay en Inde ont été ajoutés samedi à la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco aux côtés de l’architecture victorienne de la ville, a annoncé l’organisation actuellement réunie à Bahreïn. Le Bombay Art déco, moins connu que le victorien, est réputé constituer le deuxième ensemble en importance au monde, après celui de Miami, de cette tendance architecturale qui a fait fureur aux États-Unis et en Europe dans les années 1920-1930. Ces bâtiments, menacés par la spéculation immobilière dans la mégapole, sont en cours de recensement par un collectif de passionnés, réunis au sein du projet Art Deco Mumbai. Le collectif, qui rêvait d’obtenir cette inscription, estime entre 200 et 300 à Bombay le nombre d’édifices Art déco et publie leur inventaire sur son site internet . La plupart ont été construits entre le début des années 1930 et le début des années 1950, crépuscule de la période coloniale britannique. Ils se situent pour beaucoup dans le sud de la ville où ils contrastent avec les bâtiments de style néo-gothique victorien. Les deux styles se font ainsi face au grand parc Oval Maidan où s’entraînent avec enthousiasme les jeunes joueurs de cricket. D’un côté, d’austères bâtiments du XIXe siècle abritent sous leurs piques et derrière leurs fenêtres en ogive la Haute cour et l’Université de Bombay. De l’autre se dressent des immeubles plus chics, avec des angles incurvés, des balcons, des lignes verticales et des motifs exotiques. Ils ont été bâtis par de riches Indiens qui avaient envoyé leurs architectes en Europe étudier le style Art déco et en revenir avec des idées modernes permettant de se différencier des canons des bâtiments coloniaux. Les édifices Art déco de Bombay possèdent «un style coloré, vibrant, libre, sophistiqué qui traduisait les aspirations d’une nouvelle classe», avait expliqué en novembre dernier à l’AFP Atul Kumar, le fondateur du projet Art Deco Mumbai. Les ériger à l’époque où «l’Inde était dirigée par un régime colonial oppressif» fut «une manière unique d’envoyer un message à travers l’architecture», avait-il estimé. «Il y a une fusion intéressante d’Art déco européen classique et sa version Bombay», avait-il relevé. «Vous avez des ziggourats (édifice religieux mésopotamien à terrasses, ndlr), des balcons arrondis en forme de locomotive, des images tropicales, du mouvement, des lignes de fuite et des motifs égyptiens aussi bien que des motifs indiens.» Les immeubles Art déco de Bombay, reconnaissables à leurs frontons, leurs escaliers en spirale ou leurs sols de marbre, sont occupés par des appartements résidentiels mais aussi des bureaux, des cliniques et des salles obscures comme les célèbres cinémas Eros et Regal. La plupart de ces bâtiments, y compris ceux situés le long des trois kilomètres de Marine Drive sur le front de mer, ont cinq étages souvent agrémentés de couleurs vives –jaune, rose ou bleu.
Le Comité du Patrimoine mondial, réuni à Bahreïn depuis le 24 juin et jusqu’au 4 juillet, doit examiner au total la candidature de trente sites pour intégrer la Liste du patrimoine mondial.