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«Accords d’Alger» et processus de paix contre opérations militaires au Nord-Mali : Le chef du renseignement français reconnaît l’échec de Barkhane

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Doit-on continuer à faire confiance à la réalisation des « Accords d’Alger » et au processus de paix poursuivi depuis quelques mois, deux années après la signature à Alger, d’un accord-cadre, ou au contraire, faire confiance à le Force militaire française au Nord-Mali ? La question ne s’est pas posée en ces termes, mais était posée carrément de manière à donner la primauté à Barkhane, malgré le fait que sur le terrain, cette Task Force française s’embourbait jour après jour, laissant l’initiative à l’alliance terroriste « Nosrat al-Islam wal Muslimin », hégémonique sur le terrain.
Il fallait que le chef du renseignement militaire français, le général Jean-François Ferlet, un officier-supérieur qui a passé une année au Nord-Mali, s’exprime sur le sujet pour se convaincre de l’inanité de l’action militaire seule. Selon le quotidien français « L’Opinion », le général Jean-François Ferlet, a reconnu en Assemblée nationale que les forces militaires françaises au Nord-Mali n’enregistraient aucune victoire significative sur le terrain des opérations et qu’elle s’embourbaient inutilement au Sahel. Cette déclaration du patron français du renseignement militaire faisait suite à la question du député français Claude de Ganay, qui l’interrogeait dans le cadre de la Commission défense du Parlement, selon « L’Opinion », le général Jean-François Ferlet a affirmé que la présence française au Mali n’a fait qu’aggraver la situation : « Certains éléments nous font penser (…) que la tendance n’est pas bonne. Si le nombre d’incidents sécuritaires n’augmente pas, nous constatons néanmoins un déplacement vers le Sud, dans une région beaucoup plus peuplée, notamment par les Peuls, où le potentiel de déstabilisation est plus important que celui causé par quelques Touareg djihadistes en plein désert» ; et de préciser que la rébellion se déplace dangereusement vers le Sud, avec en prime, ce soulèvement des Peuls, dans la zone de Maçina, « traversée par un sentiment de frustration ou par l’impression d’être maltraitée par le pouvoir central », et dont les populations pourraient bien rallier les groupes terroristes, bien qu’elles ne soient pas «fondamentalement djihadiste», précise Ferlet. Le directeur du renseignement militaire a aussi admis que la lutte contre le terrorisme dans la Sahel, et précisément au Nord-Mali, souffre d’un manque de coordination. Le général Jean-François Ferlet semble faire allusion à l’Algérie en mettant en avant l’absence de «volonté de travailler ensemble», admettant que l’action française au Sahel est obsolète tant que la France persiste à imposer sa logique.
L’Opinion, qui a donné de larges extraits de la déclaration, est aussi revenu sur le sujet avec un entretien avec le DRM, qui persistait dans son analyse et disait même à dire que « certains éléments nous font penser, néanmoins, que la tendance n’est pas bonne » : «Mes propos sur le Sahel m’ont valu beaucoup de coups de fil… J’ai passé un an dans cette région, et je sais parfaitement ce qu’était la situation sécuritaire entre 2014 et 2015. Les djihadiste nous harcèlent, mais cela s’inscrit dans la continuité. Si l’on regarde le nombre d’attaques sur trois ans, mois par mois, quel qu’en soit le type – attaques directes ou indirectes, usage de mortiers ou des Véhicules Borne Improvised Explosive Devices (VBIED), embuscades… –, le bruit de fond est le même. Ce n’est pas une situation satisfaisante, et je ne conseillerais à personne d’aller faire du trekking à Tessalit, mais on ne peut pas parler de dégradation sécuritaire, objectivement ».
À méditer; dans un temps où la tendance locale des populations azawadies est à la paix, comme peut l’indiquer le déplacement du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga à Kidal, fief de la rébellion, et qui s’est déroulé dans le climat le plus convivial qu’on pouvait espérer.
F. O.

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