À Ghardaïa, la situation semble revenir à la normale, un mois après le déclenchement des événements tragiques, qui avaient fait, rappelons-le, plus de vingt morts et des dizaines de blessés. Néanmoins, les pouvoirs publics invitent les citoyens à conjuguer leurs efforts à ceux des autorités militaires et civiles, afin d’endiguer, une fois pour toute, la violence, qui a sévi dans les localités de Guerrara, la vallée du M’zab et à Berriane.
Certes, d’aucuns estiment que le dispositif sécuritaire mis en place par le gouvernement a imposé le rétablissement du calme entre habitants. Mais, rien n’est encore moins sûr d’un retour défectif de la paix. En visite avant-hier dans la wilaya de Ghardaïa, Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a émis le vœu de voir les citoyens s’impliquer, eux-mêmes, dans la gestion de la situation, en apportant leur soutien aux «efforts considérables des institutions militaires et civiles, pour préserver la sécurité», a-t-il indiqué. En effet, lors de cette visite consacrée, d’une part, à l’installation du premier magistrat de cette wilaya, en l’occurrence Mecheri Azzedine, le ministre a mis en exergue le rôle que devra jouer le citoyen dans le but de rétablir, définitivement, la sécurité. Sachant, donc, que la solution sécuritaire, à elle seule, n’est pas à même d’instaurer définitivement la paix dans cette région, le premier responsable de l’Intérieur a invité les habitants, en s’adressant à leurs délégués parmi les notables, de prêter main forte à l’action des autorités civiles et militaires, à même de retrouver la culture du «vivre-ensemble». Bedoui n’a pas manqué de rappeler, à la même occasion, le message du Chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, qui a instruit le gouvernement par des «instructions fermes», concernant notamment les efforts civiles et militaires qu’il faudra mener sur place. Lesquels efforts, exigent, selon le ministre, d’être accompagnés par les habitants dans un climat de solidarité, de cohésion et du rejet de toute force de la discorde ou de haine, reprenant, ainsi, les mots du président de la République. Ce qui est pour le moins sûr, c’est que Bedoui semble privilégier les solutions pacifiques, seules, à même de garantir la sécurité et la stabilité dans la région. Parallèlement, force est de constater, donc, que le déploiement des éléments des services de sécurité n’en constitue qu’une solution imposée par l’urgence. Ainsi, louant le travail consécutif et sans relâche mené par les dispositifs sécuritaires, le même ministre rappelle que la tâche n’est pas pour autant de tout repos. En effet, il a fait allusion à la lourde responsabilité qui pèse sur l’ANP (Armée nationale populaire), ainsi que les divers autres corps des services de sécurité dans la sécurisation des frontières, la lutte contre la contrebande et la criminalité. Ceci, pour expliquer la difficulté de la tâche telle qu’elle se présente dans le contexte actuel pour notamment les institutions sécuritaires, dans une mission qui s’apparente à un combat qui s’opère sur deux fronts. D’où, selon Bedoui, l’importance de la participation active de la population, relevant surtout des localités touchées par les violences survenues dans la région, et de s’associer au travail des éléments des services de sécurité. Évoquant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le représentant du gouvernement en a appelé à la «préservation des acquis réalisés dans le cadre de cette charte-là», non sans vanter les «valeurs de cohésion, de tolérance et d’unité nationale qu’ellevéhicule», a-t-il ajouté. Contacté par téléphone, hier, Rabah, commerçant travaillant dans la cité urbaine de Ghardaïa, pense qu’effectivement le calme est revenu et la vie normale a repris ses droits. Même s’il reste sceptique, quant à l’apaisement définitif, car, il estime que le déploiement massif des services de sécurité à travers les localités ayant enregistré des échauffourées, notamment au début du mois dernier, ne suffira pas. «Les militaires et les gendarmes en poste resteront-ils éternellement, ici, à guetter le moindre mouvement pouvant insuffler la flamme de la violence, afin d’intervenir pour l’éteindre?», s’est-t-il interrogé. «Sincèrement, je doute que le calme ne se soit définitivement installé. Même si, faut-il le dire, depuis l’arrivée des renforts des services de sécurité, la situation s’est améliorée sensiblement», a-t-il conclu. C’est ce qui porte à croire, donc, qu’en dépit des mesures sécuritaires imposées sur place par les pouvoirs publics, les citoyens, tout comme le gouvernement d’ailleurs, ont l’intime conviction que la volonté et le concours de toutes les parties sont impératifs pour consolider la paix dans cette région.
Farid Guellil