Le ministre des Transports, Boudjemâa Talaï, a dressé, hier à Alger, un constat accablant sur le secteur, critiquant plus particulièrement l’anarchie qui le caractérise. «On est malade dans le transport ferroviaire. On est malade dans le transport aérien. On est juste moyen dans le transport maritime». Tels sont les propos tenus par le ministre, qui s’exprimait à l’occasion d’une réunion d’évaluation des directeurs des transports et des directeurs des transports urbain et suburbain des 48 wilayas et des entreprises sous tutelle.
Dans des orientations franches adressées aux responsables de son département, Boudjemâa Talaï a appelé à plus de professionnalisme dans la gestion du secteur et de ses différentes activités. L’anarchie constatée dans le transport, plus particulièrement ceux des marchandises et de voyageurs, générant un nombre effarant d’accidents et de décès, nécessite la coordination et la conjugaison des efforts des directions locales et des responsables à tous les niveaux dans une action à mener en commun, a notamment dit le ministre, faisant observer que jusqu’ici, les actions sont restées sans impact notable à faire valoir en raison de leur caractère disparate. Le ministre a de même relevé la saturation du réseau routier, citant en exemple que le transport des ressources minières se doit de transiter, a-t-il dit, non pas par le réseau routier et autoroutier mais par le rail. Le ministre a affirmé que l’Algérie avait besoin d’un système de transport fiable. Certaines wilayas ont plus de problèmes que d’autres et il s’agit plus globalement de réglementer l’activité du transport à tous les niveaux, notamment infrastructures, autorisation d’exploitation de lignes, adoption du permis de conduire à points. Interpellé sur l’hécatombe constatée sur nos routes, Boudjemâa Talaï a souligné, au sujet de la recrudescence des accidents de la circulation et des victimes qu’en fin de compte, c’est une question d’éducation et de formation. Il s’agit d’un comportement auquel il s’agit de faire face et le permis de conduire dont la procédure d’adoption est en bonne voie, est l’une des solutions. L’essentiel de la parade réside dans l’organisation et la règlementation. Au chapitre du transport maritime de voyageurs, le ministre a déclaré que son département se penchait actuellement sur une ligne Annaba-Alger et une autre reliant Oran-Alger. Cependant, il a fait montre de peu d’enthousiasme à généraliser cette activité tout au long de l’année, préférant qu’elle reste limitée à la seule période estivale. La situation dans laquelle se débat actuellement la compagnie Air Algérie a également été évoquée par le ministre. Cette dernière n’est pas à l’abri, à cause de la piètre qualité de services qu’elle propose à sa clientèle, a expliqué le ministre insistant sur les notions de «sérieux» et de «rigueur» que doivent montrer les personnels de la compagnie nationale.
S’exprimant sur la cherté des prix des billets d’avion tel que soulevée par la communauté algérienne établie à l’étranger, le ministre des Transports a préféré minimiser les revendications de nos émigrés, rétorquant que ce n’est nullement une question de cherté du prix du titre de voyage mais de la qualité de service qui leur est offerte. En clair: nos émigrés peuvent se déplacer avec moins de frais à bord des vols charters d’Air Algérie et Tassili Airlines mais en faisant l’impasse sur les avantages d’un vol régulier. Enfin, et à une question portant sur la décongestion de la circulation au niveau de la Capitale, le ministre s’y est pris en deux fois plutôt qu’en insistant sur le concept d’organisation. Sur ce point aussi, il a affirmé que l’extension du métro, y compris terrestre, est l’une des clés pouvant mettre un terme au casse-tête de la circulation dans Alger.
Mohamed Djamel