Le football professionnel lancé en 2010 en Algérie risque d’être confronté à davantage d’obstacles, si des mesures « concrètes et urgentes » ne sont pas prises dans le sens de la rentabilisation des sociétés sportives par actions (SSPA), ont estimé lundi des responsables de clubs des Ligues professionnelles 1 et 2. Des présidents de clubs, rencontrés lors d’une journée d’information sur le football professionnel organisée à la salle de conférences du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, ont également déploré l’absence de « canaux d’échange d’informations » entre les différents acteurs du sport-roi en Algérie. « Il est nécessaire d’assainir la situation financière et fiscale des sociétés sportives par actions (SSPA), pour aller ensuite vers la rentabilisation des entreprises. Sans cela, le projet du professionnalisme subira un cuisant échec », a averti le porte-parole de l’ASO Chlef, Abdelkrim Medouar, dans une déclaration à l’APS. Pour lui, l’apport d’une association des clubs, agissant dans un esprit de solidarité, est judicieux pour donner un nouveau souffle à l’élite footballistique nationale et faire face au « double langage » utilisé par les instances qui gèrent ce projet qui tarde à trouver son rythme de croisière. Un long débat s’est instauré à cette occasion entre les différentes parties présentes : Fédération, clubs, Ligue professionnelle, la caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) et Centre du registre de commerce. Pour le président de l’USM El Harrach, Mohamed Laïb, le professionnalisme en Algérie est « parti du mauvais pied car les SSPA ne peuvent pas être traitées comme une entreprise purement économique. Mais en revanche, elles doivent profiter de mesures d’exonération fiscale limitées dans le temps, pour se construire ». Le ministre des Sports, Mohamed Tahmi accompagné du ministre du Travail de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a ouvert les travaux de cette journée qui devrait permettre aux différents acteurs de mieux comprendre les dispositions du décret 14-368 du 15 décembre 2014, fixant les conditions et les modalités d’octroi des aides et de la contribution de l’État et des collectivités locales aux club professionnels de football. « À partir de 2018, chaque club est appelé à fonctionner selon ses moyens et ressources. L’État continuera à accompagner le football professionnel, mais pas pour longtemps », a déclaré Tahmi dans son allocution d’ouverture.
Les clubs ne cotisent pas pour leurs joueurs
De son côté, le directeur général de la CNAS, Nacer Hamdani, a fait savoir que la majorité des clubs ne payent pas leurs cotisations, malgré le fait qu’ils s’offrent des joueurs à coups de milliards de centimes. « Je vais peut-être vous étonner : les clubs ne payent pas les cotisations. Certains d’entre eux ne reconnaissent même pas le projet du professionnalisme et pourtant ils ont signé le cahier des charges », a-t-il expliqué. « Des clubs ont déclaré seulement cinq joueurs salariés et à ma connaissance une équipe compte au moins 18 éléments. Seul le MC Alger honore ses engagements depuis 2013 », a enchaîné le responsable de la CNAS. Ces précisions n’ont pas été du goût du président de la JS Kabylie, Mohand Chérif Hannachi, qui a quitté la salle furieux. « On ne sait vraiment pas avec qui parler. Lors d’une rencontre qui a réuni le ministre des Sports, le président de la Fédération et les clubs à Sidi Moussa, nous nous sommes entendus pour payer une cotisation forfaitaire de l’ordre de 120 000 DA pour chaque joueur. Maintenant le responsable de la CNAS dit qu’on n’est pas en règle ! », s’est exclamé Hannachi dans une déclaration à la presse.
« On n’est professionnels que par le nom. Nous devons bénéficier d’un statut particulier pour pouvoir gérer le sport et travailler aussi sur la rentabilité en lançant des investissements qui génèrent des ressources financières aux clubs », a souhaité la patron de la JSK. Outre la couverture sociale des joueurs, les organisateurs de cette journée d’information ont invité le directeur de Centre national du registre de commerce (CNRC) pour parler de la nature juridique des Sociétés sportives par actions (SSPA). « Les clubs sont fortement endettés sans avoir réalisé la moindre opération commerciale. Un compte d’activité a été consacré aux sociétés sportives (SSPA, SARL, EURL), mais leur gestion n’est pas suffisamment claire pour pouvoir avancer sur ce plan », a regretté le responsable du CNRC. Le président du WA Tlemcen Abdelkrim Yahla reconnaît la justesse de ce constat souhaitant profiter de ce qui reste de cette période transitoire pour remonter la pente. « Depuis 5 ans nous activons presque dans l’inégalité par rapport au fisc et à la CNAS. Des dettes ont été cumulées ce qui nous empêche d’entamer une activité commerciale. Il faut donc assainir la situation pour pouvoir activer légalement ». Le troisième volet abordé par les participants a trait aux centres d’entraînement des clubs qui sont « prioritaires dans la politique du ministère des Sports » selon Tahmi. Les responsables des clubs seront associés lors des différentes phases de réalisation de ces infrastructures. « Vingt (20) clubs bénéficieront de centres d’entraînement dont 14 de Ligue 1 : l’ASO Chlef, la JS Kabylie, le MC Alger, l’ES Sétif, le CR Belouizdad, l’USM Alger, le MC Oran, le MC El Eulma, le NA Hussein Dey, l’USM El Harrach, l’ASM Oran, le CS Constantine, l’USM Belabès et la JS Saoura. Les six clubs de Ligue 2 qui auront ces infrastructures en concession sont l’AS Khroub, la JSM Béjaia, l’US Chaouia, l’USM Blida et le WA Tlemcen », a détaillé le sous-directeur des investissements au ministère des Sport. Le président de la Ligue professionnelle de football (LFP) était présent à l’ouverture de cette journée d’information. Le Secrétaire général de la FAF Nadir Bouzenad, le président de la commission de discipline Abdelhamid Hadjadj étaient également présents en compagnie de plusieurs présidents ou représentant des clubs évoluant dans les Ligue 1 et 2.