Attentat meurtrier contre «Charlie Hebdo»

L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dans le XIe arrondissement de Paris a été attaqué par des assaillants qui ont ouvert le feu. Selon plusieurs témoins, la fusillade a duré une dizaine de minutes. Puis les assaillants ont pris la fuite, au cours de laquelle ils ont tiré sur des policiers. Le bilan s’élève à douze morts dont les caricaturistes les plus en vue de l’hebdomadaire Cabu, Charb, Wolinski et deux policiers. C’est l’attentat le plus meurtrier qu’ait jamais connu la France. Il intervient dans un climat de tension alimentée à succès Houlbecq qui anticipe dans un livre paru le même jour que l’attentat une France islamisée et soumise à l’islam et aux musulmans.
Deux ou trois hommes armés ont pénétré hier matin vers 11h30 dans les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dans le XIe arrondissement de Paris et ont ouvert le feu. Selon plusieurs témoins, la fusillade aurait duré une dizaine de minutes. Puis les assaillants ont pris la fuite, au cours de laquelle ils ont tiré sur des policiers. Le bilan s’élève à douze morts dont deux policiers, quatre personnes sont dans une situation d’«urgence absolue».
C’est l’attentat le plus meurtrier qu’ait jamais connu la France.Au delà de la gravité de cet attentat non revendiqué mais qui porte la marque de professionnels, la France ou selon François Hollande on a déjà déjoué plusieurs attentats est-elle en train de subir les retombées de sa lutte implacable contre le terrorisme et ses interventions militaires au Sahel et au Proche-Orient .D’un autre côté et si aucune partie n’est encore officiellement mise en cause dans l’attaque armée contre le siège de l’hebdomadaire satirique français Charlie Heddo, tous les doigts sont insidieusement pointés vers la communauté musulmane établie en France. La levée de boucliers s’exprime d’ores et déjà par les premières réactions, dont celle de l’écrivain notoirement islamophobe, auteur d’un ouvrage qui fait polémique ces derniers jours en France, Michel Houlbecq. Toutes les analyses vont faire le lien entre «la guerre de croisades» déclarée par le journal satirique de Philipe Vall aux musulmans et à leurs symboles sacrés, par la publication notamment des fameuses caricatures blasphématoires du prophète Mohammed, à partir de 2006. Cet hebdomadaire s’est fait, depuis, le porte-étendard des idées d’une certaine extrême droite française, s’attaquant tout à tour à Dieudonné, aux manifestants pro-palestiniens, et brocardant systématiquement la communauté maghrébine, particulièrement algérienne, comme lors de l’affaire Merah, en mars 2012, et aussi à l’occasion des manifestations de joie des supporters de l’équipe algérienne de football au mondial du Brésil en juin dernier.
Autant d’«arguments» qui seront mis en avant pour justifier la mise en cause de cette communauté. Il faut donc bien s’attendre à une exacerbation rapide des discours xénophobes et islamophobes en France, y compris au sein du gouvernement et de la majorité qui, souvent en pareille situation, font dans la surenchère politicienne pour éviter «une érosion de voix» dans leur camp. Cet attentat va, par ailleurs, galvaniser des organisations ultranationalistes ou pro-sionistes, à l’image de la Ligue de défense juive (LDJ), la Licra ou le Crif, qui ont déjà maille à partir avec les musulmans et qui vont, désormais, s’acharner pour exiger la censure et une plus grande marginalisation des porte-voix de cette communauté, au nom de la lutte contre les actes antisémites.
Pour eux, l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo en est un. Dans les milieux officiels de la représentation des musulmans de France, on aura le même spectacle d’autoflagellation qui n’aidera pas non plus à réduire le fossé qui va davantage se creuser entre la communauté musulmane dans son ensemble et le reste des Français, soumis plus que jamais à la montée des discours racistes et anti-musulmans.Pour le moment les associations anti-racistes appellent à éviter les amalgames, le président de la Licra Alain Jakubowicz estimant qu’«il va être de plus en plus difficile d’être musulman dans notre pays, et ce n’est pas une bonne nouvelle». «La crainte est grande de voir de nouveau l’islam désigné comme à l’origine de cette monstruosité», a affirmé le président de la Lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), en faisant part de son «effroi».
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’instance représentative de la première communauté musulmane d’Europe, a quant à lui condamné «avec la plus grande détermination» un acte «barbare», «contre la démocratie et la liberté de la presse».
De son côté, l’Union des organisations islamiques de France(UOIF), proche des Frères musulmans, a condamné «de la manière la plus ferme cette attaque criminelle et ces horribles meurtres».
Mokhtar Bendib