La sécheresse n’est plus une fatalité. Du moins, elle ne peut plus sévir avec ce caractère implacable que nous lui connaissions par le passé. Elle ne peut plus apporter la ruine complète. Désormais, des moyens existent pour lutter contre elle avec un certain succès. Le directeur de la Coopérative des céréales et des légumes secs, en l’occurrence Mourad Naïli, que nous avons rencontré dernièrement dans son bureau, en est persuadé, et pour nous convaincre à notre tour du bien-fondé de la stratégie mise en place à cet effet, il se livre à une comparaison, chiffres à l’appui.
Comment éviter les aléas climatiques
Notre interlocuteur remonte à cette période de sinistre mémoire, où la pluviométrie enregistrée entre 2000 à 2002 fut la plus faible. L’inquiétude suscitée par le stress hydrique ayant sévi était telle que l’eau provenant du seul barrage de oued Lakhal d’une capacité avoisinant les 30 millions de m3, mais descendu à son plus bas niveau, d’où les autorités compétentes avaient décidé d’en limiter l’usage à la seule consommation.
C’était le temps aussi où la nappe mise à mal par les forages et le puits, limitait le fanage. Dans ces conditions météorologiques extrêmes, la céréaliculture a été durement frappée. D’un million et demi de quintaux prévus, si ce n’est plus, la production est tombée à 50 000 quintaux. Ce chiffre est avancé par notre interlocuteur. Les prévisions tablaient sur près de deux millions de quintaux. Etant donné le caractère cyclique de cette calamité naturelle, l’année 2013-2014, qui a connu le même phénomène, aurait les mêmes causes produisant les mêmes effets, obtenu, en principe, la même production. D’où selon le responsable de la CCLS, celle-ci enregistre 500 000 quintaux, soit cent fois plus qu’en 2001 ou 2002.
Pour le responsable de la Coopérative, l’explication résidait dans le respect de l’itinéraire technique. Qu’est-ce à dire ? Que la corporation des agriculteurs a acquis une grande expérience dans le travail de la terre et une connaissance tout aussi grande dans l’étude du climat. Coordonnant leurs efforts en fonction de ces deux paramètres (la terre et le climat), ils labourent profondément, engraissent la terre aux moyens de fertilisants, utilisent à bon escient les désherbants, en d’autres termes en dehors des journées pluvieuses…Le reste dépend d’une bonne année où les précipitations sont réparties de façon à éviter aux jeunes plants les méfaits d’un soleil trop ardent.Résumons : labours profonds, engrais conséquents, désherbage méthodique, voilà ce que notre responsable appelle un bon itinéraire technique, qui n’oublie pas les produits phytosanitaires pour détruire les maladies cryptogamiques, telle que la rouille jaune. Il y a deux ou trois ans de cela, elle a compromis gravement la production, notamment du blé tendre. Ce qu’il faut préciser, c’est que le taux de l’humidité de l’air due au trois barrages qui encadrent la wilaya : Tilzdit(167 millions de m3) à l’est, Koudiet Acerdoune (640 millions de m3) au nord et Lakhal (29 et quelques), au sud- ouest, s’il atténue le stress hydrique développe les maladies cryptogamiques. La science des céréaliers a fort avancé dans ce domaine et la parade existe grâce aux produits phytosanitaires existant en grand nombre et à bon marché.
Cette science ne cesse de faire des adeptes grâce aux journées de vulgarisation. L’année passée, la CCLS avait organisé une vingtaine en collaboration avec la DSA et la chambre d’agriculture, selon notre interlocuteur. Notre interlocuteur poursuit sa comparaison, une méthode qui lui donne raison sur toute la ligne. D’abord concernant la production céréalière qui lui a permis de montrer que celle-ci évolue d’année en année de façon positive et constante. Même en période de sécheresse, elle reste satisfaisante. L’exemple concernant la fourniture de la semence et des engrais s’inscrit dans la même tendance haussière. Pour l’année 2013-2014, la CCLS a livré 70 767,50 quintaux, toutes céréales confondues, y compris l’avoine et les pois chiches, contre 76 199 quintaux pour l’année en cours. On ne manquera pas, en écoutant attentivement le responsable de cette coopérative, de remarquer que si le blé dur (62 625 quintaux pour 2014-2015 contre 55 918 quintaux pour 2013-2014), le blé tendre (7 446 quintaux contre 6 854 quintaux) et l’orge (5 812 quintaux contre 5 638 quintaux), les livraisons sont en augmentation, il reste que pour l’avoine, en dépit de l’accroissement du cheptel dans notre wilaya et dans tout le pays, constate un net recul. En effet, la fourniture de la semence fourragère passe de 2 154 quintaux, pour l’année écoulée à 2 51 quintaux pour cette année. La production des pois chiches n’est pas davantage encouragée. En effet, la livraison de la semence de ce légume sec tombe à 60 quintaux cette année contre 50 l’année dernière. Interrogé sur la production d’autres légumes secs comme les lentilles et les fèves, dont le pays est un grand consommateur il indique que la coopérative laisse le soin et la liberté aux agriculteurs de les produire ou non. Concernant les engrais de couverture, le directeur de la CCLS, se livrant à la même méthode comparative, fait savoir que là encore, il y a des progrès. Si du 1er septembre 2013 au 30 avril 2014, sa coopérative a livré 23 227 quintaux d’engrais, pour l’année en cours, c’est-à-dire depuis le 1er septembre 2014 au 08 décembre, mois courant, elle a livré 21 875 quintaux, un chiffre qu’elle compte dépasser largement dans quatre mois. Quoi qu’il en soit, la CCLS, tirant les leçons du passé période de vaches maigres fait régnant à ce niveau d’intolérables tensions tant sur les semences que sur les engrais, a pris toutes les dispositions pour satisfaire la demande de plus en plus forte et pressante des agriculteurs au moment où tout se joue pour une bonne année agricole. D’ailleurs, c’est dans cette optique que s’inscrivent les prestations de service offertes par la CCLS au profit des quelque 15 000 agriculteurs et qui connaissent, elles aussi, une évolution positive, le tout à des prix défiant toute concurrence. Exemple : la CCLS a permis, pour l’année écoulée, d’effectuer avec son matériel (charrues, tracteurs, semoirs, botteleuses, camions, moissonneuses et autres machines agricoles) 1509,45 heures sur une superficie estimée à 1604,80 ha. Pour l’année en cours, elle a déjà fourni 2018 heures sur une superficie de 915,68 ha.
Tout concourt à montrer que les services de la CCLS s’améliorent de façon significative. Les dernières pluies semblent, elles, augurer d’une année florissante.
Ali D.