Les efforts et les appels pour une solution politique par un processus de dialogue inter-libyen peinent à traduire d’une manière effective l’essor de ce dialogue escompté, notamment par les citoyens libyens. Des acteurs sur la scène nationale en Libye aidés par l’action d’acteurs régionaux et internationaux persistent, dans leur folie meurtrière, à prendre en otage le destin du peuple libyen, de la Libye ainsi que l’ensemble de la région.
Si au départ de l’avènement de la crise libyenne, en 2011, les appels à promouvoir la solution politique dans ce pays, d’acteurs libyens, régionaux et internationaux sont demeurés lettre morte pour laisser place à un scénario de guerre avec l’intervention de l’Alliance atlantique (OTAN), il est à se demander pourquoi les efforts actuels peinent à asseoir le dialogue inter-libyen ? Après une série de rencontres devant réunir les conditions et les chances de réussite de ce dialogue, s’en est suivi des appels d’acteurs à l’intervention en Libye. La rencontre dans la capitale soudanaise, Khartoum, des ministres des affaires étrangères des pays voisins à la Libye, succédant à celle d’Addis-Abeba sur la question libyenne, initiée par le Comité de paix et de sécurité de l’Union africaine, ont eu le mérite de réaffirmer le règlement de la situation chaotique en Libye par le dialogue inter-libyen. Outre cette position réaffirmée, la rencontre en question, tenue début décembre, les participants ont décidé que la république du Soudan, présidente en exercice du mécanisme des pays voisins de la Libye adresse un message de soutien et de solidarité aux efforts en cours en direction du dialogue inter-libyen. Les ministres se sont mis d’accord, pour rappel, au terme de leur réunion à Khartoum, sur le maintien du mécanisme des pays voisins de la Libye, en cas de rencontres ininterrompues pour le suivi des concertations autour des développements libyens. Aussi, les ministres des pays voisins de la Libye ont convenu de se réunir à N’djamena, Tchad, « à une date qui sera ultérieurement fixée ». Sur un autre registre, bon nombre d’observateurs de la scène libyenne, s’interrogent sur les visées escomptés par la tenue des dirigeants des cinq pays, connus sous l’appellation des « G5 du Sahel » -Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger- de leur réunion sur la crise libyenne, décembre courant. Ces pays se sont attelés à lancer un appel aux Nations unies, pour la mise en place d’une force internationale, en mesure selon le président tchadien «de neutraliser les groupes armés» en Libye. Déclarant par ailleurs «il n’y a que l’Otan qui a les moyens» pour intervenir en Libye, à partir de la Capitale sénégalaise, lors de la réunion du -G5 du Sahel-. En appelant à la formation d’une force internationale et en invitant peu de temps après l’Otan «à intervenir» en Libye, donc à ré-intervenir, puisque l’alliance atlantique est intervenue déjà pour précipiter la chute de feu Khadafi, le président Tchadien affiche sa préférence pour les actions militaires que celles du dialogue et la voie diplomatique. Assurant la présidence tournante du Conseil de sécurité, en cette période, le président tchadien, espère peser et pousser le débat au sein du Conseil de sécurité, vers l’utilisation l’usage de la force dans le traitement de la question libyenne. Ce qui n’est pas à l’ordre du jour au regard, outre de l’impact de la crise économico-financière des pays occidentaux, limitant l’action militaire de l’Otan, en plus des dépenses en cours dans l’action de l’Alliance militaire dans sa lutte contre Daech. Ceci étant, certains s’interrogent même sur les raisons réelles à l’origine de l’appel du président tchadien, lesquelles sont en opposition aux efforts en cours des acteurs régionaux et internationaux en faveur du dialogue inter-libyen. Certains observateurs de la scène régionale et africaine se demandent même si l’approche du président tchadien lui a été suggérée, notamment par des responsables français, au regard des relations entretenues, depuis plus de 25 ans, entre Idriss Deby et Paris. Sur le terrain les combats se poursuivent entre les forces libyennes du gouvernement, issu des dernières législatives et reconnu par la communauté international et les groupes islamistes. Des raids ont été menés, pour rappel, par les forces gouvernementales dimanche dernier, contre des milices islamistes armées, dans l’est de la Libye. Deux grands ports pétroliers de la région, Es Sider et Ras Lanouf, sont attaqués depuis une semaine par des troupes alliées à la milice islamiste de « Fejr Libya (Ndlr : l’Aube libyenne)». Les forces loyalistes, fidèles au Premier ministre Abdullahal Al Thinni, on réussi à établir une ligne défensive à l’aide de chars et de camions équipés de canons anti-aériens à une dizaine de km à l’ouest du terminal. «Nous coordonons avec les forces aériennes et les gardes-côtes» a déclaré un commandant local. Notons que les deux terminaux d’Es Sider et Ras Lanouf, d’où sont exportés quelques 300 000 barils de pétrole par jour, ont fermé en raison des combats.
Karima Bennour