Les Dominique de Villepin, Ségolène Royal ou encore Benjamin Stora, ces voix sages françaises qui ont appelé à la désescalade avec l’Algérie, devraient se saisir de « la main tendue » du parti politique algérien. Le Rassemblement national démocratique a organisé lundi soir à Alger une Conférence-débat autour des Accords d’Évian, dont le texte signé entre l’Algérie et la France a ouvert la voie à l’indépendance de notre pays. Il a été question, pour le parti, de donner lecture à toutes les dimensions de cet accord conclu le 18 mars 1962. Alors que nous sommes à une semaine de la célébration de la Fête de la Victoire, le 19 mars prochain qui a consacré le cessez-le-feu de 1962, cette conférence intervient en pleine crise entre les deux pays. C’est la plus grave depuis l’indépendance, selon les historiens et les spécialistes des relations internationales. À cette occasion, le secrétaire général du RND, Mustapha Yahi, a pris la parole en joignant d’emblée l’utile à l’agréable. Car, il a abordé les Accords d’Evian sous le prisme de la présente crise entre l’Algérie et la France. Le chef du RND a commencé par dire que le fameux document historique, n’était pas un simple traité international, mais plutôt le fruit d’une glorieuse Guerre de libération nationale, que le peuple algérien a menée avec courage et détermination pour accéder à son indépendance. C’est le cas de le rappeler à cette France qui continue à verser dans le déni de son passé colonial. L’Indépendance de l’Algérie a été arrachée au prix d’un million et demi de chouhada. Cette guerre de libération, qui représente « l’une des plus belles pages de la lutte contre le colonialisme brutal », rappelle Yahi. « Les Accords d’Évian n’étaient pas seulement un cadre pour réguler les relations entre l’Algérie indépendante et la France, mais ils étaient plutôt le point culminant d’une longue histoire de lutte, de résistance et de lutte », a-t-il recadré le débat sur le texte fondateur, pour ainsi dire, des relations entre les deux pays. Au-delà de sa dimension politique, cet accord « incluait également les aspects économiques et sociaux », explique Yahi, ajoutant que le texte « définissait et établissait les caractéristiques des relations entre l’Algérie indépendante et la France dans divers domaines. » Autrement dit, les Accords d’Évian constituaient « la pierre angulaire des relations entre l’Algérie et la France », résumet-il à ce sujet.
POUR LE BIEN DES PEUPLES ALGÉRIEN ET FRANÇAIS
Le patron du RND a ensuite enchaîné avec la crise algéro-française qui profite au courant de l’extrême droite dont les figures notoires, les plus racistes et les « algérophobes », ont mené une campagne violente contre l’Algérie. À tous les politiques héritiers de l’OAS, qui sont aujourd’hui allergiques à « l’Algérie algérienne », le chef du RND a vite choisi sa cible. « Certains responsables politiques français, notamment d’extrême droite », a-til pointé du doigt ceux qui tentent de cantonner les accords de 62 à la dans la seule dimension qui concerne la réglementation de la circulation entre les deux pays. Ce qui est, pour le RND, une « exploitation politique hostile de la part de l’extrême droite, qui élude la vérité historique et le contexte politique, économique et social du contenu des Accords d’Evian. » Devant cette campagne anti-algérienne, le RND « rejette le langage du chantage, du marchandage et des pressions employées par l’extrême droite et ses porte-plumes médiatiques en menaçant de revoir l’accord de 1968, vidé de son contenu et ne comportant aucun privilège pour les Algériens. » Ceci dit, le RND ne met pas tout le monde dans le même sac. Il distingue les figures et responsables politiques français respectueux de l’Algérie et ceux qui assument leur haine de l’Algérie, comme l’actuel ministre français de l’intérieur, Bruno Retailleau pour ne pas le nommer, qui continue à alimenter l’escalade. Contrairement à celui-ci, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, l’ancienne ministre, la socialiste Ségolène Royal ou encore l’historien Benjamin Stora, devraient apprécier l’initiative du parti algérien. Le RND, à savoir, qui tend la main à toutes les voix sages qui respectent l’Algérie et appelle à l’apaisement. Pour le bien des peuples algérien et français. Et, par ricochet, cet appel est à rebours de la politique raciste des figures de l’extrême droite qui alimentent les tensions entre l’Algérie et la France.
Farid Guellil