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GRÈVE DES ÉTUDIANTS DU 19 MAI 1956 : Quel défi pour les jeunes générations

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L’action historique menée par des étudiants le 19 mai 1956 demeure le témoin du degré élevé de leur conscience politique durant la période cruciale de lutte armée pour le recouvrement de l’Indépendance de l’Algérie. Une action qui représente, aujourd’hui, un défi pour les étudiants en particulier et pour les jeunes générations de manière générale.
En choisissant de sacrifier leur avenir scientifique et professionnel et en proclamant leur adhésion irrémédiable à la cause de leur peuple, les étudiants algériens ont signifié, à cette époque, leur engagement dans la lutte pour la libération de leur pays. Ils ont, ainsi décidé de rallier les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), battant ainsi en brèche la thèse colonialiste présentant la Révolution algérienne comme un simple fait de rébellion d’une bande de marginalisés.
C’était là un tournant dans l’histoire du mouvement national pour l’Indépendance et de la glorieuse Révolution du 1er novembre 1954, déclenché deux ans auparavant par une autre poignée de cette jeunesse dévouée à sa partie. Ce tournant était le prolongement de la création, en 1955 à Paris, de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema). Cette organisation estudiantine a compté d’illustres noms de la glorieuse révolution, dont certains sont tombés au champ d’honneur comme Taleb Abderrahmane, Amara Lounis, Ben Zerdjeb, Ben Baâtouche et biens d’autres.
Le Congrès constitutif de l’Union avait notamment conclu à l’impératif pour l’étudiant algérien d’assumer ses responsabilités historiques vis-à-vis de la lutte que mène son peuple. Au mois de mars de l’année suivante, le 2e congrès tenu à Paris a exigé de la France l’Indépendance inconditionnelle à l’Algérie, la libération des détenus et l’ouverture de négociations avec le Front de libération nationale. Face à l’intransigeance des autorités coloniales et leur persécution contre les étudiants, l’Ugema a organisé une réunion à Alger où a été émise l’idée d’une grève ouverte. Une deuxième réunion, tenue juste après, a vu l’annonce de l’abandon des bancs de l’école partout en Algérie et le ralliement des rangs de la lutte armée.
Ce fut un coup dur pour les autorités coloniales qui misaient sur l’assimilation de l’élite algérienne. Ainsi, l’engagement des étudiants et lycéens dans l’action politique et armée a été une valeur ajoutée pour l’ALN. Dès leur ralliement des rangs de la lutte, ils se virent confier des missions à différents niveaux.
À ce propos, la moudjahida Leïla Etayeb, qui avait rejoint les compagnons d’armes dans la wilaya V, avait témoigné que certains étudiants, à l’instar de Mohamed Seddik Benyahia et Mhamed Yazid, avaient contribué à faire connaître la cause algérienne en représentant le FLN à l’étranger, tandis que d’autres avaient rejoint le maquis pour prodiguer les soins aux moudjahidine, à l’exemple de la chahida Zoubida Ould Kablia. D’autres encore ont assumé les missions de lancement de la radio « Saout El-Djazaïr », la collecte d’informations et l’organisation d’un réseau de communication entre les différentes unités et leurs commandements.
Aujourd’hui, le défi  pour nos étudiants et nos jeunes est à se faire une place dans la vie politico-institutionnelle du pays, à contribuer à la relance de la machine économique productive, dans tous les domaines, avec l’exploitation des nouvelle, technologies, se débarrasser de la mentalité rentière et des pratiques maffieuses.
À ce titre, l’université algérienne doit être à l’avant-garde pour faire de cet héritage un exemple à suivre. Si, durant la période postindépendance, elle était le berceau des idées progressistes et a réussi à former des élites politiques et intellectuelles qui ont encadré la société et contribué au développement et à l’édification du pays, son rendement a nettement régressé depuis plusieurs années.
Depuis deux ans, on assiste à une révolution estudiantine pacifique déclenchée à l’occasion du Hirak populaire de 2019, perçue comme étant l’aboutissement logique de tout ce parcours semé d’embûches et riche en sacrifices. Les étudiants sont, ainsi, déterminés à accomplir, comme leurs aïeux, leur mission d’avant-garde du peuple algérien. À travers ce mouvement, toute la communauté universitaire doit être en mesure de se doter d’une organisation nationale qui portera les aspirations démocratiques des Algériens (politiques, économiques et sociales). Elle doit être un cadre légal pour une participation collective de la société à la gestion du pays et assurer un contre-pouvoir. Cette communauté aura aussi la lourde responsabilité de construire des ponts avec les autres franges populaires mobilisées dans le mouvement national, à l’instar des travailleurs, des chômeurs et du mouvement associatif pour édifier réellement cette nouvelle Algérie.
Lyes Ayoub

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