Accueil ACTUALITÉ 49E VENDREDI DE MOBILISATION : Le Hirak n’oublie pas ses détenus

49E VENDREDI DE MOBILISATION : Le Hirak n’oublie pas ses détenus

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Le Hirak semble plus que jamais déterminé à réunir les « siens ». Au 49ème vendredi de la mobilisation, les portraits des détenus, en plus des banderoles et des pancartes s’apparentant parfois à des programmes de sortie de crise, sont, en effet, largement brandis. Aucun – du moins les « classiques » – n’est oublié. Karim Tabou, Samir Belarbi, Fodil Boumala, Rachid Nekkaz, Mohamed Baba Nedjar et bien d’autres ont défilé au-dessus des foules qui scandaient leurs noms.

Un manifestant, habitué à commencer sa « marche » hebdomadaire à partir des hauteurs de la Rue Didouche Mourad, déplore le fait que le président de la République « n’a donné aucun signe dans ce sens au Hirak ». « Ça aurait été peut-être un bon début pour une prétendue politique de la main tendue », dit-il avant de condamner ce qu’il appelle « une tentative d’éprouver économiquement les Algériens pour qu’ils renoncent à vouloir changer le régime en place ». Un autre, prenant la parole énergiquement, est revenu sur les propos de Soufiane Djilali sur les détenus. Ce dernier avait pourtant assuré qu’on les avait, souvent intentionnellement, déformés. « Et on nous demande pourquoi on continue à sortir », tonna le manifestant qui s’est empressé d’ajouter : «c’est pour un État de droit où les citoyens ne seront pas emprisonnés suite à des coups de fil avant que des politiciens viennent nous dire que c’est tout à fait normal ». Le collectif national pour la libération des détenus était, comme à ses habitudes, au rendez-vous. Entonnant, entre autres, des slogans hostiles au régime, ils brandissaient une banderole où figuraient les prisonniers dont certains sont déjà libérés…
Mais au commencement était le calme. Rue Didouche Mourad. 13h 40. Une heure auparavant, les forces de l’ordre avaient arrêté deux manifestants (un jeune et un homme d’un certain âge) du côté de la rue Victor Hugo. Et au jeune de scander en se dirigeant presque calmement vers le véhicule de police : « Dawla madania, machi askaria » (État civil, non militaire !). Et à la foule qui commençait à se former de répliquer : « Dawla madania, machi askaria »…

Les espaces de plus en plus réduits
13h 40, donc. Fin de la prière du vendredi. La rue Victor Hugo s’emplit brusquement de monde. Aussi de drapeaux. Aussi de pancartes. Elle (la rue Victor Hugo) déversa son « contenu » dans la rue Didouche qui commençait déjà à devenir noire de monde. Et, outre les slogans qui exigeaient la libération des détenus, l’on a scandé en chœur : « Djabou l’mzouar, djabouh el askar, makache chraiia, chaâb t’harar, houa li yekarrar, dawla madania » (ils ont installé un faux, les militaires l’ont désigné, pas de légitimité, le peuple s’est libéré, c’est lui qui décide, État civil). Ou : « koulna el issaba t’rouh » (on a dit que la bande va partir). Ou encore : « mat’khoufounache bel’âachria wa h’na rebatna el’miziria » (vous n’allez pas nous faire peur avec la décennie noire, nous qui avons grandi dans la misère). Les forces de l’ordre, dont le nombre était impressionnant, ont eu aussi leur part de remontrances : « Policia, bravo alikoum, el issaba t’ftakhar bikoum » (policiers, bravo ! la bande doit être fière de vous)… Le tout sous les bruits des deux hélicoptères auquel le ciel algérois de vendredi s’est habitué. Et des pancartes. Et des banderoles. À gogo. Comme à l’accoutumée. « Pour la gloire de nos martyrs. L’Algérie n’est pas à vendre. Halte à la trahison », peut-on lire sur une pancarte. « Arrêtez vos mensonges », a écrit un manifestant. « Mon Hirak se poursuivra jusqu’à ce que l’Algérie se stabilise », a écrit un autre.
Et des chants. « Min djibalina talaâ sawtou el ahrar younadina… » (De nos montagnes s’est élevée la voix des hommes libres…), commença une femme d’un certain âge. Et une foule, derrière elle, lui « emboîta le pas ». « Ya Ali, baaouha ! » (Ali, ils l’ont vendue !), lança une petite d’à peine 12 ans. Spontanément. À gorge déployée. Elle était belle. Splendide. Surtout dans le drapeau qui l’enveloppait : le drapeau de l’Algérie…
15h. L’heure de la rencontre des foules : celle descendant de la rue Didouche Mourad, celle venant de Bab El-Oued et celle venant du côté Hassiba. Elles avançaient dans les rues d’Alger rétrécies d’un côté et d’autre à l’aide des nombreux véhicules de police. Et les espaces de marcheurs se réduisent. Comme peau de chagrin. Mais il fallait bien continuer à marcher. Il fallait bien que le 49ème vendredi ait son lot de mobilisation…
Hamid F.

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