Au moment où le pouvoir s’accroche à la solution constitutionnelle pour la sortie de la crise, les propositions, quant à cette impasse, affluent de toutes parts, surtout que le refus des élections est incontestablement exprimé par la rue.
C’est le cas de l’ancien diplomate et ministre, Abdelaziz Rahabi, qui a appelé à « faire une lecture flexible de la Constitution pour servir les intérêts du peuple». Dans un entretien accordé à l’APS, l’ancien diplomate a considéré que « nous sommes aujourd’hui otages de cette Constitution incapable de définir une issue à la crise qui sévit en Algérie, ce qui nous interpelle fortement quant à la nécessité de faire une lecture flexible de la Constitution, à même de servir les intérêts du peuple ». Selon ses dires, « la conjoncture que traverse le pays nécessite de rester dans l’esprit de la Constitution et non pas son texte, et de recourir à une lecture flexible à même de servir les intérêts du peuple et permettre une sortie de la crise».
Affirmant que cette impasse politique était «prévisible»,le diplomate a expliqué que «l’article 102 de la Constitution ayant été évoqué à lui seul et n’ayant pas été accompagné d’une initiative politique, alors que l’appel à la nécessité d’appliquer les deux articles 7 et 8 avait pour but de stimuler la volonté populaire en raison du désintérêt affiché vis-à-vis de la participation aux élections ». Estimant, de surcroît, que la Constitution en Algérie a toujours été sollicitée depuis l’indépendance pour se maintenir au pouvoir, Rahabi a indiqué que la loi suprême du pays «manque de mécanismes susceptibles de résoudre les problèmes et les crises», ce qui signifie «la nécessité d’aller vers une Constitution qui assure l’équilibre des pouvoirs».
Élections ou pas le 4 juillet : Seul le Conseil constitutionnel peut trancher
En ce qui concerne la revendication du report de l’élection présidentielle prévue le 4 juillet, l’ancien diplomate a indiqué que « c’est au Conseil constitutionnel qu’incombe la responsabilité d’attester de l’impossibilité d’organiser cette échéance, étant une décision inscrite au titre de ses prérogatives ». Il a indiqué, à ce titre, que « le rôle du Conseil constitutionnel a été réduit en Algérie, au fil des années », ajoutant que « ce Conseil peut jouer aujourd’hui un rôle pivot pour la sortie de la crise actuelle en émettant un avis constitutionnel (Fatwa) dans ce sens ». S’agissant de l’attachement de l’Institution militaire à la tenue de cette échéance et son appel à accélérer l’installation d’une Instance indépendante chargée de l’organisation et de la supervision de cette élection, Rahabi a précisé que cette position relevait de « son rôle constitutionnel », au motif que l’Institution militaire était fortement impliquée en politique du fait de la crise, ajoutant qu' »il est, toutefois, impossible d’organiser cette échéance en l’absence des conditions adéquates ». Concernant l’absence de dialogue entre le Pouvoir et les forces de l’opposition qui rejettent la Conférence à laquelle avait appelé le Chef de l’État, Abdelkader Bensalah, Rahabi a affirmé qu' »il est impossible de négocier avec un président dont les prérogatives sont limitées, et qui exerce ses missions pour une durée déterminée », rappelant que la rencontre en question devait aborder, exclusivement, les mécanismes de création d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections. L’ancien ministre a rappelé avoir appelé en tant qu’opposant à la création d’une instance indépendante de l’administration. « Il existe une grande résistance au changement en Algérie, au sein même de l’État, parmi les forces politiques et certaines élites auxquelles la consécration de la transition démocratique ne profiterait pas », a-t-il constaté.
Par ailleurs, Rahabi a salué la poursuite en Justice des personnes impliquées dans des affaires de corruption, pour peu qu’elle ne soit pas sélective ou conjoncturelle.
Lamia Boufassa