Les Algériens s’apprêtent à descendre dans la rue demain pour la 14e fois depuis le 22 février pour manifester pacifiquement contre le système. Alors que le pouvoir tente, avec difficulté, de convaincre la rue du bien-fondé de l’issue constitutionnelle à la crise, à travers le maintien des élections pour le 4 juillet prochain, les citoyens sont de plus en plus déterminés à demander le départ des figures du système, ainsi que la mise en place d’une période de transition. Ainsi, après la répression des étudiants de mardi dernier, la mobilisation s’annonce massive, et ce, malgré la pénibilité des marches durant le mois sacré du Ramadhan. Plus rien ne semble en mesure d’arrêter le mouvement populaire, en ce vendredi qui sera le troisième depuis le début du mois de carême. Ni les discours en haut lieu, ni les multiples affaires de corruption déclenchées par la justice n’ont pas, pour l’heure, arrêté cette volonté chez les Algériens et leur détermination à aller jusqu’au bout de leur révolution pacifique. D’ailleurs, comme un avant-goût de la journée de demain, les étudiants se sont rassemblés, hier, au niveau de la Fac centrale pour dénoncer la répression dont ils ont été victimes mardi. Du côté de Rouiba, la protestation était, également, au rendez-vous, ou une foule importante s’est rassemblée devant le stade du 1er Novembre pour la marche de l’UGTA contre le système et Sidi Saïd. Et la protestation ne s’est pas limitée à Alger. En effet, plusieurs syndicalistes UGTA ont observé, hier, un rassemblement réclamant le départ de Sidi Saïd, au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou. Autrement, seule la rue donnera, demain, sa réponse au discours du chef d’état-major de l’ANP qui avait exprimé son attachement à la tenue des élections présidentielles. Des élections qui ont été, toutefois, rejetées par la rue. Reprenant ses discours politiques, le chef d’état-major de l’ANP avait déclaré que : « la tenue des élections présidentielles mettra un terme à tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise». Selon lui, «il est certain que l’étape principale serait d’accélérer la création et l’installation de l’instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections ». Également, il n’a pas manqué de mettre en garde contre ce qu’il qualifie, depuis le début de la révolution pacifique, de «conséquences désastreuses du vide constitutionnel ». Hier encore, le chef d’état-major de l’ANP a prononcé un nouveau discours, dans lequel, il a assuré que «la libération de la justice de toutes les formes de contraintes, de diktats et de pression lui a permis d’exercer ses missions en toute liberté, de couvrir la plaie et d’assainir le pays de la corruption et des prédateurs ». Toutefois, il a considéré que « les porte-voix et les apôtres de la bande tentent de saborder cette noble démarche par la désinformation de l’opinion publique nationale et prétendre que le jugement des corrupteurs ne constitue pas une priorité, mais il y a lieu de le suresoir jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République qui se chargera de juger ces prédateurs ». Reste à savoir comment ce discours sera analysé par le mouvement populaire pacifique qui ne perd pas de force avec le temps. En effet, les Algériens marcheront-ils massivement encore une fois pour exprimer leur rejet du système, ainsi, que le départ de ses symboles et le changement ? Ainsi, trois mois se sont, d’ores et déjà écoulés, depuis le début du mouvement et la rue ne semble guère prête à lâcher de lest.
Lamia Boufassa