Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, a affirmé que les réunions entre les syndicats du secteur de l’Éducation et les responsables du secteur «n’ont pas abouti à la prise de décision concrète quant au règlement des questions en suspens» a-t-il souligné, hier, animant le Forum du Courrier d’Algérie. Pour le conférencier «s’il y a dialogue, sur nos revendications, les décisions doivent être accompagnées par un calendrier précis pour leur traduction» avant d’ajouter «que nous ne dialoguons pas pour dialoguer» a-t-il lancé.
Pour éviter au secteur de l’Éducation des situations de protestations et de mouvements de grève, donc, pour le responsable du SNAPEST, il faut que la voix du dialogue avec la tutelle permette de dégager outre les perspectives de solutions aux revendications socio-professionnelles soulevées, mais aussi, a-t-il souligné, « un planning de leur traduction effective sur le terrain», ce qui mettra fin, selon lui, à «des rounds de discussions avec la tutelle sans suite, à l’origine de notre recours à la grève», a indiqué Meziane Meriane. Sur l’état des lieux du secteur de l’Éducation, qui peine à accomplir ses missions : l’apprentissage des langues, de l’écriture et le calcul, pour le cycle primaire outre dispenser le savoir et la connaissance, à travers les trois cycles.
Pour l’invité du Forum, il relève que «c’est seulement 15% du budget de fonctionnement, alloué à l’Éducation qui va au volet pédagogique» ce qui n’est pas, souligne Meziane Meriane «sans impacts sur la qualité de l’enseignement» en plus des problèmes épineux auquels est confronté le secteur, citant, à titre d’exemple la surcharge des classes, le manque d’enseignant ; d’où le recours à des heures supplémentaires, l’absence de formation de l’enseignant. Une situation dans laquelle baigne le maillon fort de la chaîne du système éducatif : l’enseignant, en l’occurrence, lequel «porte des revendications d’ordre socio-professionnelles», qui sont renvoyées «aux calendes grecques», selon l’expression de celui qui connaît les tables de discussions et de dialogue avec la tutelle, depuis 2003. Déplorant la qualité de l’enseignement, dans nos établissements scolaires, au vue des résultats obtenus par les élèves outre le recours, des parents de ces derniers aux cours privés qui, pour notre invité «se font dans des conditions lamentables» ayant un seul but, le gain financier récolté par cette activité qui, faut le souligner, échappe à tout contrôle et règlementation. Le responsable du SNAPEST réitère la proposition de «la réévaluation des heures supplémentaires» de l’enseignant, comme une des solutions à promouvoir, pour «endiguer» ce qu’il qualifie, hier, «de cours sauvages » échappant à toute éthique et pédagogie. Un phénomène «inquiétant qui s’est amplifié et est devenu une pratique courante» chez certains enseignants et parents d’élèves. Considérant le secteur de l’Éducation comme l’un des secteurs les plus important, du fait qu’il s’agit d’un secteur stratégique, « il y va de l’avenir du pays » dira Meziane Meriane, en plus des conditions de travail difficiles du corps enseignant. Pour notre invité, «il est urgent» de lancer la réflexion visant à dégager les voies et moyens «pour rehausser le niveau de notre système éducatif, pour atteindre la qualité». Excluant toute possibilité d’atteindre ces objectifs «si le métier d’enseigner et l’enseignant ne sont pas valorisés» dans toute politique en direction de notre système éducatif. Dans l’immédiat, pour notre interlocuteur, si les responsables du secteur de l’Éducation «continuent à faire des promesses, sans planning et sans délai préalablement déterminé», quant au traitement des questions soulevées par les syndicats, «le secteur continuera à se débattre dans les problèmes récurrents», dont, notamment, ceux liées «aux conditions socio-professionnelles des enseignants, le dysfonctionnement du statut particulier des travailleurs de l’éducation» dira, hier, l’invité du Forum. Concernant l’élève qui, du premier cycle, puis le moyen et jusqu’à son arrivée aux portes du secondaire et les franchir, a vécu son cursus éducatif, dans cette atmosphère de tensions cycliques, entre les syndicats et la tutelle, autour des problèmes, notamment des enseignants et des conditions de leur travail. Dans la majorité des cas, l’élève a pris vent, depuis ses années au primaire, jusqu’à arriver au lycée. Quels impacts ont-ils eu sur lui ? Quelles idées se fait-il de voir que les dialogues n’aboutissent pas et que son école replonge dans des mouvements de grève ? Et tant d’autres questions et questionnements qui, en silence, façonnent la perception de ce futur étudiant, cadre, enseignant, employé, médecin, architecte, acteur politique, artiste, mécanicien, agriculteur, commerçant et d’autres profils, quant aux traitements des problèmes et des tensions à travers le mécanisme du dialogue qui est là, pour résoudre les problèmes et éviter queces derniers ne perdurent, jusqu’à atteindre un seuil intenable, que le secteur de l’Éducation devrait être épargné, pour se focaliser sur ce qui est essentiel et fondamental, celui de doter l’Algérienne et l’Algérien de demain, des outils qui leur permettront la maîtrise de la connaissance et du savoir.
Karima Bennour