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56e VENDREDI DE MOBILISATION : Quand le peuple défie le pouvoir et le corona

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Ni le coronavirus qui, pourtant a déjà fait deux victimes dans le pays, ni les menaces à peine voilées du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui a laissé entendre que les manifestations de mardi, pour les étudiants et celles de vendredi pour l’ensemble des citoyens, constituent un facteur de blocage pour la relance de l’Économie nationale, et encore moins la sentence du ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, qui accuse des parties étrangères qui travaillent pour détruire le pays, n’ont pu avoir raison de la détermination de ces Algériens, rompus désormais à la lutte pacifique depuis plus d’une année maintenant.

Certes, la manifestation d’hier, qui a marqué le 56e vendredi de mobilisation, est bien loin de la contestation des grands jours auxquelles nous a habitués le mouvement citoyen, il n’en demeure pas moins, qu’en dépit de la menace de la pandémie du corona, les manifestants n’avaient pas totalement déserté le terrain en ce vendredi bien ensoleillé. Si les hommes en uniformes bleues, dépêchés en la circonstance sur les lieux, étaient bien là, dès les premières lueurs matinales, les manifestants ont, quant à eux, préféré déférer de quelques heures le début de la manifestation, jusqu’à 13h30 passé, soit après la fin de la prière du vendredi. Ce qui est inhabituel dans les annales du soulèvement populaire, en marche depuis le 22 février de l’année écoulée. Contrairement aux policiers qui portaient tous des bavettes de prévention contre le coronavirus, instruction oblige, les citoyens n’y croient pas ou presque, car sont rares ceux qui se sont protégés avec des masques ou autres moyens. Juste après la fin de la prière du vendredi, la manifestation s’est ébranlée du côté de la mosquée de la Rahma de Khlifa Boukhalfa, en direction de la rue Didouche Mourad pour descendre vers la place Maurice Audin, et rejoindre le point de chute habituel El Khatabbi  sous les cris de « État civil et non militaire » – un slogan cher aux manifestants depuis le début de la révolte pacifique-. Ou encore « Klitou lebled ya saraqin » (Vous avez dilapidé les richesses du pays : ô ! voleurs). Le génie populaire a encore innové en slogans, surtout en pancartes, pour s’adapter aux nouvelles données prévalant dans le pays, notamment avec l’apparition du virus corona, qui a tenu en haleine le monde entier. Les manifestants se sont donnés rendez-vous pour demain pour une nouvelle manifestation, à se fier à ce slogan repris d’une seule voix par les protestataires. « Ghodwa 3la lwahda kayen massira : (rendez-vous demain à 13h00 pour une nouvelle marche », scandaient les manifestants. La décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d’interdire les rassemblements publics, était visiblement mal perçue par les manifestants, qui voyaient d’un mauvais œil, la sortie du chef de l’État, en dépit du fait que le pays n’est pas le seul, à travers le monde, à avoir adopté cette mesure de prévention. Mais quand la confiance s’éclipse entre les gouvernés et les gouvernants, rien ne semble à l’abri des interprétations, quelque soit la justesse de la démarche initiée. « Le coronavirus n’arrêtera pas le peuple à poursuivre la révolution pacifique jusqu’à la libération de l’Algérie », peut-ont lire sur une pancarte, en réponse directe à la décision du Président. Ou encore « Votre répression renforce notre détermination », en référence aux arresations musclées et brutales contre des manifestants ces derniers jours ; notamment à Alger. Les manifestants se sont dispersés dans le calme et aucune confrontation n’est à signaler entre les marcheurs et les forces de l’ordre.
Brahim Oubellil

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