Journée presque ordinaire, à première vue, dans la matinée de ce vendredi au ciel gris. Les rues sont presque désertes, hormis les quelques passants, du côté, des rues Didouche Mourad, et Maurice Audin, qui vaquaient à leurs petites occupations matinales pour ce jour de week end. Mais les éléments de la Sûreté nationale étaient, déjà là, et en bon nombre. Même topo aux alentours de la Grande Poste, placette symbole du mouvement populaire pacifique, où une dizaine de camions cellulaires, ont été stationnés, et le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), ne déroge pas à la règle, car bien quadrillé, par les forces de l’ordre, qui redoutaient l’arrivée, en force, des manifestants pacifiques, notamment après l’adoption de la loi sur les hydrocarbures, par l’Assemblée populaire nationale, jeudi dernier. Contestée par le mouvement, des acteurs politiques et des experts appelant à son annulation ou son report. À peine 11 h 00, un premier groupe de manifestants, brandissant le drapeau national, a fait son apparition, venant de la place Maurice Audin, en direction de la rue Didouche, scandant, pour marquer le début du 39é vendredi de mobilisation populaire, en marche depuis le 22 février dernier, les slogans habituels et d’autres actualisés, comme à chaque fois, selon l’évolution des événements et l’avènement de nouveaux éléments politiques sur la scène nationale. Après une halte à la rue Didouche où ils ont scandé, entre autres, le slogan phare « klitou lebled yasaraqin(oh voleurs vous avez bradé les richesses du pays : NDLR), en réaction notamment, de l’adoption par les députés à la majorité du projet de loi sur les hydrocarbures et de la LF 2020, les manifestants ont également fustigé les juges de la cour de Sidi Mhamed, qui avaient, rappelle-t-on, condamné, mercredi dernier, de jeunes manifestants à de lourdes peines pour le port de l’emblème Amazigh. » Ya Qodhat Sidi M’hamed, Weledna mabaouche El cocaïne (Oh les juges de Sidi M’hamed, nos enfants n’ont pas vendu la cocaïne : Ndlr) » scandaient en chœur de nombreux manifestants, avant de rebrousser chemin vers la Place Audin. Point de chute des manifestants, les présents, nombreux, attendaient en brandissant le drapeau national, l’arrivée des autres marcheurs, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, venant des quartiers battant le cœur de la capitale, Bab El-Oued, la Casbah et la Place des Martyrs. 14h 00 tapantes , un groupe de manifestants tenant une immense banderole, où on pouvait lire « réseau de lutte contre la répression et la libération des détenus d’opinion et pour les libertés démocratiques » s’adonnaient aux dernières retouches avant de prendre la voie de la marche, vers la Place Maurice Audin, suivis d’une autre foule immense d’où résonnaient des appels « Ya Ali », l’un des valeureux symboles de la Révolution du 1er novembre 1954, le martyr, Ali La Pointe. Des Appels pour plus de mobilisation et rejoindre la marche pacifique d’Alger, en ce 39ème vendredi, pour le changement du système politique en place. À cette heure précise, il commençait à pleuvoir des cordes, mais les rangs de la protesta n’arrêtaient pas de grossir, au fur et à musures que la procession avançait. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, étaient de la partie, pour réitérer, hier, à Alger, et à travers le pays, les revendications du mouvement populaire pacifique, dont la pierre angulaire, à savoir « le départ du système et de ses symboles », mais aussi réaffirmé, la veille du début de la campagne électorale, demain, le rejet de la prochaine élection présidentielle du 12 décembre prochain. « Pas de vote avec la bande » « pas de vote cette année » scandaient les milliers de citoyennes et citoyens, hier, à Alger, au rythme des youyous des femmes, avant de reprendre, pour lancer, en brandissant le drapeau national « Dawla madania machi Asqaria (État civil et non militaire) », « Casbah, Bab El-Oued Imazighen » , ou encore « libérer les détenus ».
Déclarations de manifestants
Accosté au premier rang des manifestants, un homme, d’un certain âge, a assuré, fièrement, dans ses déclarations que « rien ne pourra arrêter la révolution pacifique d’un peuple en marche ». Il nous dira « ni la pluie, ni la neige, et encore moins, la répression ne pourront arrêter, un peuple en quête de sa liberté »a-t-il déclaré. Même détermination auprès de ce manifestant, un habitué des marches populaires pacifiques, des vendredis et des mardis des étudiants , qui nous a fait savoir, qu’il « ne peut y avoir de sortie de crise en dehors de la constituante », indiquant que la prochaine élection est juste, selon lui « pour faire perdurer le système politique en place, que le peuple veut son changement, pour l’édification d’un État de droit ». Toutes les personnes approchées, par nos soins, nous ont exprimé leur détermination « à aller jusqu’au bout pour la concrétisation de leurs revendication légitimes » pour bâtir une Algérie meilleure en rupture avec les pratiques du passé qui « ont ruiné le pays dans tous les domaines », nous lance un jeune manifestant.
Brahim Oubellil