Des milliers de manifestants ont battu le pavé, hier à Alger, à l’occasion du 29e mardi de marche de la communauté estudiantine. Tout au long de l’itinéraire de cette action, qui s’est ébranlé de la Place des Martyrs jusqu’à la Place Maurice Audin, les manifestants ont exprimé pacifiquement leur rejet à l’élection présidentielle et ont exigé le départ du pouvoir en place, et renouvelé l’attachement du peuple et sa détermination à l’édification d’un État de droit.
Cette action a coïncidé avec la fête religieuse de l’Achoura, comme journée fériée qui a permis une participation de beaucoup de citoyens. Comparativement à celle du mardi précédent, cette marche a connu un retour de la mobilisation des citoyens venus appuyer les membres de la communauté estudiantine.
Vers 10h30, les rangs des marcheurs se resserrent. Avant d’entamer la marche, les étudiants ont démontré leur sens de patriotisme en entonnant, d’une seule voix, l’hymne national « Kassaman». Puis, la foule qui ne fera que s’agrandir au fur et à mesure que les marcheurs avancent, s’est adonnée aux cris de «État civil et non militaire» et «Il n’y aura pas de vote, on ne votera pas, Bedoui et Bensalah doivent dégager.»
De la Place des Martyrs, les manifestants ont parcouru les principaux axes de la capitale menant de la Grande Poste, en passant par le siège de l’instance de dialogue et de médiation, sise au boulevard Larbi Ben M’hidi.
D’ailleurs, une fois la foule arrivée sur les lieux, les manifestants ont marqué une halte devant l’édifice en brandissant des billets en monnaie nationale, comme pour dénoncer une corruption des membres du Panel dirigé par Karim Younès. «Le panel de dialogue est corrompu», a-t-on scandé, alors que le fameux «Djazaïr horra dimoqratia» ne cesse d’être répété.
Les marcheurs se sont dirigés vers la Grande Poste en empruntant la Place Émir-Abdelkader. À ce niveau, un important dispositif policier a été déployé. Les forces de sécurité ont fermé tous les accès menant vers le siège de l’Assemblée populaire nationale, de peur que le scénario de mardi passé ne se reproduise.
Les manifestants ayant participé à la marche ont réaffirmé leur attachement à « une période de transition qui restituera au peuple sa souveraineté et posera les fondements d’un État de droit», comme nous l’a indiqué une manifestante. Pour elle, « le contexte actuel ne peut pas permettre une élection transparente et équitable.»
À noter enfin que ce 29e mardi a été marqué par la participation de membres des familles des détenus d’opinion, venus réclamer la libération de leurs enfants.
Mohamed Amrouni