L’émissaire de l’Onu pour le Yémen tentait samedi de relancer l’idée de pourparlers de paix à la faveur de sa présence dans la capitale Sanaa, visée par de nouveaux raids aériens de la coalition qui combat les rebelles chiites. Plusieurs frappes de la coalition dirigée par Ryad ont également touché Aden, la grande ville du Sud, où les rebelles chiites affrontent sur le terrain des troupes restées fidèles au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi. Non loin de là, dans la province d’Abyane (sud), au moins 12 rebelles ont été tués et au moins 8 blessés dans l’explosion d’une voiture piégée près d’un dépôt d’armes, selon un bilan fourni à l’AFP par un responsable local. Le conflit au Yémen a fait près de 2 000 morts et quelque 8 000 blessés, en majorité des civils, selon l’Organisation mondiale de la santé. Il a aussi forcé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer. Arrivé vendredi, le diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a appelé au dialogue dès sa descente d’avion, selon Sabanews.net, un média contrôlé par la rébellion. L’émissaire onusien a rencontré samedi des responsables du Congrès populaire général (CPG), le principal parti politique yéménite auquel appartient l’ancien président Ali Abdallah Saleh, un allié des rebelles chiites. Un membre de ce parti a indiqué à l’AFP que les discussions avaient porté sur «la conférence de Genève» et que M. Saleh, qui préside le CPG, n’était pas présent. L’Onu a dû reporter des pourparlers qui devaient débuter le 28 mai dans la ville suisse car le gouvernement yéménite en exil à Riyad exigeait comme préalable à sa venue que les rebelles se retirent des territoires qu’ils ont conquis ces derniers mois. Après avoir pris le contrôle de la capitale Sanaa en janvier, les Houthis ont progressé vers d’autres régions du Yémen jusqu’à atteindre Aden fin mars, au moment où l’Arabie saoudite entamait sa campagne de bombardements aériens et où le président Hadi partait se réfugier à Riyad. Les Houthis sont accusés, notamment par le royaume saoudien, d’être soutenus militairement par l’Iran chiite, ce que Téhéran dément.
L’Iran n’est «pas une menace»
Parallèlement à la présence à Sanaa de l’émissaire onusien, plusieurs sources ont évoqué la tenue à Oman, sultanat voisin du Yémen, de discussions avec une délégation iranienne et des représentants Houthis. Il y a «un échange de points de vue et de propositions entre parties internationales et régionales sous l’égide de nos frères à Oman», a expliqué le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, cité par Sabanews.net.
Vendredi, l’ex-président Saleh avait affirmé dans un entretien à une chaîne de télévision que les Etats-Unis et l’Iran discutaient à Oman d’une possible médiation entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, les deux ennemis régionaux. Selon lui, l’Iran «n’est pas du tout une menace pour le Yémen». Oman est la seule des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à ne pas participer à la coalition anti-Houthis. Au sud de Sanaa, la coalition a notamment bombardé avant l’aube la maison de l’ex-président Saleh, qu’il n’occupe plus, selon des témoins et des sources militaires. M. Saleh a quitté le pouvoir en 2012 sous la pression populaire, après avoir dirigé le Yémen durant 30 ans, mais plusieurs unités militaires qui lui sont restées fidèles appuient aujourd’hui les Houthis. Dans son entretien à la chaîne Al-Mayadeen, diffusé quelques heures avant le raid aérien sur sa maison de Sanaa, M. Saleh affirmait que l’Arabie saoudite lui avait proposé des «millions de dollars» pour se retourner contre les rebelles mais qu’il avait décliné cette offre. Les raids de samedi à Sanaa ont aussi frappé le QG de la force aérienne rebelle, des dépôts d’armes et une base aérienne, selon des témoins
Des frappes aériennes ont également visé des positions rebelles dans la province de Marib (est), riche en pétrole, et celle de Hodeida (ouest), ainsi qu’ à Aden. Dans la cité portuaire, que les Houthis tentent de prendre, les combats ont fait neuf morts en 48 heures, dont quatre civils, et 132 blessés, selon un responsable de santé et un porte-parole des forces loyalistes de la grande ville du Sud