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Voyage à bord d’un train de la banlieue algéroise : L’incivisme ou le désagrément au quotidien

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Même si beaucoup l’ignorent, les trains de banlieue sont un «nerf névralgique» dans le déplacement des citoyens d’Alger et ailleurs, quand ce moyen de transport est disponible ??? . Car, des milliers de voyageurs prennent le train, chaque jour que Dieu fait, préférant ce moyen de transport pour un bon nombre de raisons.

Aux routes menant vers la capitale, à partir de ses entrées, Sud, Ouest et Est, on assiste notamment lors des heures de pointe à de longues files de voitures, de camions et d’autres engins, faisant fuir les citoyens des routes vers le train. S’ajoute aussi le choix d’emprunter le wagon, car c’est plus pratique pour des trajets, pour rejoindre le travail ou autres. Et l’avantage dont les usagers nous ont fait le plus part, lors de notre reportage, c’est qu’il s’agit d’un moyen de transport moins coûteux, par rapport à un taxi ou voire même, avec sa propre voiture, et il y a d’autres qui n’ont de préférence que pour le train.
À la gare d’Agha, l’une des plus importantes de la Capitale, ainsi que la station d’Alger, à Port Saïd, dont son siège est, de par son architecture, un musée, nous avons pris le train pour un voyage lors duquel, nous avons été témoin d’histoires, d’anecdotes et des conditions souvent difficiles auxquelles sont confrontés les usagers comme le personnel de nos trains, qui ne sifflent plus, mais annonce, par une voix, l’arrivée du train à la station. En route pour l’aventure, en début de matinée de jeudi dernier, tout semblait être agréable, en raison du retour des rayons du soleil, rendant l’atmosphère d’Alger plus adoucie, après la vague de froid et les intempéries de la semaine passée. Se dirigeant de la rue Hassiba Ben Bouali, vers la gare D’Agha, les trottoirs avaient du mal à contenir les passagers. Pourtant, il n’était que 10H30 et pas encore l’heure de pointe des travailleurs, d’une cafétéria, sort un groupe de personnes chargées de bagages, pressant le pas, ils allaient, comme moi, prendre le train. Arrivés à quelques mètres de l’entrée principale de la gare d’Agha, l’on pouvait voir l’immense défilé des voyageurs, dans un brouhaha et tout le monde allait dans tous les sens. Il y a ceux qui arrivaient, d’autres qui partaient, et entre eux des passagers au niveau des guichets, certains pour acheter le ticket et d’autres pour s’informer et des personnes debout juste à l’entrée, ignorant qu’ils obstruaient l’accès aux voyageurs qui étaient là pour attendre un de leurs proches. Plongés dans cette ambiance, notre voyage venait tout juste de commencer, et c’est dans ce petit hall de cette gare qui connaît une affluence considérable à longueur de journée, et après avoir attendu notre tour pour l’achat du ticket, vers la station de Bab-Ezzouar, nous empruntions les escaliers menant au quai, pour attendre l’entrée du train, à la gare de notre destination, et nous étions nombreux à regarder les aiguilles de nos montres et compter les minutes pour enfin entamer notre voyage. Tous les profils étaient là, et celui de l’étudiant était le plus visible, ils sont nombreux à emprunter ce moyen de transport pour se rendre à l’université Houari Boumedienne, Bab-Ezzouar, outre ceux inscrits aux Instituts de l’EPAU et Polytechnique, à El-Harrach. D’autres se sont également les habitués de ce moyen de transport, habitants des banlieues d’Alger, Belouizdad, Hussein-Dey, El-Harrach ou ceux pour qui le train reste le moyen de transport le plus prisé, pour vaquer à leur occupations. Sous les abris érigés sur le quai, l’on pouvait remarquer sur place l’affluence importante des voyageurs, dépassant à quoi nous nous attendions, vue que l’heure de pointe des travailleurs et des fonctionnaires n’avait pas encore sonné, il n’était que pas moins de 10H45. Entre ceux qui étaient assis tranquillement sur les bancs métalliques et d’autres n’ayant pas eu la chance d’arriver avant que les places ne soient toutes occupées, il y avait ceux et celles qui faisaient des va-et-vient sur le quai, donnant l’impression que le train tarde à pointer. D’un coup, tout le monde est en mouvement, un crissement strident retentit, le train s’annonce et tout le monde est sur la bordure réglementaire du quai avec des bousculades, non pas pour s’assurer de monter, mais pour décrocher une place assise, même s’il faut descendre à la prochaine station. Des scènes d’incivisme qui peinent, malheureusement à disparaitre.

Au départ… l’incivisme s’invite au voyage !
Les citoyens s’agitent sur le quai, bien avant l’arrêt du train et l’ouverture des portes, tout le monde se bouscule, sauf des exceptions ici et là, des voyageurs préférant demeurer en recul pour accéder au wagon, après la tombée de la pression de l’incivisme, «une panique pour rien qui n’a pas de sens» lance un citoyen. Certains ont même été jusqu’à bloquer la fermeture des portes pour permettre aux retardataires qui venaient en courant, de monter, alors que le pire pouvait être là, un accident qui souvent est morte, dans ce genre de situation et type de moyen de transport, alors que c’était plus prudent d’attendre le prochain train. De l’intérieur, on entendait une voix qui lançait «le train ne démarre pas tant que les boutons près de la porte du train ne soient pas libres» et cette halte n’est qu’un désagrément parmi tant d’autres, les prochains arrêts seront similaires à ce cas de figure, pourvu qu’il ne provoque pas un grave accident. Les portes se referment et le voyage du train N° 157 commence. Il quitte la gare d’Agha, régule sa vitesse pour avancer sûrement sur les rails à un rythme règlementaire, ce qui rassure les passagers.
Tête appuyée contre la vitre du train, l’on pouvait voir défiler, sur un côté des maisons, entrepôts, châteaux d’eau qui bordent le chemin du train, sauf par moment, de l’autre côté juste on arrivait à peine à voir le bleu de la mer, qu’il disparaisse, pour retomber, dans le même paysage des constructions et des murs avec le bruit du train, qui raisonnait dans nos têtes. En un rien de temps, le train annonce son entrée à la gare de Hussein Dey après celle des Halles. Après son arrêt, des passagers descendaient, d’autres montaient et ceux qui étaient debout, parmi eux certains ont profité pour pouvoir arriver à temps à une place libérée par un passager quittant le train 157. Alors que le train reprenait son rythme pour quitter cette station, vers la prochaine, destination et que nos regards étaient dirigés sur la voie ferrée, au fond d’un wagon, des voix d’enfants surgissent, ce sont en fin de compte, des petits marchands ambulants. L’un deux, un petit garçon brun, chétif, habillé d’une veste qui ne pouvait le réchauffer, en ce temps froid, se frayait un chemin, entre les passagers, en les invitant à acheter «ne serait-ce qu’un paquet de papiers mouchoirs» insistait-il. Un jeune homme met sa main, dans la poche, il en achète, un, et à l’expression de son visage, il l’a fait plus pour le plaisir du petit, qu’il n’en avait besoin. L’autre bambin, arrivant juste après lui, en se faufilant entre les passagers, muni d’un fardeau de petites bouteilles d’eau, ne réussit pas à garder l’équilibre, entre son mouvement et celui du train, il trébuche, bouscule un homme d’un certains âge, il n’avait pas de chance, le bonhomme, lui crie dessus, le petit se fait encore davantage petit, pour s’éloigner de cet homme. Il arrive à s’en sortir plus rapidement, avec l’aide de son copain qui, en ramassant les bouteilles tombées, aidés par un jeune, s’en sortent enfin, sans soucis. Plus proche de nous, le gamin affichait une mine fatiguée, les yeux cernés, alors que son corps le portait à peine, était pressé de reprendre sa tâche, et lançait aux présents «qui veut de l’eau, de l’eau». À ce moment-là, une voix féminine retentit du fond du wagon «les passagers â destination de Blida et El-Affroun de changer de train» annonçait-elle et c’est là aussi que, brusquement, dès que le train 157 commençait à ralentir, pour rentrer à la gare d’El Harrach. Alors que le mouvement s’est intensifié : bousculades pour arriver aux portes du train pour quitter le Train 175, un autre train arrivait sur l’autre voie, en provenance d’El Afroun, et tout le monde ne pouvait s’entendre, le son de celui-ci était assourdissant. Le nombre de voyageurs du quai de la gare d’El Harrach était impressionnant, et tout laissait penser que ce n’est pas tout le monde qui arrivera à prendre le train, et nombreux seront déçus de voir qu’il n’y avait plus de place pour prendre le train en provenance d’El-Affroun à destination d’ Alger. Le train a été submergé par les passagers, de différentes tranche d’âge et profils, et bon nombre de jeunes s’adonnaient à des acrobaties pour se frayer le passage et monter, mais en vain. La demande dépassait l’offre, sur cet axe, qui connaît une grande affluence des usagers du train. Devant cette scène, nous ne pouvions que nous rappeler les images qui nous parviennent d’Inde, montrant un monde fou accroché au train ! À ce moment, alors que notre train reprenait sa vitesse pour quitter la gare d’El Harrach, un jeune universitaire, voyant une femme embarrassée, ayant de la peine à rester debout, fait vite de se lever, en l’invitant à prendre place, une scène qui nous fait oublier l’incivisme que nous avons constaté, au départ de notre train, de la gare d’Agha. Remerciant l’étudiant, à voix basse, nous l’entendions dire « heureusement que des valeurs persistent et demeurent dans nos rapports sociaux», avant d’ajouter «ces derniers temps, malheureusement, l’échelle de valeurs s’est renversée, faisant disparaitre de notre quotidien bon nombre de nos bonnes habitudes».
Mohamed Amrouni

Les étudiant(e)s de Bab Ezzouar, entre le marteau et l’enclume

Le train 157 rentre en gare de Bab Ezzouar, après plus d’une vingtaine de minutes,  pour les étudiants qui l’ont pris  à la gare d’Agha. Ce trajet est fréquenté par un nombre considérable  d’étudiants qui   prennent  ce moyen de transport, pour rejoindre leur  université, comme   ce groupe de filles universitaires, qui descendaient du train 157, car arrivées à  leur destination.  Auparavant l’une d’elles nous confie,  que «prendre le train à des heures de la journée c’est du possible» mais, poursuit-elle «au retour souvent, notamment en  hiver, avec la nuit qui tombe plus tôt, nous n’assistons pas au cours qui se terminent tard». Plus explicite, elle nous dira «nous ne pouvons prendre le train, au-delà de 17h ou 17h30, en hiver surtout,  à cause de l’insécurité  tout au long du trajet, on ne sait pas sur qui nous pouvons tomber» nous a-t-elle lancé.   Le pire, déplore une de ses amies  que «si par chance nous ne sommes pas les victimes, nous assistons à des scènes inadmissibles et révoltantes, et nous ne pouvons faire quelque chose, en l’absence de  sécurité». Une autre enchaîne et nous dit  «que souvent des agressions à l’arme blanche se produisent en train, à partir de 17h et 18heures, en l’absence d’agents de sécurité et de contrôleurs» avant d’ajouter « c’est de  la folie  de s’aventurer, surtout pour des étudiantes, même les étudiants ne s’aventurent pas, préférant éviter les problèmes de ce genre, avec des  voyous qui s’y trouvent dans le train à ces heures tardives». Et une  autre de renchérir «nous sommes contraintes de quitter les cours pour prendre le train, l’insécurité est aussi au niveau  des quais, dans  le train» et  le témoignage d’une autre, fait ressortir que cette  situation  se présente aussi, durant le jour également, «le manque de civisme est frappant, la passivité des voyageurs, indifférents à certains comportements agressifs notamment à l’égard des femmes facilite  la tâche des délinquants et des agresseurs» dénonce-t-elle.
M. A.

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