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Virée dans le service de l’état civil à Bouira : Dans l’ère biométrique

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C’est au hasard d’une flânerie en ville par 40° au moins que nous sommes passés ce matin par cette petite rue où se trouvait l’ancienne bibliothèque. Mais une fois, là, c’est une curiosité mâtinée d’un zest de nostalgie que nous avons voulu visiter les lieux affectés désormais au service de la biométrie. A l’intérieur, les petits aménagements auxquels on a procédé ont apporté des changements à peine notable. Par le même couloir, nous arrivons au bureau de la chef de service et où était installé le directeur de la bibliothèque. La salle de lecture est sur la droite de l’entrée transformée en service pour les cartes biométriques. Derrière les guichets, les files et l’attente. Nous déclinons notre identité ainsi que l’objet de notre visite. Et le jeu des questions-réponses commence dans un climat empreint de sérieux et d’amabilité.

Un bilan positif
A l’état civil, l’heure est à l’informatisation et à la modernisation . Ce service public qui est au cœur de toutes les préoccupations administratives se doit de faire sa mue. Les pièces d’identité dites classiques, comme la carte nationale, le passeport, le permis de conduire et la carte grise commencent à être vieux jeu, à faire ringard. Les services de la biométrie installés chez nous le 27 novembre 2015 proposent leur remplacement par des documents en rapport avec les changements imposés par les nouvelles technologies. Il y a gain de temps pour les citoyens et pour les agents préposés à ces services allègement des tâches, ainsi que nous l’explique cette responsable qui est aussi chef de service en informatique.
Faudrait-il voir dans ces changements une révolution ? La cheffe de service en est convaincue. De même que le livre papier tend à être dépassé et surclassé par le livre numérique, les cartes, permis et passeports dits classiques se voient rendus caducs par leurs homologues biométriques.
Cela a commencé d’abord timidement avec la carte d’identité. Les premières cartes d’identité biométriques ont été délivrées aux candidats au bac en 2015. L’opération menée rapidement a permis de doter chaque candidat d’une carte d’identité biométrique qu’il exhibait jour du déroulement des épreuves.
On peut dire que ces élèves avaient fait figure de pionniers en la matière. Avant, rappelle notre interlocutrice, les services chargés de la délivrance de ces documents dits classiques étaient installés au siège des daïras. Aujourd’hui, depuis novembre 2015, ils sont transférés vers les sièges d’APC. Vu leur importance, les autorités leur ont affecté les locaux de la bibliothèque municipale, délocalisée vers Aïn-Graouch, puis fermée définitivement avec près de 3000 livres.
A la daïra, les agents affectés à ces services de l’identité font, depuis 2014-2015 un travail d’archive. C’est un travail de longue haleine qui va nécessiter une dizaine d’années. Il faut transférer les données de l’état civil vers un logiciel. Ce même logiciel est intégré dans un fichier relié au fichier national. Au fond, c’est un travail de conservation des données et leur mise à jour pour être prêt à l’emploi par les services de la biométrie. Le terme qu’utilise la cheffe de service à ce propos est un travail d’assainissement. Selon elle, l’opération à ses débuts, au niveau des APC pilotes, où elle a été lancé a connu un problème qui a longtemps perduré : sur les permis de conduire ne figure pas la filiation comme avec la carte d’identité.
Il faudrait donc introduire dans les fichiers ces nouveaux éléments d’information afin de pouvoir s’en servir pour le permis de conduire Au niveau des services de la biométrie, ce travail d’assainissement a requis deux ans aux dires de sa responsable et il a touché à sa fin. En revanche, celui qui s’effectue au niveau des archives de la daïra se poursuit toujours.

6 354 passeports et 15 334 cartes d’identité délivrés
Mais bientôt la vitesse de croisière sera atteinte quant cette opération d’assainissement sera terminée partout. Non seulement les passeports, mais également la carte grise sera biométrique. Nouveauté avec ces services. Par exemple, une fois qu’on aura fourni un dossier pour la carte d’identité, les données recueillies alors pourront servir pour l’établissement du passeport, du permis de conduire ou de la carte grise.
Un autre exemple pour étayer le premier, pour le permis de conduire, les éléments d’information concernant la filiation seront pris dans le fichier où ils ont été introduits grâce au dossier déposé pour l’établissement de la carte d’identité biométrique.
Au niveau des services que nous visitons, il en existe théoriquement trois : la carte d’identité et le passeport, le permis de conduire et la carte grise.
Ce dernier service n’est pas encore lancé. Ainsi que le permis de conduire. Mais quant au premier service, il tourne déjà à plein régime. Depuis son inauguration en 2015, il a permis de délivrer 6 354 passeports et 15 334 cartes d’identité et procédé au rejet de 256 dossiers jugés incomplets. Pour les passeports, nous retenons que la date de lancement de l’opération a commencé en juillet 2016, alors que pour la carte grise et la fiche de contrôle, elle aurait du comer en principe le 27 décembre 2015.
La nouveauté ce sera le permis de conduire biométriique. Il bénéficiera désormais de l’appellation de permis à points. Plus de retrait, plus de contravention, désormais. A chaque infraction du code de la route, un ou plusieurs points, selon la gravité de la faute, des retraits de points seront effectués sur le permis de l’auteur.
Quand il ne restera plus de points, le propriétaire du passeport se voit retirer ce document définitivement. S’il veut en avoir un second, il lui faudra tout reprendre de zéro, la conduite, les examens et tout.
Cette mesure fera-telle réfléchir nos chauffards et les rendra-t-elle à la raison ?

Une note pessimiste
Tout nouveau, tout beau. Les citoyens qui affluent en grand nombre attirés par la nouveauté de ces services se pressent devant les guichets. Mais ils sont informés : ne peuvent prétendre à une carte d’identité ou passeport biométrique que ceux qui ont égaré ces documents, ceux qui ne les ont jamais obtenus auparavant ou ceux, enfin, qui ne peuvent plus s’en servir pour cause de péremption.
Parmi cette catégorie de citoyens qui peuvent prétendre à un document biométrique, la responsable pointe du doigt ceux qui, faute de soins, le rendent inutilisable. A titre illustratif, elle montre une carte biométrique complètement abîmée et, par conséquent, non valable. Son propriétaire en postule pour une autre.
Déchiré par endroit, gondolé en d’autres avec les caractères effacés, la carte d’identité biométrique que nous avons sous les yeux est totalement méconnaissable. « L’Etat a investi les moyens et de l’argent pour la mise en place de ce service, et voyez comment certains le comprennent , hélas», s’insurgent notre interlocutrice.
Alors qu’elle annonce la mise en place du service du permis de conduire à points en septembre avec l’assainissement du fichier national, elle « On traite une cinquantaine de dossiers par jour et on délivre une vingtaine de certificats administratifs pour les pertes » déplore-t-elle encore.
On se rend compte de l’environnement décourageant, pour ne pas dire déprimant dans lequel évolue le personnel de ce service.
L’engouement provoqué par le caractère neuf de ce service est tangible, c’est évident, mais d’un autre côté, comment ne pas s’attrister devant l’absence parfois totale de volonté de coopérer à ce mouvement révolutionnaire qui tente de placer notre pays dans le concert des nations évoluées ? Est-ce ainsi qu’il faut réconcilier tradition et modernité, quand nous avons si peu de respect pour le passé et encore moins de considération pour le présent et
l’avenir ?
Ali D.

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