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Une semaine après les attentats de Paris : l’Europe de Schengen au pied du mur

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Une semaine après les terribles attentats de Paris, qui ont fait 129 morts et 352 blessés, les ministres européens participent à une réunion d’urgence à Bruxelles. C’est déjà l’une des plus douloureuses commémorations : nous sommes vendredi 20 novembre, exactement une semaine après les terribles attentats de Paris qui ont fait 129 morts et 352 blessés. Un commanditaire arrivé de Syrie et au moins un suspect dans la nature : alors que l’enquête sur les attentats de Paris révèle d’importantes failles de sécurité, les ministres européens de l’Intérieur et de la Justice se réunissentn ce vendredi à Bruxelles pour « renforcer la réponse européenne» à la menace djihadiste. «L’Europe est placée devant ses responsabilités. Les frontières doivent fonctionner. Il faut qu’on mette des moyens considérables pour assurer les contrôles aux frontières», a averti jeudi soir le Premier ministre français Manuel Valls sur France 2. Il ajoute même que Schengen sera « remis en cause» si l’«Europe n’assume pas ses responsabilités». À Bruxelles, les ministres européens vont plancher sur la lutte contre le trafic d’armes, la mise en place des contrôles coordonnés et systématiques aux frontières de l’espace Schengen et l’approbation du PNR européen (un fichier de données sur les voyageurs aériens, NDLR) « avant la fin de l’année 2015 », comme le souhaite François Hollande, afin d’« assurer la traçabilité du retour des djihadistes ».

La mort d’Abaaoud inquiète
Abdelhamid Abaaoud, l’inspirateur présumé des plus sanglants attentats de l’histoire de France, qui ont été revendiqués par l’organisation État islamique (EI), est mort. La nouvelle, annoncée jeudi à la mi-journée, a soulagé le grand public autant qu’elle inquiète. Comment cet homme, qu’on pensait en Syrie et qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international, a-t-il pu entrer et voyager en Europe pour coordonner au moins neuf personnes et mener les attaques de vendredi soir ? «Nous ne savons pas» comment Abaaoud est rentré en France, a reconnu le Premier ministre Manuel Valls. « Aucune information émanant de pays européens […] suggérant qu’il ait pu arriver en Europe et cheminer jusqu’à la France » n’a été transmise à Paris, a assuré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Ce sont des renseignements venant de pays hors de l’UE – notamment du Maroc, dont le roi Mohammed VI doit rencontrer François Hollande vendredi après-midi – et un témoignage capital qui ont alerté les enquêteurs sur la présence d’Abbaoud en France, et particulièrement à Saint-Denis. « Il est urgent que l’Europe se reprenne, s’organise et se défende contre la menace terroriste », a estimé jeudi Bernard Cazeneuve, qui avait réclamé la tenue de ce conseil extraordinaire « Justice et affaires intérieures » après les attentats. « Si l’Europe n’assume pas ses responsabilités, alors c’est tout le système Schengen qui sera remis en cause », a insisté Manuel Valls, demandant « que chaque pays frontalier de la France joue pleinement son rôle, assume ses responsabilités ».

La traque se poursuit
La traque, elle, se poursuit. Après l’identification formelle d’Abdelhamid Abaaoud annoncée jeudi, les enquêteurs cherchent à confirmer l’identité d’une femme morte avec Abaaoud durant l’assaut de mercredi. Il pourrait s’agir de sa cousine, Hasna Ait Boulhacen (26 ans), et elle pourrait être la personne qui s’est fait exploser à l’arrivée des policiers. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur n’a «pas exclu» mercredi qu’un «troisième terroriste» ait pu être tué dans l’appartement, les constatations étant compliquées par l’état des corps morcelés et les importants dégâts occasionnés par l’assaut. Les enquêteurs recherchent également Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie du «commando des terrasses» qui a mitraillé des cafés et des restaurants parisiens, sans doute exfiltré par deux complices présumés depuis inculpés en Belgique. Un autre djihadiste, non identifié, serait peut-être aussi en cavale. À ce jour, quatre kamikazes, tous Français, ont déjà été identifiés : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l’authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo. Reste aussi à identifier deux kamikazes, un au Bataclan et un au Stade de France. « La menace est toujours présente et va être longue et permanente », a affirmé jeudi soir Manuel Valls. Les perquisitions administratives, facilitées par l’état d’urgence décrété par François Hollande, vont se poursuivre. Depuis vendredi, 600 perquisitions ont été réalisées et 157 personnes ont été assignées à résidence, a indiqué le Premier ministre. Le projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une durée de trois mois, adopté jeudi à la quasi-unanimité par l’Assemblée nationale, passe devant les sénateurs vendredi. « Le Sénat, je n’en doute pas un seul instant, votera aussi la loi. Elle pourra être promulguée avant la fin de la semaine », a affirmé M. Valls. Ce texte élargit notamment le régime des assignations à résidence et permet la dissolution de groupes et d’associations extrémistes pouvant porter gravement atteinte à l’ordre public ou y incitant.
Sur le front extérieur, François Hollande a ordonné l’« intensification » des frappes contre le groupe État islamique (EI) en Syrie, mais aussi en Irak. L’arrivée en fin de semaine en Méditerranée orientale du porte-avions Charles-de-Gaulle triplera la capacité de frappes française, avec un total de 38 avions dans la région. La France a également proposé au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution demandant « aux États qui ont la capacité de le faire de prendre toutes les mesures nécessaires » pour contrer l’EI.

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