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Un système de santé digne des immenses compétences nationales

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Par Ali El Hadj Tahar

La crise sanitaire actuelle est déjà en train de bouleverser les habitudes de consommation, les modes de gestion et même les mentalités des décideurs politiques à l’échelle planétaire. C’est la Chine qui devient l’exemple à suivre en matière de gestion des risques, alors que la Corée du Sud devient l’exemple sur les questions de prévision des risques, tandis que Cuba reste l’exemple en matière de créativité médicale et pharmaceutique. Les peuples des pays occidentaux sont, quant à eux, en train de prendre conscience de la précarité de leur condition dans un système économique qu’une hausse du prix du pétrole, des subprimes ou un virus arrivent à désarticuler en mettant sa croissance en berne, jetant des millions de personnes au chômage. Ceux du Sud s’inquiètent tout autant en prenant conscience que le salut ne peut venir que de l’autosuffisance, gage d’une véritable indépendance économique et politique. Les Algériens se réveillent, eux aussi, en innovant et en se tournant vers les producteurs locaux afin de rompre avec la forte dépendance par rapport aux importations qui ont mis en danger l’indépendance nationale.
Les sociétés occidentales sont vieillissantes ― surtout les États-Unis avec leurs 93 millions d’obèses ― et condamnées à se rétablir ou être recalées. Elles n’ont pas de cadres, puisque leur faible potentiel jeunesse ne peut pas renouveler leurs besoins en compétences de toutes sortes. Elles ne tiennent que grâce aux millions de cadres étrangers qui y travaillent, parfois en qualité de dirigeants des plus grands centres et laboratoires de recherche, dans tous les domaines du savoir. Les sociétés des pays du Sud, quant à elles, sont jeunes et disposent de compétences par millions, dont beaucoup il y a à peine deux mois s’embarquaient en harragas dans des bateaux de fortune vers l’Occident dont ils avaient pourtant eux-mêmes fait un Eldorado. Si l’Occident, depuis la Renaissance à la fin des colonialismes, a été édifié avec le pillage des ressources des peuples du Sud, celui des années 1960 à 2020 a été fait par les émigrés de toutes sortes. La migration constitue elle aussi un pillage que l’Occident ne cesse de perpétrer pour s’enrichir au détriment des nations pauvres, maintenues dans ce que Samir Amin appelle le « développement inégal » et qui ne permet jamais aux peuples du Sud de prospérer car les prix des matières premières ne le leur permettent pas. Après le coronavirus, les pays développés pourront-ils continuer injustement à profiter à la fois des ressources naturelles achetées à prix dérisoires et de la matière grise du Sud détournée à leur profit ?
En deux mois à peine, un véritable chamboulement des mentalités s’est créé. Les relations entre pays ne semblent plus les mêmes depuis cette pandémie qui a créé un besoin de sécurité médicale chez les peuples. De véritables leçons doivent être tirées, notamment en Algérie, par une révision de fond en comble de notre système de santé tout en préservant ses principes de gratuité et d’équité. Issu du système de santé colonial, notre système a été nettement amélioré depuis 1962, mais ses défaillances et ses dysfonctionnements sont apparus au grand jour. En dépit de l’amélioration très forte des performances en matière de santé, la demande reste plus forte en raison de l’augmentation très rapide de la population. Plus de 90 000 lits d’hôpital ont été créés entre 2013 et 2019 ce qui donne un total de 155 000 lits, soit 1,7 lits pour 1000 habitants, mais ce chiffre est insuffisant par rapports aux meilleurs scores internationaux.
Le président Tebboune a pris des mesures fortes en en annonçant lundi sa volonté de restructurer totalement le système de santé, en même temps que l’amélioration des conditions de travail des professionnels du secteur. Cependant, ces mesures, dont la création d’une Agence nationale de la sécurité sanitaire, ne seraient pas suffisantes si elles ne perçoivent pas le secteur avec un volet de tourisme sanitaire, en plus de répondre aux besoins des citoyens et de réduire au maximum le transfert des malades à l’étranger. Il va sans dire que cette « restructuration totale » du secteur de la santé en vue de l’adapter aux exigences du 21ème siècle doit aussi être un outil de rapatriement des compétences nationale qui sont à l’étranger afin de faire de l’Algérie la grande puissance médicale qu’elle devrait être.
A.E.T.

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