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Un reporter dans la rue : La mode de l’Iftar dans la rue

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C’est nouveau. Le phénomène est apparu, lors d’un Ramadhan, il y a quelques années. Il avait tellement surpris par son audace et par son ampleur que des médias étrangers avaient couvert l’événement. C’est une table géante qui part de la place Audin à la célèbre Grande Poste d’Alger. Contrairement aux repas « Errahma » servis aux nécessiteux et aux voyageurs de passage dans la capitale, le « méga-F’tour », comme on l’appelle aujourd’hui, accueille tout le monde. Sans distinction. Riches, pauvres, voyageurs ou habitants en face de la grande table, tout le monde est bienvenu. Aujourd’hui la méga table affiche complet. Près de 2 000 repas sont distribués à chaque F’tour. Ce sont des familles entières qui s’invitent à ce repas. L’avantage pour les mères de familles est de ne plus être de corvée à la cuisine pour préparer des plats. Comme elles sont ainsi dispensées de faire la vaisselle après le repas. La gratuité du repas fait également partie de l’attrait. Pour les organisateurs, le bénéfice est ailleurs. « C’est un moment de convivialité par excellence » déclarent-ils. Devant le succès pris par cette initiative, la presse s’est intéressée au sujet. Voici comment un confrère a présenté l’événement : « Cet iftar est un moment de rassemblement, de partage et de renforcement des liens sociaux. Il s’agit de mettre en relief la solidarité, conformément à nos coutumes en ce mois sacré», a indiqué la présidente de l’Assemblée populaire communale d’Alger-Centre, Mahdia Benghalia, qui se déplaçait entre les tables pour s’assurer que tout allait bien ». Si c’est la présidente de l’APC qui organise, ce sont des opérateurs économiques qui financent. La philanthropie étant rarissime de nos jours, ces opérateurs trouvent dans cette immense table, un bon support marketing. Si l’on ajoute que ces frais sont exclus du calcul fiscal, on verra que tout est bénef pour eux. Mais que gagne la société algérienne ? Mis à part les repas servis sur les routes par la police et la Gendarmerie pour éviter les accidents de la route, quels impacts sur notre patrimoine culturel, traditionnel et social de faire manger des familles dehors ? Pour la convivialité, le rassemblement, le partage et le renforcement des liens sociaux, tous ces arguments avancés par la présidente de l’APC d’Alger-Centre, nous lui conseillerons de commander une « expertise » auprès de sociologues et psychologues pour vérifier ses « convictions » sur ce repas dans la rue. D’abord parce que la rue n’a jamais été le lieu idéal pour « renforcer les liens sociaux ». D’autre part, le repas ne dure que quelques minutes et surtout, on ne parle pas la bouche pleine. Tandis que le bruit de fond de la rue rend difficile la discussion avec les voisins de table. La grande question est plutôt dans le risque que des traditions bien ancrées chez nous en pâtissent. Au-delà du caractère éminemment religieux, le Ramadhan permet les retrouvailles familiales autour de la table. Il autorise une ambiance particulière avec une « Meïda » (table basse) bien garnie pour le F’tour ainsi qu’une autre à côté pour les sucreries et les boissons chaudes d’après. Avec des « Bouqalattes » durant la veillée. Le F’tour familial dans la rue est en train de se propager dans le pays. La ministre de la Culture devrait bien nous donner son avis. N’est-ce pas une menace sur nos traditions ?
Zouhir Mebarki
Zoume600@gmail.com

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