Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : « Algérie, Sections Armes Spéciales » censuré en France

Un reporter dans la foule : « Algérie, Sections Armes Spéciales » censuré en France

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« Algérie, Sections Armes Spéciales » n’est pas un film de fiction. C’est un documentaire historique sur des crimes de guerre commis, avec des armes de destructions massives, par l’armée française lors de la guerre d’Algérie réalisé par Claire Billet, une journaliste indépendante. Des crimes pas comme les autres puisqu’il s’agit de l’utilisation d’armes chimiques interdites par la Convention de Genève de 1925 et utilisées par l’armée coloniale durant la guerre d’Algérie. « Algérie, Sections Armes Spéciales » est un documentaire qui a nécessité plusieurs années d’enquête. Sur la fiche de présentation du film, on peut lire : « Le film documente une pratique encore largement occultée de l’armée française dans la guerre d’Algérie, objet de recherches et de batailles juridiques menées par l’historien Christophe Lafaye qui a participé au film, sur l’usage massif, dans toutes les zones montagneuses, d’armes chimiques, dans ce qu’on a appelé la « guerre des grottes ». Une pratique meurtrière et illégale dont les traces archivistiques dans l’armée ne sont toujours pas entièrement communicables aux chercheurs ». Ce documentaire de 52 mn qui a été diffusé en Suisse le 9 mars dernier par la RTS2 devait l’être également sur la chaîne française « France 5 » dimanche 16 mars prochain dans l’émission « La case de l’histoire » à 23h. Il ne passera pas en France. Les autorités françaises ont décidé, lundi dernier, de le censurer. Sans aucune honte car dans le discours officiel, la France « sacralise » la liberté d’expression. Rappelez-vous l’affaire du magazine « Charlie Hebdo » dans ces attaques contre l’Islam où tous les gogos étaient des « Charlie ». Rappelez-vous l’affaire Salman Rushdie et ses « versets sataniques » dans un livre où il attaque en règle l’Islam. Beaucoup de français disaient qu’il en avait le droit au nom de la liberté d’expression. La France qui revendique le droit de dire tout et n’importe quoi sur l’Islam, et seulement l’Islam, perd ses « convictions » sur « la liberté d’expression » dès qu’il s’agit de sa propre histoire, peu glorieuse, qu’elle refuse de reconnaitre et d’assumer. Même avec des preuves comme le documentaire de Claire Billet. Elle perd même son sang-froid en utilisant le vieux procédé de la censure (des journaux paraissant avec des colonnes blanches à cause de la censure sur le « marbre ») comme elle vient de le faire pour bloquer le film documentaire : « Algérie, Sections Armes Spéciales » qui vient d’être mis au « secret ». Ce n’est pas la meilleure façon pour masquer une vérité historique à l’opinion mondiale en général et aux opinions française et algérienne en particulier. Au contraire, ce qui est interdit gagne en intérêt. Il trouvera d’autres canaux, comme YouTube ou celui de la Télévision algérienne qui ne manquera pas de trouver le moyen légal pour le diffuser sur ses chaînes. Il se trouvera des canaux qui se chargeront de rendre visible ce film qui a surpris le colonisateur dans ses « actes civilisateurs ». Claire Billet, jeune journaliste et réalisatrice du film précise : « En France, nous sommes partis à la rencontre des derniers anciens combattants qui acceptaient de s’exprimer publiquement, avec l’aide de (l’historien) Christophe Lafaye. Ces hommes nous ont ouvert leurs archives réchappées de la censure. En Algérie, nous sommes partis à la recherche des derniers témoins et victimes de cette guerre chimique. Nous nous sommes appuyés sur des localisations d’opérations, celles que Christophe Lafaye a réussi à recenser, celles mentionnées par nos personnages et sur des articles de presse. Le périple aurait pu nous conduire dans toutes les régions montagneuses d’Algérie. Dans ce film, je tenais à appuyer les dires des Algériens et des Français et faire une démonstration par la preuve. Il fallait donner à voir les archives militaires. Nos demandes de tournage à ce sujet au Service Historique de la Défense ont été refusées. Mais les archives nationales d’Outre-Mer ont accepté notre tournage. Et l’historien Christophe Lafaye nous a présenté le résultat de ses années de recherches et de bataille juridique pour obtenir la consultation de quelques documents administratifs militaires». La réaction de panique que vient de prendre la France permet de comprendre son refus de déclassifier ses archives durant la guerre d’Algérie et de se rendre à l’évidence que malgré tous les accords qui pourraient être conclus, des entraves subsisteront pour les maintenir dans les chambres d’archives fermées à double tour. Le pays des « Cocorico » fait profil bas. Quand on vous disait qu’il ne faut jamais prendre la parole française comme « argent comptant » !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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