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Ukraine : encerclée par les rebelles, Debaltseve survit sous les obus

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Le convoi est entré avec trois autobus dans Debaltseve,, encerclée par les rebelles. Il en ressort avec un véhicule presque calciné, aux vitres brisées, et les deux autres bondés d’habitants fuyant cette ville de l’est de l’Ukraine, théâtre d’intenses bombardements. Les véhicules chargés de réfugiés étaient encore en pleine ville quand les obus ont commencé à pleuvoir. « Il y avait des gens à l’intérieur mais Dieu soit loué entre deux explosions, ils ont pu sortir», raconte Natalia Voronkeva, une volontaire qui a commencé il y a deux semaines à organiser l’évacuation d’habitants de Debaltseve. Cette localité de 25.000 habitants avant la guerre est aujourd’hui presque encerclée par les rebelles pro-russes. Les combats y sont intenses, les échanges de tirs des deux camps, soldats ukrainiens et rebelles, incessants. «On a perdu un de nos véhicules. Une jeune fille de 14 ans a été blessée ainsi que deux chauffeurs. C’était une mission extrême», ajoute-t-elle. La jeune femme, aux longs cheveux bruns, a pu évacuer dimanche une quarantaine de personnes de Debaltseve, et 28 autres depuis le village voisin de Mironivski.
L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et des ONG ont à plusieurs reprises accusé les deux parties impliquées dans le conflit de recourir à l’utilisation d’armes lourdes depuis des zones habitées, ce qui provoque des tirs de riposte, faisant de nombreuses pertes civiles.

«Pas d’eau, pas d’électricité, pas de chauffage»
«Les gens fuient car les tirs sont incessants. Dans la ville, il n’y a pas d’eau, pas d’électricité et pas de chauffage», énumère Evguen Ioukhanov, le chef du poste de police. Mais «la police et les militaires ne cèderont pas la ville, et on restera jusqu’au bout», ajoute cet homme de 38 ans loyal à Kiev. Peu après, deux tirs de mortiers tombent à quelques mètres. Les policiers montant la garde se ruent à l’intérieur du bâtiment. Une femme et sa fille de 15 ans s’y précipitent aussi. «Je ne veux pas partir, j’ai tout ici. Comment je ferais pour l’argent? Et puis j’ai peur de prendre la route», dit Marina, mère apeurée dans les couloirs. Dehors, les maisons détruites et les immeubles éventrés se succèdent. Les rues sont remplies de soldats ukrainiens. «Je me bats pour tous les enfants, pas que pour les miens», lance Nica, une combattante du «bataillon Donbass» formé de volontaires, visage camouflé sous une cagoule et kalachnikov à la main.
«On n’est pas allé chez eux, en Russie. On ne leur dit pas que Leningrad (nom donné à la ville de Saint-Pétersbourg sous le régime soviétique, ndlr) ou Voronej étaient à nous. Le Donbass est à nous, Donetsk, Lougansk, ce n’est pas la Nouvelle Russie, c’est l’Ukraine», lance cette femme de 50 ans, mère de quatre enfants.

«On veut le calme»
Terrés dans des abris sous-terrain, les habitants ne mettent le nez dehors que pour aller se ravitailler en eau potable lorsque la citerne du ministère des Situations d’urgence arrive en ville. «Je n’ai pas pu changer de vêtements depuis le 21 janvier. On peut à peine se laver les mains. Ils nous ont donné un générateur mais pendant deux jours on n’a pas eu de lumière du tout», raconte Alla, 69 ans, qui vit dans le sous-sol des bâtiments de l’administration des chemins de fer. Sa voisine de chambrée Lioudmila, 69 ans également, explique vivre dans le refuge depuis six mois. Mais avant, «je dormais simplement là-bas et je rentrais chez moi durant la journée». Désormais «c’est impossible», dit cette femme à l’air fatigué. Pour manger, ces deux retraitées et les autres habitants de l’abri font cuire leurs aliments sur un petit feu de bois de fortune. «Des volontaires nous apportent du pain, de quoi manger», dit Lioudmila. Entre les conditions de vie déplorables et le grondement effrayant des tirs, les deux retraitées ne décolèrent pas. «On ne veut ni de la Garde nationale (composée de volontaires ukrainiens, ndlr), ni de la DNR (République populaire autoproclamée de Donetsk, ndlr), on veut le calme», lance Lioudmila. «Sous Ianoukovitch, il n’y avait pas ça et la Crimée était encore à nous», renchérit Alla, faisant référence au président prorusse renversé l’an passé après un mouvement de protestation à Kiev.

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