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Trump ne peut pas faire comme Roosevelt

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Par Ali El Hadj Tahar

Il est indéniable que les crises suscitent des processus dynamisants dans certaines sociétés, en réveillant et stimulant l’imagination et la créativité dans la recherche de solutions nouvelles. Elle peuvent aussi, par contre, susciter un sentiment anesthésiant qui paralyse et pousse à davantage de chaos. Cela semble être le cas des États-Unis dont tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur, a constaté la gestion catastrophique de la crise sanitaire mais qui, au lieu de chercher à la dépasser et à en tirer des conclusions bienfaitrices, s’entêtent dans des voies de confrontation. Il est indéniable que la préoccupation essentielle du président Donald Trump était le retour aux affaires internes mais il n’a jamais eu les coudées franches et a dû plier sur beaucoup de dossiers pour rester au pouvoir.
Trump n’a jamais considéré la Russie comme un ennemi et était plutôt focalisé sur le Chine, qu’il considérait plus comme une menace économique que comme une menace militaire, conscient qu’aucune puissance nucléaire n’oserait s’attaquer à l’autre et que l’arnaque des détenteurs du pouvoir réel consiste à brandir l’épouvantail de l’ennemi extérieur pour doper le complexe militaro-industriel dénoncé par le président Dwight D. Eisenhower en 1961. En mai 1988, Géorgyi Arbatov, président de l’Institut des États-Unis et du Canada à Moscou, a dit à Newsweek :
«Nous allons vous faire une chose terrible, nous allons vous priver d’ennemi. » Mais en 2001, les États-Unis ont inventé une fausse menace en dopant Al-Qaïda après l’attentat du World Trade Center, puis en attaquant l’Irak et lançant des opérations de déstabilisation dans le monde dont celles du « printemps arabe ». Le Complexe militaro-industriel, que plusieurs analystes considèrent comme le véritable décideur de la politique américaine, est aujourd’hui en train de désigner la Chine comme ennemi numéro un, comme une sorte de préparation au menu du Sommet de l’OTAN en 2021.
En effet, alors que la situation sanitaire semble s’aggraver et que les Républicains et Démocrates sont plus divisés que jamais, le président Trump ne trouve pas mieux que la fuite en avant en accusant la Chine de ses problèmes internes. Comme pour les accusations contre l’Irak et ses « armes de destruction massive », c’est encore un rapport
« secret » des renseignements américains, remis au président Trump fin mars et rendu public, qui a servi de source à l’accusation selon laquelle la Chine aurait sciemment tardé à donner l’alerte sur le Covid-19. L’État profond désigne donc le coupable, pour dédouaner la politique de destruction du système de santé américain qui a mené au chaos actuel. Alors que beaucoup de nations cherchent une nouvelle vision du monde après le coronavirus afin d’épargner à la planète plus de dégâts et donc moins de pandémies et de catastrophes naturelles, les États-Unis semblent focalisés sur un ennemi extérieur. Trump aurait certainement aimé avoir la même marge de manœuvre que Franklin D. Roosevelt qui, devenu président des États-Unis en 1933, en pleine Dépression, a commencé à sortir son pays de la première crise économique mondiale dès les 100 premiers jours de sa présidence.
Même s’il veut le faire, Trump ne pourra pas prendre les décisions de Roosevelt, qui a fermé temporairement les banques, décrété une loi régulant la vente d’actifs financiers, remis 250 000 Américains au travail, dans les domaines des forêts, de l’érosion des sols et de la gestion de l’eau, mis en place une parité des prix alimentaires, gelé les fermetures des exploitations agricoles, établi un système de crédit pour les agriculteurs, lancé un projet d’infrastructure géant à long terme, voté une loi refinançant les hypothèques immobilières pour les propriétaires sur le point de perdre leur logement, fait voter une loi séparant les banques de dépôt et les banques d’affaires… Dans un geste désespéré, Trump donne des centaines de milliards de dollars à ces mêmes entreprises qui ont mené l’Amérique à sa situation actuelle pendant que les files des demandeurs de soupe populaire s’allongent par dizaines de millions.
A. E. T.

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