Si l’été est synonyme de repos et de loisirs pour de nombreux citoyens il existe une partie de la frange de la population, notamment celle des jeunes qui mettent à profit la saison estivale pour engranger un peu d’argent pour financer un projet ou tout simplement venir en aide à la famille au moment oû la vie est devenue assez chère pour un salarié.
Ainsi les anciennes habitudes commencent à disparaître et les jeunes préfèrent travailler pendant ces grandes vacances qu’ils considèrent comme très longues. Un peu de débrouillardise et de connaissance sont le filon de centaines de jeunes en quête d’un travail saisonnier. Toutefois, il est important de souligner que pour l’heure c’est la gent masculine qui s’intéresse à ces jobs d’été contrairement aux filles qui préfèrent passer leurs vacances au bord de la mer et surtout faire la fête lors des cérémonies de mariage ou de circoncision. Cette philosophie du travail pendant les vacances commence à s’installer durablement dans notre société et unanimement les jeunes y sont favorables. Chacun trouve son compte. L’employeur embauche puisque sa clientèle double pendant les vacances et les recrues en profitent pour économiser et garantir les frais quotidiens et les à-côtés. Il faut dire que les vacances sont devenues un moyen de mettre un pied dans le monde du travail, acquérir une petite expérience et découvrir un autre univers. Un jeune saisonnier nous dira qu’il profite mieux de ses vacances quand il travaille, car il ne se sent pas inutile, la journée boulot, et le soir repos et loisirs, il ne s’en plaint pas et n’a pas le temps de s’ennuyer. Yacine, un jeune étudiant habitant Hay Bensouna dans le centre-ville de Chlef , travaille «comme d’habitude» dans une pizzeria, il fait un peu de tout… «Serveur, cuisinier et même plongeur». Chaque vacance, il rejoint la pizzeria. Pour lui, il est «nécessaire de bosser» car cela lui assure une «autonomie financière» et surtout il économise pour pouvoir «s’inscrire à l’examen du permis de conduire». Rien n’est délaissé, les jeunes font tout ce qui leur est offert ou surtout tout ce qu’ils trouvent. Exception faite, nous avons rencontré Souhila, une bachelière qui s’est inscrite en première année de sciences-po qui a préféré consacrer le mois d’août à la confection de gâteaux chez une dame. La jeune étudiante travaille avec cette dame qui confectionne les gâteaux pour les mariages. La «patronne est débordée en ce mois d’août, elle fait, donc, appel à moi pour lui filer un coup de main. Ça me rapporte des sous et une grande expérience en pâtisserie», dira -t-elle. Dans cette lignée, Youcef a plus de chance car il travaille en tant que D.J. Très connu, les fêtards font appel à lui pour animer les fêtes de mariage. Youcef ne se plaint pas car il gagne assez d’argent au cours de cette période d’été. À 12.000 dinars la soirée, notre jeune D.J s’en sort apparemment très bien. Quant aux moins chanceux ces derniers enchaînent les petits boulots de journaliers, tantôt dans le transport de marchandise ou aide maçon ou plombier. Certes, ces métiers «sont éreintants mais c’est une source d’argent. On les accepte quand on sait que nos parents ne peuvent pas nous garantir l’argent du transport ou de la fairmiture scolaire vu la cherté de la vie», nous racontera un petit groupe de manœuvres. De plus en plus de jeunes se ruent vers les jobs d’été qui commencent à se faire rares vu la demande. «Il faut savoir les dénicher et avoir la capacité de convaincre l’employeur par son sérieux car sans recommandation, les employeurs restent réticents quant à la confiance et au sérieux du candidat», révèlera ce serveur. Enfin, Les jobs d’été permettent la découverte du monde du travail et aussi l’autonomie financière des jeunes qui sont toujours à la charge des parents même après la fin de leurs études, crise oblige. Tous les jeunes que nous avons côtoyés trouvent cette initiative porteuse de fruits car c’est une aubaine pour eux de pouvoir se libérer économiquement même si le gain reste insuffisant et le boulot précaire.
Bencherki Otsmane