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Transsaharienne : un outil idéal pour la sécurisation de la région

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La route Transsaharienne (RTS) longue de 9 500 kilomètres, reliant Alger à Lagos, ou ce que le ministre des Travaux publics (MTP), Abdelkader Ouali, nomme «l’Autoroute Nord-Sud», figure parmi les importants projets africains indispensables à la sécurisation la région, contre les assauts terroristes qui la menacent fréquemment sur ses frontières.

Les dividendes stratégiques, économiques, mais aussi politiques découlant de la mise en exploitation de ce long réseau routier, en sont les raisons palpables des espérances mises en la matière. Les États membres (Algérie, Tunisie, Mali, Nigeria, Niger et le Tchad) y accordent un intérêt particulier, notamment depuis que le constat peu reluisant fait par des experts sur le peu d’échanges entre pays africains, par rapport à ceux que ceux-ci fassent avec les Américains ou les Européens. C’est dans cette optique que s’est tenue la 64e session du Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT), les 26 et 27 avril, au Cercle de l’Armée nationale, à Béni-Messous, en présence des ambassadeurs des pays membres, des ministères ayant un lien très étroit avec le projet de la route Transsaharienne, la CNED, les délégations des pays membres du CLRT, les représentants des institutions financières (Banque interaméricaine de développement ou BID, Banque arabe pour le développement économique en Afrique, Banque africaine de développement ou BAD,…), les représentants des entreprises de réalisation, les labos, les bureaux d’études (notamment l’algéro-koweitien TAEP/CEGEP), les élus des deux Chambres et les cadres du MTP. Tradition biannuelle, devenue annuelle, depuis quelques, au regard de l’importance croissante prise par ce projet lancé en 1970, qui intervient, faut-il le rappeler, dans l’objectif de la création de 9 grands axes transafricains (GAT) a été mise en œuvre par les Nations unies, dans le cadre des «deux décennies de transport et de communications 1978-1988 et 1991-2000», le CLRT de 2016 se tient à Alger après celui de Bamako, l’année passée. Le projet s’étend, comme déjà rapporté, d’Alger à Lagos au Nigeria. Il est composé de 3 branches : Ghardaïa (Algérie) vers Tunis (Tunisie),Tamanrasset (Algérie) vers Bamako (Mali) et Zinder (Niger) vers N’Djamena (Tchad). Dans son intervention, le ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, a indiqué que depuis l’avènement de Bouteflika, en 1999, à ce jour, 200 milliards DA (environ 3 milliards de dollars), en ce qui concerne bien sûr la partie algérienne, ont été consacrés à ce projet, pour «terminer, moderniser et développer le tronçon de la Transsaharienne, situé sur son territoire au titre des programmes 2005-2009 et 2010-2014». Une grande partie du tronçon, situé entre Alger-Ghardaïa, long de 484 kilomètres, sera dédoublée. Le ministre annonce que 262 km reliant Blida à Ghardaïa ont été déjà livrés, 60 kilomètres le seront ce mercredi, ceux-ci reliant Berrouaghia (Médéa) à Laghouat, passant par Djelfa, que 130 km seront réceptionnés, selon les prévisions, à la fin de l’année en cours. Ceci représente un taux de réalisation de 70% du global. La partie restante, couvrant Ghardaïa-Ménéa, est en étude, précise le ministre. À cela s’ajoutent la construction de logistique, de conditionnement, de congélation, de distribution et autres accompagnements à l’acheminement de la marchandise. Ouali n’omet pas de mettre en relief, également, l’apport que doivent jouer les deux ports de Djendjen à Jijel, et le grand port du Centre (6 millions de conteneurs/an et 25 000 tonnes de marchandises) implanté à Cherchell, dans la wilaya de Tipasa, dans le cadre du trafic commercial entre pays africains. Pour ce faire, il sera procédé à la réalisation de pénétrantes à partir de ces deux ports vers l’Autoroute Nord-Sud. Aussi, le ministre déclare qu’un port sec sera réalisé dans la wilaya de Tamanrasset, en vue de permettre aux investisseurs africains, transitant par celle-ci, d’y trouver un espace de stockage de leurs marchandises. La route Transsaharienne serait devenue une nécessité, depuis que des experts identifient comme étant son directeur des projets au niveau de son département, Mohammed Mahieddine en l’occurrence, ait relevé que l’acheminement des marchandises entre l’Algérie et le Mali, pour l’exemple, durait deux mois, et que le coût du transport constituait 40% du coût total de l’investissement. Ce qui est considéré comme un lourd fardeau pour l’opérateur économique africain. Dorénavant, à l’issue de la livraison très attendue de la RTS, la durée sera réduite à une semaine, alors que la proportion du transport par rapport à l’investissement sera, elle, de l’ordre de 5%. Sur le délai de 36 mois imparti à l’achèvement des travaux, le ministre n’y tient pas cas, du fait, explique-t-il, que les contraintes de terrain entravant le bon déroulement attendu, tels l’expropriation des terrains privés, les réseaux souterrains et autres sont légion.

14 000 km pour sécuriser l’Algérie
Outre cela, toujours dans un souci de sécurisation primordiale pour le développement économique des régions, le MTP affirme que 14 000 km de routes et de pistes sont réalisées à l’échelle nationale, afin de désenclaver les régions déshéritées et permettre aux éléments de l’Armée nationale populaire (ANP) d’effectuer, aisément, leurs missions de lutte contre le terrorisme. Ne se privant pas de louer les efforts de l’État en matière de renforcement du réseau routier, Ouali parle de 8 750 km à réaliser dans le Programme normal, tout en précisant que 24 000 km ont été construits depuis 1999 à ce jour, dont 70% sont bitumés, ce qui est loin de la norme africaine estimée, elle, à 23% seulement. Sur les 1 200 km concernant l’Autoroute Est-Ouest, dont il en reste 87 km entre Taref et la Tunisie, Ouali dit que cet exploit est une spécificité algérienne, des pays avancés n’ont pu, ce qu’il a récolté des propos par-ci par-là, le faire, citant, comme exemple, le Portugal. «On a un important rendez-vous avec l’Histoire. L’Algérie est incontestablement le moteur de croissance de l’Afrique». C’est en ces termes que le MTP, Ouali a conclu le point de presse organisé en marge de la 62e session.

Livre blanc pour le transport africain
Pour sa part, Mohammed Ayadi, le SG de la CLRT, parle, lui, de bel exemple de coopération active. Un livre blanc qui sera établi incessamment entre l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), permettra une meilleure identification d’une infrastructure de transport africaine. Il annoncera, concernant le développement de la RTS, que les pays qui ont vu leurs travaux sur leurs territoires respectifs bien avancés, sont l’Algérie, la Tunisie et le Nigeria, soit les mieux nantis. Le Mali enregistre un taux de 50% sur les 2 400 km qui lui sont réservés, des bailleurs de fonds de l’Union européenne s’étant, il y a de cela 15 jours, engagés à financer le projet.
Le Niger a vu, quant à lui, le lancement du projet de réalisation de 225 km sur 1 130 km concernés, les contraintes financières qui durent depuis décembre 2012 en sont les obstacles déclarés. Alors que le Tchad, semble, plus au moins mieux loti, car 280 km sont en cours de réalisation et 140 km ont vu la notification de leur financement finalisée. Le SG déplore une faible densité des routes africaines, le plus faible au monde, estimée à 6,8 km pour 100 km2, alors que la norme mondiale est de 18 km pour 100 km2. L’entretien y est également le plus faible à l’échelle planétaire. La productivité des entreprises dans le secteur des travaux publics est de moins de 40%. Tous ces facteurs auxquels est venu se greffer un sous-équipement de la zone concernée par le RTS, le manque de chemin d’aménagement, la faible commercialisation entre pays voisins par rapport à celle entre ces derniers et des pays américains et européens, ont incité, prioritairement, à accélérer la cadence des travaux de la RTS. Enfin, le conférencier rendra hommage au défunt Benhouam Abdennour, qui a occupé le poste de SG de la CLRT pendant 18 ans.
Zaid Zoheir

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