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TRANSFERT DES MALADES À L’ÉTRANGER : Le privilège des uns et l’exclusion des autres

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De nos jours, les pages qui se multiplient sur Facebook pour  sauver des malades sont la preuve tangible de l’ampleur de la défaillance du système de santé algérien. Un drame médical dans lequel les malades sont livrés à eux même et se battent pour faire entendre leur voix en appelant à la solidarité populaire, se sentant ainsi délaissés par le système de prise en charge médicale, voire otages d’une gestion mal réfléchie. Ces malades, de plus en plus nombreux, lancent des « SOS » à travers les journaux et les télévisions privées afin de collecter des sommes leur permettant d’assurer le règlement d’interventions chirurgicales onéreuses à l’étranger. Ces appels de détresses trouvent souvent des répondants parmi les âmes charitables, mais la solution doit se trouver ailleurs au niveau du ministère de la Santé. Le système de santé porte préjudice à cette classe fragile de la société où des milliers de malades ne peuvent se soigner, ni en Algérie ni ailleurs, car le transfert des malades à l’étranger a toujours été l’apanage des privilégiés et autres pontes des pouvoirs successifs. L’Algérien « lambda » peut mourir de sa maladie sans que personne ne s’offusque. Et pourtant, le droit à la santé et l’égalité des chances pour toutes les populations dans le sens que chaque individu, femme, homme ou enfant, quelque soit son niveau social, a le droit d’être traité avec dignité et respect. Et a le droit d’évoluer dans un état complet de bien être physique, mental et social, selon ce que lui confère la Constitution. Ce droit qui est garanti par le Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), ainsi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais cela représente une chimère dans notre pays, car ce droit absolu profite à une certaine catégorie sociale, où souvent certains hauts responsables transfèrent leurs épouses pour un simple accouchement où un petit « bobo ». De ce fait, les classes moyennes et démunies sont exclues, et les cliniques privées qui pullulent à chaque coin, drainant parfois des compétences avérées de rue ne sont accessibles qu’à ceux qui peuvent verser des sommes colossales. Cela dit, les soins à l’étranger sont donc l’apanage de ceux qui entretiennent des liens solides avec la «nomenklatura». C’est-à-dire les hauts responsables au niveau des centres de décisions. En dehors de ce contexte, les malades gravement s ont tout le temps de mourir en cherchant longtemps une place dans un hôpital public en attendant que ce dernier se dote de médicaments et de matériels appropriés.

L’exemple édifiant des centres anti-cancéreux
Devant ce déni de droit à la santé et à l’égalité des chances, le malade se trouve confronté à un dilemme, entre une clinique privée et une quête pour un transfert à l’étranger. Il subira toutes les tribulations possibles et inimaginables au détriment de sa maladie sans jamais ou presque obtenir une faveur. Et pourtant tout le monde le sait : nos hôpitaux sont devenus des mouroirs à l’image des centres anti-cancéreux, dont le nombre est effarant et ne cesse d’augmenter d’année en année. Ce sont les chiffres qui le disent : 50 000 cas de nouveaux cancéreux sont diagnostiqués et devant lesquels les médecins sont impuissants : rareté des places difficile à obtenir dans les hôpitaux, les rendez-vous pour la radiothérapie qui s’étalent sur plusieurs mois, des ruptures des médicaments destinés aux traitements de certaines maladies et des pannes fréquentes d’appareils aggravant la souffrance de nombreux malades, tels ceux atteints de pathologies rares. Mais le plus grave et le plus étrange reste cette restriction d’importation de certains médicaments où les demandes faites pour les acheminer n’aboutissent pas. C’est pour toutes ces raisons que l’on ne peut tolérer de réserver l’argent de la sécurité sociale (CNAS) et du ministère de la Santé pour des soins à l’étranger à quelques privilégiés et que nul ne peut nier cette réalité.
La détresse des malades ne pouvant être soignés en Algérie et qui nécessitent une prise en charge à l’étranger se perdent dans les dédales de l’administration et font face à moult obstacles, alors que se décident des transferts en un clin d’œil pour des personnalités, ou des connaissances et familles de notabilités. Et selon certains témoignages, il est même rapporté que des personnes ont bénéficié des soins à l’étranger dans des hôpitaux parisiens ou suisses, alors que leurs cas étaient sans gravité, où les séjours sont au frais de la CNAS. Alors reste la question : Pourquoi nos responsables préfèrent se soigner ailleurs, délaissant nos hôpitaux  et pourtant ils vantent à qui veut les croire que notre système de santé est performant ? Seulement, la réalité, elle, est encore plus douloureuse pour les malades et leurs proches.
Mâalem Abdelyakine

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