Des groupes rebelles syriens ont lancé lundi une offensive majeure contre les secteurs tenus par le régime à Alep après que l’armée a coupé leur unique voie de ravitaillement vers la métropole divisée et meurtrie par les combats.
Deuxième ville de Syrie et l’un des enjeux majeurs de la guerre, Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers aux mains du régime à l’Ouest et quartiers contrôlés par les groupes rebelles à l’Est. Le 7 juillet, les forces prorégime, qui cherchent à assiéger totalement les quartiers rebelles pour ensuite tenter de les reprendre, sont parvenues à couper de facto la route dite du Castello, dernier axe de ravitaillement vers ces quartiers.
« Les rebelles ont lancé une vaste offensive sur quatre fronts contre les forces du régime à Alep, notamment dans la vieille ville », elle aussi divisée, a affirmé le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. »De violents affrontements sont en cours mais les rebelles n’ont pas progressé en raison des intenses raids aériens du régime sur les zones de combat », a-t-il ajouté.
Les rebelles ont tiré quelque 300 roquettes sur les secteurs ouest d’Alep, tuant au moins neuf personnes, selon l’OSDH. La télévision d’état a fait état de huit civils tués et 80 personnes blessées. Aucun bilan de victimes des combattants des deux camps n’était disponible dans l’immédiat.
Les roquettes «pleuvent»
La maison d’Ahmed, un habitant du quartier des Syriaques dans le secteur gouvernemental, a été complètement détruite. « Les roquettes ont commencé à pleuvoir sur les quartiers ouest à partir de 04H30 (01H30 GMT) », a-t-il dit à l’AFP. Des habitants de ce quartier se sont rassemblés dans l’une des rues touchées par le pilonnage pour soulever les tas de débris et aider les personnes à récupérer leurs affaires pour fuir dans un endroit plus sûr.
« Les bombardements sur les quartiers ouest sont toujours en cours, le bruit est très fort », affirme Ahmed. Les rebelles ont recours à « l’artillerie lourde et toutes sortes d’armes à feu » dans une offensive qui « vise à réduire la pression » sur le front près de la route du Castello, a indiqué Mahmoud Abou Malak, porte-parole d’un groupe rebelle à Alep. La veille, une contre-attaque des insurgés pour repousser les forces du régime loin de la route du Castello a échoué. Au moins 29 combattants du groupe rebelle islamiste Faylaq al-Cham et de son allié du Front Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) avaient été tués.
Ces violences interviennent malgré la trêve décrétée par le régime de Bachar al-Assad à l’occasion de la fête musulmane du Fitr et renouvelée samedi pour 72 heures. Mais dans les faits, le régime a poursuivi son offensive visant à encercler Alep, ainsi que ses bombardements sur les localités rebelles ailleurs dans le pays.
«Très peu de légumes»
Les forces progouvernementales se trouvent à moins de 500 mètres de la route du Castello et peuvent tirer sur toute personne ou tout véhicule empruntant cet axe au nord d’Alep utilisé dans leurs mouvements par les civils comme les rebelles. La route est ainsi de facto coupée.
Le régime tente d’avancer pour la reprendre et assiéger ainsi totalement les quartiers rebelles, où vivent quelque 200 000 personnes. L’arrêt de tout ravitaillement depuis quelques jours a renforcé les craintes de pénurie, les produits de première nécessité devenant de plus en plus rares. « Il y a très peu de légumes aujourd’hui parce que la route du Castello est coupée », soupire Abou Mohamed, un vendeur.
« Si nous n’avions pas planté d’aubergines et de courgettes à Alep nous n’aurions plus de légumes du tout », dit-il, pointant du doigt son maigre stock de marchandises.
Des habitants se plaignent également de la difficulté de se procurer du carburant. Selon l’ONU, près de 600 000 personnes vivent dans des zones ou localités assiégées en Syrie, dans la plupart des cas par les forces gouvernementales, sans accès à la nourriture ni à une aide médicale.
Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime s’est transformée en guerre dévastatrice dans laquelle sont maintenant impliqués une multitude d’acteurs locaux, régionaux et internationaux. Le conflit a fait plus de
280 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.