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Euro 2016 : le Portugal sur le toit de l’Europe

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En s’imposant contre l’équipe de France au Stade de France face au pays organisateur de l’Euro, le Portugal a fait tomber deux victoires sur deux adversaires différents : la sélection française… et la lose. C’était écrit. Après les succès de l’Allemagne contre l’Italie et de la France sur cette première, il était devenu évident que le Portugal viendrait à bout de ses deux bêtes noires, à savoir la France et la serrure de l’armoire à trophées. Le succès obtenu par les hommes de Fernando Santos est donc doublement symbolique, voire plus encore si l’on prend en compte la dimension historique et culturelle que représente pour le peuple portugais une victoire finale lors d’une compétition majeure organisée sur le sol français. Mais restons sur le terrain sportif, le terrain tout court. Le Portugal n’était jamais venu à bout de la France en compétition officielle, défait à chaque fois à l’issue de demi-finales aussi épiques que similaires. En 1984 et 2000, les Portugais avaient fait le plus dur en prenant l’avantage, avant de rendre gentiment les clés du match à une France qui – même quand elle était a priori inférieure en 2006 -, n’a jamais vraiment su comment elle pouvait s’incliner contre la Selecção. « Je ne vois pas comment on pourrait perdre contre le Portugal » est d’ailleurs revenue avec récurrence avant la finale de l’Euro 2016. Car les Tugais ont toujours eu cette étiquette d’équipe chiante, mais incapable de battre les Bleus et encore moins de soulever un quelconque trophée. C’était le Portugal des Chalana, Rui Jordao, Luís Figo, Rui Costa, Nuno Gomes, Abel Xavier, Deco et même Cristiano Ronaldo. Le Portugal qu’on aimait voir, parce qu’il jouait bien au football sans jamais gagner. Jusqu’ici, la Lusitanie du football était une sorte de Pays-Bas – encore plus perdante. Autant dire que le 10 juillet, la mission était doublement insurmontable pour les visiteurs.

Gagner comme la Grèce, le destin du Portugal
La manière avec laquelle le « deuxième pays hôte » est allé arracher son premier trésor en dit également long sur l’attente et les frustrations d’un petit pays de l’époque contemporaine, avide de reconnaissance et de pouvoir, comme ce pouvait être le cas des siècles plus tôt. Gagner sur un but d’Éder dans le pays d’accueil de l’Euro en déjouant pendant toute la phase finale est symbolique, car il fait irrémédiablement penser à la Grèce d’Angelos Charisteas. Mais il démontre surtout que cette équipe a compris qu’avant d’espérer gagner en étant la plus belle formation d’un tournoi, il fallait peut-être déjà apprendre à gagner, quitte à être moche. Ce n’est pas un hasard si les meilleurs joueurs lusitaniens de la phase finale de l’Euro – Pepe, Rui Patrício, Fonte, Renato – sont avant tout des démolisseurs – même si Pepe est un bon relanceur et que Renato a un apport offensif considérable. Même Cristiano Ronaldo – qui pestait il y a quelques mois parce que Rafa Benítez voulait le faire participer aux tâches défensives, tout comme un certain José M. avant lui -, a compris qu’il devait rentrer dans le moule, quitte à moins briller, voire à être laid. Savoir accepter de souffrir est bien souvent la clé qui mène au chemin du succès. Fernando Santos le savait, et il en était encore plus convaincu après le quasi-cauchemar de la phase de poules, déterminant dans la manière d’aborder la suite des événements pour le nouveau champion d’Europe. Une fois que le pays avait accepté ce schéma peu glorieux, mais ô combien efficace, il avait, sans le savoir, augmenté les chances mathématiques de battre sa plus féroce bête noire et de soulever son dû, laissé sur le bord de la route à des Grecs qui, douze ans plus tôt, leur montraient le chemin à suivre. Aujourd’hui, le Portugal a enfin battu la France en match de phase finale et a, par la même, ouvert son palmarès. S’il est impossible de savoir concrètement si cela marque le début d’une ère gagnante à l’ouest de la Péninsule ibérique, il ne fait plus aucun doute que la Selecção n’est plus cette équipe sympathique qui perd systématiquement contre les Bleus et contre n’importe quel favori qui lui disputerait un trophée. Le double-complexe est tombé. Aujourd’hui, le Portugal fait partie du camp des vainqueurs. Pour toujours.

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