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Syrie : Les forces anti-EI ratissent Baghouz avant d’annoncer la victoire

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Les forces antijihadistes en Syrie ont ratissé jeudi dernier l’ultime poche du groupe Etat islamique (EI) dans le village de Baghouz, prélude à l’annonce officielle de la chute du «califat» autoproclamé il y a près de cinq ans par l’organisation ultraradicale.

Engagées depuis septembre 2018 dans une offensive contre la dernière enclave jihadiste dans l’est syrien, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont entrées mardi dans le camp de fortune où s’étaient retranchés les jihadistes, à Baghouz, dans la province de Deir Ezzor.
La perte dans son intégralité de cette ultime petite poche au bord du fleuve Euphrate, signerait la fin territoriale de l’EI en Syrie, après sa défaite en Irak en 2017. «Nos forces mènent des opérations de ratissage et recherchent» d’éventuels jihadistes cachés dans le camp, a indiqué à l’AFP Mustafa Bali, un porte-parole des FDS, soutenues dans la bataille par une coalition internationale conduite par les Etats-Unis.
«Dès que ces opérations seront achevées, nous annoncerons la libération» du territoire, a-t-il dit. Selon Jiaker Amed, un autre porte-parole des FDS, «plusieurs cachettes ont été découvertes» dans le camp. Si les combattants ne se rendent pas, nous lancerons une nouvelle opération contre eux». Les armes se sont tues sur le front et seul reste audible le vrombissement de quelques avions de la coalition, qui n’ont mené aucune frappe dans la journée, a constaté une équipe de l’AFP sur place.
Au sommet d’une colline surplombant le campement, les drapeaux des FDS et d’autres factions antijihadistes flottent au vent. Des combattants des FDS circulent sans armes dans un terrain vague jonché de véhicules calcinés qui séparait auparavant le campement jihadiste des positions de l’alliance arabo-kurde.

«Quelques jours»
Jusqu’à mercredi, des camions transportant notamment des femmes et des enfants sont sortis de Baghouz. Depuis janvier, plus de 67.000 personnes ont quitté l’ultime poche de l’EI, dont 5.000 jihadistes arrêtés après leur reddition, selon les FDS. Les civils parmi elles, la plupart des familles de jihadistes, ont été transférés dans des camps, principalement dans celui d’Al-Hol (nord-est). Là, plus de 72.000 personnes, dont plus de 40.000 enfants, sont regroupées dans des conditions difficiles, selon l’ONG Comité international de secours (IRC). Depuis décembre, 132 personnes, dont une grande majorité d’enfants de moins de cinq ans, sont décédées en route vers le camp ou peu après leur arrivée. Depuis le début de l’offensive le 10 septembre 2018, 750 combattants des FDS ont péri et presque le double de jihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La «défaite définitive» de l’EI devrait être annoncée d’ici «quelques jours» par les FDS ou la coalition internationale, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, dont le pays contribue à hauteur de 1.200 hommes aux opérations de la coalition. Le même jour, le président américain Donald Trump s’est lui de nouveau empressé d’annoncer avant l’heure la victoire contre l’EI.

«Petit point»
M. Trump a vanté, en montrant des cartes, les progrès dans la lutte contre l’EI depuis son arrivée au pouvoir. «Il y a un tout petit point, et il aura disparu ce soir». Il a ajouté qu’environ 400 soldats américains resteraient finalement en Syrie «pour un certain temps», après avoir initialement annoncé en décembre le retrait prochain de la totalité des quelque 2.000 soldats déployés dans ce pays. L’annonce de décembre avait pris de court les partenaires de Washington au sein de la coalition. L’EI avait proclamé en 2014 un «califat» sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l’Irak, avant que son territoire ne se réduise comme peau de chagrin ces deux dernières années avec la multiplication des assauts contre l’organisation jihadiste. Mais le groupe ultraradical, responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers dans des pays arabes et occidentaux, a semble-t-il déjà entamé sa mue en organisation clandestine, et mène toujours des attaques sanglantes. Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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