Accueil MONDE Syrie : «Le temps est compté» à Alep prévient l’ONU, Damas inflexible

Syrie : «Le temps est compté» à Alep prévient l’ONU, Damas inflexible

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L’émissaire de l’ONU en Syrie a averti que le «temps était compté» pour éviter un «écroulement» des quartiers rebelles d’Alep, soumis à des bombardements meurtriers du régime qui avance face aux insurgés.

Lors d’un entretien informel au Pérou, le président américain Barack Obama a demandé dimanche à son homologue russe, Vladimir Poutine, allié de Damas, des efforts accrus pour limiter les violences et la souffrance des habitants. «Une fois que la Russie et l’Iran ont pris la décision de soutenir Assad dans sa campagne aérienne brutale (…) il était difficile de voir une façon pour l’opposition, même entraînée et modérée, de maintenir sa position très longtemps», a-t-il déclaré en conférence de presse, se disant «peu optimiste» sur l’avenir immédiat du pays. A New York (Etats-Unis), le Conseil de sécurité doit évoquer les efforts humanitaires dans le pays lundi à partir de 15H00 GMT. En visite à Damas, l’émissaire Staffan de Mistura a demandé dimanche l’arrêt des attaques qui se sont intensifiées ces derniers jours contre les civils à Alep, la grande ville du Nord syrien, «horrifiant» l’ONU. Les bombardements menés par l’armée du président syrien Bachar al-Assad ont tué 115 civils, dont 18 enfants depuis mardi dans les quartiers Est d’Alep tenus par les rebelles, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Et au moins huit enfants sont morts dans les quartiers gouvernementaux après des tirs rebelles sur une école, selon les médias officiels et l’OSDH. «Le temps est compté et nous menons une course contre la montre» pour éviter une catastrophe humanitaire, a affirmé M. De Mistura aux journalistes, après avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem.

«Tragiques»
Environ 250.000 personnes vivent assiégées depuis quatre mois dans les quartiers Est d’Alep. Bombardés et affamés, les civils se retrouvent dans une situation dramatique, selon les organisations humanitaires et le correspondant de l’AFP sur place. «D’ici Noël, en raison de l’intensification des opérations militaires, on verra un écroulement (…) de ce qui reste à Alep-Est et vous pourriez avoir 200.000 personnes fuyant vers la Turquie, ce qui serait une catastrophe humanitaire», a mis en garde M. de Mistura.
Le chef de la diplomatie syrienne, qui avait convié M. de Mistura à Damas, a rejeté la proposition de l’émissaire de maintenir une «administration autonome» des rebelles sur les quartiers qu’ils contrôlent. «On lui a dit qu’on rejetait complètement cette (idée)», a déclaré M. Mouallem après la réunion, se demandant comment il était «possible que l’ONU vienne récompenser les terroristes», terme utilisé par Damas pour désigner rebelles et jihadistes. La proposition de l’ONU préconise l’arrêt des bombardements des deux côtés, le départ des jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-branche d’Al-Qaïda) d’Alep, de tout combattant et civil qui le souhaite, et le maintien de l’administration locale de l’opposition à Alep-Est. Outre les bombardements, de violents combats se déroulent au sol.

«Guerre totale»
D’après l’OSDH, les forces loyalistes sont entrées pour la première fois dans le quartier de Massaken Hanano, dans le nord-est d’Alep et tenus par les rebelles depuis 2012, et de violents combats se sont poursuivis dimanche soir. Le régime a également chassé les insurgés d’une ancienne zone industrielle dans le Nord-Est, «la plus importante percée dans les quartiers rebelles jusqu’à ce jour», selon le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane. Les rues dans les autres quartiers d’Alep-Est étaient désertes, a constaté un correspondant de l’AFP. Seuls des ambulances et des secouristes se déplaçaient au milieu de bâtiments ravagés.
Les rares structures encore en mesure de fournir des soins médicaux aux habitants ont été très endommagées par les bombardements, qualifiés de «tragiques» par M. Mistura. Matériel et personnel qualifié manquent pour soigner les nombreux blessés. Damas et Moscou semblent déterminés à reprendre coûte que coûte la partie Est d’Alep avant, selon des experts, la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.
Évoquant cette escalade de violence, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a condamné dimanche la «stratégie de guerre totale» de la Russie et du régime syrien, appelant à une action internationale pour «stopper le massacre». A Bruxelles, le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, a dénoncé des «violations inacceptables du droit humanitaire international». Le conflit syrien a fait depuis 2011 plus de 300.000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population.

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