Le régime syrien poursuit son pilonnage meurtrier sur l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, en soutien à une offensive terrestre sur ce fief insurgé, où la population, qui vit un drame humanitaire, attend l’arrivée lundi d’un convoi d’aide.
Le pouvoir de Bachar al-Assad contrôle désormais un tiers du dernier bastion rebelle aux portes de Damas, vaste d’une centaine de kilomètres carrés, alors que ses bombardements depuis le 18 février ont tué plus de 700 civils, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Appuyé par l’allié russe, le régime tente de reconquérir le fief rebelle où les 400.000 habitants, qui vivent terrés dans des sous-sols pour échapper aux frappes, subissent de graves pénuries de nourriture et de médicaments. «L’opération doit se poursuivre», a asséné dimanche Bachar al-Assad. Ses forces contrôlent l’est et le sud-est de l’enclave et ont pris pied dans le coeur du fief rebelle, à deux kilomètres seulement de Douma, la grande ville de la Ghouta, selon l’OSDH. «Ils ont pris de nouvelles terres agricoles et la progression continue, depuis l’est», a affirmé lundi le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L’objectif est de couper en deux l’enclave rebelle pour séparer le secteur nord, où se trouve Douma, du secteur sud, a-t-il précisé. «Les forces du régime progressent rapidement car les opérations se déroulent principalement dans des zones agricoles.»
«L’armée syrienne attaque par l’est, la zone rurale, moins densément peuplée» confirme Fabrice Balanche, géographe spécialiste de la Syrie.
Aide humanitaire «en route»
L’opération militaire se poursuit malgré une trêve quotidienne de cinq heures, une initiative de la Russie observée depuis près d’une semaine dans la Ghouta orientale, devenue un «enfer sur terre» selon le chef de l’ONU. Mais lundi, les habitants de l’enclave rebelle doivent recevoir un convoi de «46 camions transportant des aides médicales et de la nourriture pour 27.500 personnes», a annoncé l’ONU. Le convoi est «en route», a tweeté lundi Robert Mardini, chef des opérations du Comité international de la Croix-rouge (CICR) au Moyen-Orient. C’est la première livraison d’aides dans la Ghouta depuis l’entrée en vigueur de la trêve, qui prévoyait l’évacuation de blessés et de civils et la distribution d’aides, mais dont les dispositions étaient restées lettre morte.
Il s’agit également du premier convoi depuis le lancement par le régime, le 18 février, d’une campagne aérienne d’une rare violence, même à l’échelle d’un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière qui a tué plus de 340.000 personnes.
Aucune aide ne peut entrer dans la Ghouta sans le feu vert du régime et les dernières à être parvenues aux habitants remontent à la mi-février. Au total, l’ONU a reçu les autorisations nécessaires pour distribuer des aides pour «70.000 personnes», et un second convoi est prévu jeudi dans la Ghouta.
«Punition collective»
Avec la trêve quotidienne de cinq heures, les bombardements du régime ont baissé en intensité mais raids aériens et tirs d’artillerie se poursuivent selon l’OSDH. Au moins 15 civils ont ainsi été tués, dans la nuit et lundi matin, dans des frappes visant plusieurs secteurs de la Ghouta, a indiqué l’Observatoire. Dans la localité de Hammouriyé, 10 personnes ont péri dans le largage de barils d’explosifs, a précisé l’ONG.
«Nous continuons de voir plus de combats, plus de morts», a déploré dimanche le coordinateur humanitaire régional de l’ONU pour la crise syrienne, Panos Moumtzis, dénonçant une «escalade de la violence». «Cette punition collective des civils est tout simplement inacceptable», a-t-il souligné. Le scénario dans la Ghouta orientale n’est pas sans rappeler celui de 2016 à Alep (nord), où les rebelles avaient dû abandonner leurs fiefs après un siège et des bombardements dévastateurs du régime et de Moscou.
Grâce à l’appui militaire de la Russie, mais aussi de l’Iran, le régime d’Assad a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu’à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire syrien. Malgré l’adoption fin février d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui réclame un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie, les puissances internationales se sont révélées impuissantes face au bain de sang.