Où est la part de vérité dont ce que certains appellent la découverte du siècle et qui consiste en un traitement qui guérit définitivement la maladie du diabète et qui a été conçu par un chercheur algérien en l’occurrence le docteur Zaibat Toufik ?
Tout a commencé suite à une annonce qui a été faite, il y quelques mois lors d’une émission télévisée de la chaîne satellitaire privée Echorouk TV. On se rappelle que durant cette émission le dit chercheur tenant un flacon contenant des comprimés censés guérir une fois pour toute la redoutable pathologie du diabète, où il faut reconnaître que tout a été agencé pour convaincre. Même si les explications scientifiques du chercheur sont plus ou moins impressionnantes, beaucoup ont cru et ont acclamé cette réussite. Enfin, l’argumentaire tient la route. Tout y passe, le chercheur non reconnu dans un pays où les aptitudes sont malmenées alors qu’il se dit sollicité partout dans le monde. C’est dire qu’avec le peu de moyens dont il dispose, deux microscopes et une balance, et tenez-vous bien, il proclama que Dieu l’avait choisi pour être celui qui transmet ce remède à l’humanité entière, reste que le prix Nobel dont il aurait eu des propositions pour le décrocher et qu’il a refusé, car on voulait lui faire signer une clause qui dirait que le médicament n’est pas d’origine arabe! Chose qu’il n’a pas admis bien-sûr selon toujours ses dires. Mais ce n’est pas tout, durant la même émission, on fera témoigner son père qui lui aurait interdit formellement d’aller monnayer sa découverte à d’autres pays étrangers, et le met en garde contre les sionistes qui nous guettent et nous veulent du mal. Plus loin, dans l’émission, la caméra montre des enfants malades atteints du diabète, et qui par enchantement se portent à merveille après la prise de ce médicament miracle. Cependant et après avoir fait miroiter l’espoir à des millions de diabétiques qui sont touchés par cette maladie en Algérie quant à la découverte de ce traitement qui guérit cette maladie avec la promesse qu’il sera commercialisé dans les officines pharmaceutiques au plus tard au mois d’avril dernier. Et puis plus rien. Et subitement nous assistons à un revirement pour le moins inattendu, car le chercheur lors d’une déclaration à une chaîne TV, il fera savoir que son médicament est tout juste un complément nutritif et qu’il ne soigne pas le diabète. Retournement de situations ? On ne sait pas ! Et on revient à la case départ. Et dire que le chercheur en question a été accueilli à bras ouverts par le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, et ce dernier a déclaré qu’il suit de très près cette découverte, et que tous les moyens nécessaires seront mis à la disposition du docteur pour la promotion et la fabrication de son produit par les laboratoires pharmaceutiques du groupe étatique « Saidal » et que le dit médicament sera commercialisé dans un proche avenir. Et le ministre de la Santé demande aux malades de faire preuve de patience en guise de promesse et d’engagement de sa part … Seulement, on sait aussi que le ministre qui connaissait ce docteur depuis qu’il était wali à Constantine a pris d’apparence toutes les précautions d’usage en ayant soumis le médicament à l’avis d’experts. Toutefois , on sait aussi qu’ avant que cette commission d’experts ne se prononce, sur la traçabilité de ce médicament , il y a des étapes à respecter , car entre le moment où un médicament est mis au point et le moment où il est autorisé à être commercialisé, il s’écoule en moyenne dix ans… dix longues années d’un parcours très compliqué dont les dernières phases sont les tests sur les humains très encadrés par les lois. Même après sa mise sur le marché, le médicament reste sous surveillance et il est parfois retiré en raison d’effets indésirables apparus lors de son utilisation à grande échelle. Donc, ce n’est pas du jour au lendemain, qu’un médicament aussi sensible soit-il soit produit et mis sur le marché avec cette facilité qu’on a voulu nous le faire croire. En tout état de cause, nous avons voulu nous entretenir avec le docteur en question, pour connaître davantage ses projets et ses perspectives à court et sur le long terme, mais il reste injoignable sur toute la ligne, nous nous sommes déplacés à sa demeure dans la ville du Khroub à l’est de Constantine, on nous a rétorqué qu’il est à Alger. Du coup entre l’espoir et ensuite le désenchantement des millions de diabétiques qui ont cru en ce remède miracle , voilà que le ministre de la Santé qui était récemment en visite d’inspection et de travail à Tébessa a déclaré clairement que la vente du médicament en question : le Diabexin, n’est pas à l’ordre du jour , et ne sera pas commercialisé dans l’immédiat dans les officines pharmaceutiques et qu’il refuse formellement sa commercialisation, tant que le médicament n’a pas encore été expérimenté sur les animaux , et qu’il doit subir différents tests, et que cela va prendre encore du temps tout en demandant aux malades diabétiques encore une fois d’être patients. En tous les cas, face au black-out qui entoure cette découverte « révolutionnaire » peut-on dire, beaucoup d’Algériens et surtout les malades qui sont touchés par le diabète, se pose cette lancinante question : Où est la part de vérité ? Puisque rien de concret n’est visible et on persiste à entourer d’une grande opacité cette invention, encore moins la preuve de ceux qui ont témoigné devant la caméra de télévision, que le médicament en question qu’ils ont « essayé » a donné satisfaction à leurs malades et qu’ils sont guéris. Rien que cela, et comment se fait-il qu’un produit non homologué puisse être administré aux malades diabétiques ? Qui a pris la responsabilité ? Y a-t-il eu des garanties concernant le médicament utilisé sur ces malades en cas de complications majeures ? Tous ces questionnements nous emmènent à une autre déduction, et si tout cela n’est que phantasme et duplicité, parce qu’une découverte pareille mérite une bonne médiation officielle, et les citoyens doivent rester informés des tenants et aboutissants de cette invention. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas, le chercheur reste injoignable et introuvable, le ministre fait marche arrière quant à la fabrication et la commercialisation du médicament tant que les essais n’ont pas été effectués sur les animaux, de l’autre côté, le chercheur atteste dans une déclaration, que le médicament est tout juste un complément nutritif. Devant donc cet imbroglio, le doute s’installe, et l’euphorie engendrée lors des premières annonces se dissipe progressivement des cœurs des malades qui stoïquement luttent en silence contre cette maladie insidieuse tout en songeant que le remède miracle contre le Diabète, sera peut-être pour demain… qui sait , la médecine évolue, mais les miracles n’existent plus.
Mâalem Abdelyakine