«Le groupe Sonatrach maîtrise la fracturation hydraulique, qui est une technique déjà utilisée par cette compagnie depuis les années 1990, mais sans avoir eu une incidence sur l’environnement», a indiqué le P-DG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoun. Cette technique a été appliquée en 1992 à Hassi R’hmel. Minimisant la dangerosité de la fracturation hydraulique, fortement contestée par les opposants au gaz de schiste, Sahnoun a indiqué que cette technique a été utilisée dans 2,5 millions de puits dans le monde. En 2013, pratiquement 493 000 puits étaient en exploitation, selon lui. «Tous les traitements de rejets seront mis en place», a-t-il promis assurant que Sonatrach travaille «de manière contrôlée et mesurée». Quant aux produits chimiques, elle en a utilisé sept à In Salah, a ajouté Sahnoun affirmant qu’ils représentent 1% de ce qui est injecté. Pour Sahnoun, «on ne peut pas négliger une ressource aussi attractive». De même, «on ne peut pas demander à Sonatrach de rester en marge» des techniques d’exploitation. Il a assuré que l’exploitation ne sera lancée que «si les coûts sont maîtrisés » et si les prix sont dans « un environnement compatible». Les estimations actuelles font état de 20 000 milliards de m3 «techniquement récupérables», même si on ne sait pas à quel coût. Fracturer la roche en injectant de l’eau et du sable mélangés avec des produits chimiques pour en faire sortir les gaz piégés dedans: la méthode de la fracturation hydraulique a été au cœur des débats sur l’exploitation des gaz de schiste. Soupçonnée de polluer les nappes phréatiques, la méthode a finalement échoué. Une étude américaine, publiée dans les annales de l’Académie américaine des sciences (Pnas), démontre maintenant les dangers de la fracturation sur les eaux souterraines. C’est l’existence de conduits souterrains naturels qui menaceraient les nappes phréatiques: «des conduits naturels permettent au gaz et à la saumure de migrer en direction d’aquifères peu profonds», selon des géologues américains. Actuellement, Sonatrach ne dispose pas encore de la technologie lui permettant de traiter et de recycler cette eau évacuée du puits après l’achèvement du forage comme c’est le cas aux États-Unis, reconnaît le même responsable, qui note que les eaux qui ont été utilisées pour le forage d’Ahnet ont été récupérées et stockées dans une fosse creusée à cet effet. D’après certains spécialistes « la fracturation est et demeure une technologie à risque. Pour cette raison, des mesures strictes de protection de l’environnement et de la santé sont nécessaires ». Des études ont apporté que « cette technologie de la fracturation ne constitue pas une solution pour lutter contre le changement climatique et ne contribue pas à la transition vers les énergies renouvelables. Il serait préférable de se concentrer plus fortement sur les sources d’énergie respectueuses de l’environnement, comme les énergies renouvelables. Afin de réduire la consommation de gaz, partiellement issue du gaz de schiste, il faut également accroître l’efficacité énergétique des bâtiments pour le chauffage. À cet effet, la fracturation hydraulique implique d’injecter d’importantes quantités d’eau, de sable et de produits chimiques dans la croûte terrestre à une pression très forte, pour libérer le gaz naturel et le pétrole emprisonnés dans le sous-sol. Nous n’aurions dès lors même plus besoin de gaz issu de la fracturation. » Ces dangers de l’exploitation des gaz et des huiles de schistes par fracturation hydraulique dans les pays qui en ont fait l’expérience, ainsi que la quasi-unanimité des scientifiques et de nombreux experts nationaux et internationaux à ce sujet, suscitent l’inquiétude, légitime, des populations du Sud Algérien, notamment les habitants de In Salah, ainsi que la préoccupation de la majorité des Algériens.
À rappeler que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé, mardi, lors du Conseil restreint consacré au développement local dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, que l’exploitation du gaz de schiste en Algérie « n’est pas encore à l’ordre du jour ». Pour le chef de l’Etat, « si l’exploitation de ces nouvelles ressources nationales en hydrocarbures s’avère une nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long termes, le gouvernement devra, cependant, veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l’environnement ».
Lazreg Aounallah