à Constantine, les cérémonies de mariage se font pratiquement à longueur d’année. Mais quand on occupe un appartement de quelques dizaines de mètres carrés et qu’on est appelé à festoyer, inutile de trop se triturer les méninges pour recevoir ses convives, la location d’une salle de fêtes est incontournable et on ne peut faire l’économie de cette dépense quel que soit le prix à payer.
Pour satisfaire ce besoin, des investisseurs ont investi dans ce créneau juteux, généralement à la périphérie des grandes villes où il est possible de disposer des assiettes de terrain nécessaires pour construire une salle des fêtes avec ses dépendances et l’aménagement d’un parking. Le mobilier et la vaisselle, la climatisation, accessoirement des amplificateurs pour les musiciens et la salle est opérationnelle. C’est ainsi que dans la ville des Ponts, des dizaines de gérants ont investi ce créneau aux quatre coins de la ville et il parait que c’est juteux car la demande est très forte malgré les tarifs affichés qui frisent l’indécence puisqu’il faut compter dix millions de centimes et plus, indépendamment pour une après-midi ou une soirée, en fonction des prestations et des commodités qu’offre l’espace. Les honoraires peuvent fluctuer en fonction de certains paramètres mais la facture est dans tous les cas salée malgré quelques écarts pas trop significatifs. Ces dépenses excessives ne dissuadent pourtant pas les familles et la demande ne tarit pas à longueur d’année puisque face aux réservations qui ne laissent que peu d’opportunités dans les carnets des propriétaires de salles, les gens sont contraints de programmer les festivités sur les quatre saisons. Auparavant, la saison estivale était exclusive pour fêter un évènement car l’été coïncide avec les vacances scolaires et les congés de détente, outre qu’il est plus aisé de recevoir ses invités par temps chaud qu’en période pluvieuse. De nos jours, il faut prendre ses dispositions plusieurs mois à l’avance pour espérer s’inscrire sur l’agenda de la salle et il est même conseillé de faire appel à des connaissances influentes du gérant pour ne pas essuyer un « c’est complet » qui risque de chambouler toutes vos prévisions et vous plonger dans l’embarras. Pour faire la promotion de leurs salles, des investisseurs ont mis en ligne et vulgarisé leur produit à travers des vidéos et photos ciblées et arrangées. Il est évident que la densité de la population intervient dans le choix de l’emplacement. Les lieux de prédilection sont donc Khroub, Ali Mendjeli, Hamma Bouziane, Ain Smara mais là où on reste pantois, c’est que la zone industrielle Palma a été détournée de sa vocation puisqu’au lieu d’unités manufacturières ou usines, ce sont les salles de fêtes qui foisonnent, on compte une douzaine de structures initialement destinées aux investissements productifs qui, on ne sait comment, ont versé dans l’organisation des fêtes. Drôle d’investissement dans une zone cédée au dinar symbolique dans le noble objectif d’apporter une valeur ajoutée à l’outil de production et qui se reconvertit dans les prestations de service événementiels.
Mâalem Abdelyakine