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Rugby algérien : «cherche statut désespérément»

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Journée mémorable pour le rugby algérien, le 1er mars dernier dans la ville de Toulouse où le XV « Rugby Algérie » affrontait en un match test la Côte d’Ivoire, déjà parée du titre de champion d’Afrique B de la discipline est venue avec la ferme intention de confirmer sa suprématie à l’échelle continentale. La sélection des joueurs algériens, réunis pour la circonstance durant 48 heures seulement, allait donner toute la plénitude de son talent en donnant une véritable leçon de courage et d’abnégation aux Ivoiriens qui ne s’attendaient nullement à la « grinta » affichée par les hommes du duo Djemai Tebbani-Christian Panzavolta qui domineront cette rencontre de la tête aux pieds. Preuve en est : aucune mêlée n’a échappé aux Algériens, dominateurs en dépit de la force physique phénoménale des détenteurs du titre africain. Déjà dans les vestiaires, on sentait dans le regard de ces grands gaillards toute la détermination qui les a animés durant les 48 heures qu’ils ont passées ensemble dans un esprit de groupe et une convivialité exceptionnelles, deux vertus qui feraient pâlir d’envie les sélections les plus rodées. 48 heures durant, où les joueurs algériens, unis comme une seule famille, ont fait preuve d’une discipline et d’un sens du devoir extraordinaires, tant à l’hôtel où ils résidaient que durant les durs entraïnements auxquels ils étaient soumis dans des conditions climatiques exécrables. Un sacrifice qui allait se matérialiser face aux Ivoiriens qui se demandaient d’où ces joueurs pouvaient tirer toute cette énergie et cette volonté qui se sont avérées déterminantes le jour J.
«Par essence, l’Algérien est un battant, un type qui ne rechigne pas devant l’adversaire, qui aime le combat» résume l’entraïneur d’origine corse Panzavolta, estimant que par ces qualités l’Algérien a toutes les prédispositions pour faire du Rugby. «Je connais depuis presque deux ans ces gars et je peux vous affirmer qu’ils y vont au charbon. Ce sont des hommes de combat qui ne reculent devant rien», explique, très fier de ses hommes, l’entraîneur corse qui ne tarit pas d’éloges sur les qualités techniques de certains éléments qui, selon lui, peuvent aspirer à jouer aisément à un niveau supérieur.Venus par leurs propres moyens, d’un peu partout de l’Hexagone et même de Suisse et d’Angleterre, les joueurs algériens affichaient clairement leur attachement à cette équipe qui tente de survivre et de se faire admettre depuis 2007, année au cours de laquelle a germé à l’esprit de trois véritables militants de cette discipline, bénévoles de surcroit, la constitution d’une sélection de joueurs algériens et l’instauration du Rugby en Algérie.

Enthousiame particulier auprès des jeunes
Sofiane Benhassen, Mazzouz Aib et Mourad Gherbi, qui ont le rugby dans les veines, s’attellent, depuis cette date, à faire admettre ce sport en Algérie.
«La passion de ce sport nous a poussés vers ce projet, même si beaucoup nous prenaient pour des fous au départ ou même si cette idée semblait irréalisable pour beaucoup, nous sommes convaincus de la justesse de cette idée car un grand pays comme l’Algérie peut avoir une place importante dans le gotha du rugby continental et même mondial», affirme Mazouz Aib. Le travail entamé depuis 2007 est palpable, puisque une dizaine de clubs ont été déjà mis sur pied à travers le territoire national. C’est le stade oranais, club créé par Sofiane Benhassen qui en est la locomotive, un club déjà très bien structuré qui a récemment tenu son assemblée générale. «La création, en 2007, de cette association avait pour but de promouvoir le rugby en Algérie et de fédérer les différentes associations algériennes. C’est aujourd’hui chose faite puisque plusieurs clubs ont été créés dans plusieurs villes ou quartiers comme Oran, Msila, Ain Benian, Ben Aknoun à», explique Sofiane Benhassen. Plusieurs actions ont été organisées depuis cette date notamment un tournoi national ayant regroupé 10 associations à Oran et des journées portes ouvertes qui ont suscité un enthousiasme exceptionnel auprès des jeunes. «Aujourd’hui il existe 1000 adhérents à travers l’Algérie et 40 éducateurs ont été déjà formés», indique fièrement le président du Stade oranais, précisant que toutes les actions entreprises l’ont été grâce à la collaboration avec l’International Rugby Bord (IRB) la plus haute instance du Rugby mondial. Des matchs internationaux pratiquement tous conclus par de larges victoires (50-0 contre l’Egypte et la Libye, notamment) ont été disputés sous l’égide de la Confédération Africaine de rugby (CAR), instance qui reconnait «Rugby algérie» comme une association mais pas comme une fédération. Fiers de la victoire contre la Côte d’ivoire, qu’ils ont bruyamment fêtée avec le millier de supportrices et de supporters algériens présents au stade de Toulouse, les joueurs algériens considéraient toutefois qu’il y avait un arrière goût à ce succès. «C’est un honneur pour nous de porter le maillot national, nous sommes très fiers de notre pays et de son drapeau. Mais tous nos efforts sont vains jusque-là, puisque nous ne sommes même pas reconnus dans notre propre pays», soulignent, dépités, et dans un même cri de détresse joueurs et dirigeants de «Rugby Algérie». Cette équipe, considérée par beaucoup de spécialistes présents à Toulouse, comme l’une des meilleures équipes africaines, peut gravir des échelons et venir jouer dans la cour des grands des nations continentales pour peu que les responsables du sport national décident de mettre en place les structures nécessaires à son épanouissement, avec la création notamment d’une fédération.

Donner de la joie autant que le football
«En dépit de toutes nos démarches auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, la situation reste en l’état depuis plusieurs années. Nous souhaitons que l’actuel ministre, le docteur Mohamed Tahmi, qui est d’abord un ancien sportif, et qui accorde un intérêt particulier au développement du sport et à l’épanouissement de la jeunesse, se penche sur notre situation», appellent de leurs vœux joueurs et dirigeants de cette association.»Nous pouvons lancer très rapidement cette discipline dans le pays, car la pâte existe et les encadreurs également et nous pouvons également ratisser large dans les différents championnats professionnels européens ou pas moins de 300 joueurs algériens ont été recensés», explique l’entraineur principal Djemai Tebbani, dont le frère, Salim, évolue en pro à Oyonnax. Preuve en est, deux joueurs algériens Sofiane Guittoun et Rabah Slimani sont les piliers du XV de France et beaucoup d’autres éléments sont dans l’antichambre de la sélection française, faute de ne pouvoir jouer sous les couleurs algériennes. «Avec la création d’une fédération, beaucoup de joueurs algériens, même dans les catégories de jeunes, opteront pour la sélection nationale, à l’instar de ce qui se passe en football. La fierté de porter national est en elle-même la meilleure motivation pour ces jeunes qui ne demandent qu’à jouer pour l’Algérie. Nous sommes convaincus que, comme l’équipe nationale de football, la sélection nationale de Rugby donnera, elle aussi, de la joie aux Algériens», soulignent avec beaucoup d’optimisme les trois porteurs de ce projet qui espèrent voir bientôt le bout du tunnel.

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