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RÔLE DE L’ALGÉRIE DANS LA CRISE LIBYENNE : « La diplomatie algérienne n’a jamais déserté le terrain »

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Invité hier au Forum du Courrier d’Algérie pour s’exprimer sur la crise libyenne et le rôle de médiation de l’Algérie, l’expert international en questions géostratégiques et sécuritaires, M’hand Berkouk, a affirmé, concernant le rôle de l’Algérie et ses efforts pour une résolution politique du conflit, que « la diplomatie algérienne n’a jamais déserté le terrain « diplomatique » sur la question libyenne, mais plutôt travaille dans la discrétion et sans faire trop de tapage ».

Pour preuve, a-t-il rappelé, « le premier mécanisme pour la gestion de cette crise a été créé à Alger en mai 2014, en marge de la Conférence interministérielle des pays voisin à la Libye, dans sa dimension politique et sécuritaire». «L’Algérie s’est donc engagée dans une option de résolution participative de tous les acteurs libyens à partir du mois d’août 2014 sur les principes de notre diplomatie sur la politique étrangère» a tenu encore à préciser l’invité du Forum. À ce propos, Pr. Berkouk a énuméré les points essentiels sur lesquels s’est basée la diplomatie algérienne, pour une résolution du conflit libyen, à commencer par le rejet de toute ingérence étrangère dans ce pays, l’inclusion de tous les acteurs libyens impliqués dans le conflit et qui refusent la dislocation du pays, la non association des acteurs terroristes et en dernier lieu le refus de la solution armée.
« La solution doit donc être négociée et non imposée ni par la force des armes ni par les parties étrangères, car ça y va de la stabilité, non seulement des pays voisins ou frontaliers, mais également de l’Afrique entière, du monde arabe et de toute la méditerranée », a expliqué cet expert en questions géostratégiques.
Pr. Berkouk s’est dit, par ailleurs, confiant en l’apport de la diplomatie algérienne et sa capacité à résoudre le conflit dans le pays voisin pour de multiples raisons qui font de notre pays un des acteurs incontournables capable de trouver une solution consensuelle entre les parties libyennes.
«Nous avons de l’expertise dans le dossier libyen, un savoir-faire mais aussi des relations historiques et humaines avec les libyens», a assuré Berkouk, ajoutant que « notre pays a connu récemment un défilement de diplomates étrangers, dont des Libyens, des Italiens et Turcs en rapport avec la question libyenne, et notre pays a dépêché son ministre des Affaires étrangères en Libye pour écouter les deux parties en conflit, pour dire l’intérêt que porte notre pays à cette question».
Revenant sur la Conférence internationale tenue à Berlin, le conférencier a rappelé que sur les 55 points de la résolution ayant sanctionné les travaux de cette rencontre spéciale Libye, deux d’entre eux vont dans la droite ligne de la politique étrangère algérienne, à savoir la non-ingérence dans les affaires internes des pays étrangers, et le mécanisme des pays voisins initié depuis 2014, pour la gestion de la crise libyenne, élargi à d’autres acteurs, dont le Niger, le Tchad, le Soudan en plus du Mali. Et par conséquent le rôle de l’Algérie dans le règlement du conflit libyen est crucial, mais nécessite également l’engagement de plusieurs facteurs, dont la volonté des parties protagonistes, y compris les parties-parrains, et les autres institutions dont l’UA et l’ONU.
L’intervenant a, toutefois, tiré la sonnette d’alarme sur le risque de l’explosion et ses répercussions sur la sécurité nationale et régionale au cas où la crise libyenne perdure dans le temps et eu égard même à la situation actuelle dans ce pays voisin, l’embrasement et la transformation de la crise libyenne en conflit interne internationalisé n’est pas à écarter ou à négliger pour les trois ans à venir au minimum avec des retombées directes sur la sécurité de notre pays, l’Algérie, et celle des autres pays voisins.
L’invité du Forum a, dans ce sens, formulé des propositions en sa qualité d’expert en la matière pour se prémunir d’un probable débordement de la crise libyenne sur nos frontières.
Dans cette optique, M’hand Berkouk avance une série de mesures cernée en sept points essentiels à entreprendre pour contrecarrer cette éventualité et protéger nos frontières des conséquences de la guerre.
L’interlocuteur propose, en premier lieu, le renforcement de la sécurité au niveau des frontières à travers la mise en place des systèmes de surveillance, de reconnaissance et de dissuasion, appuyé par un durcissement du niveau de vigilance nationale intégrée contre les menaces qui guettent le pays, l’amélioration du travail de renseignement et de l’analyse pour tout ce qui a trait à ce conflit et ses ramifications qui doivent être accompagnés par des actions diplomatiques d’envergure pour devenir un acteur incontournable dans les cercles géopolitiques qui intéressent notre pays. Et, enfin, la création des groupes de travail mixtes qui incluent les services, les universitaires, les médias et le ministère des Affaires étrangères qui pourraient servir d’un outil d’aide à la décision.
Brahim Oubellil

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