C’est la deuxième fois, dans cette affaire, que la justice française inflige un bonnet d’âne au ministre de l’Intérieur français. Bruno Retailleau faisait peine à voir, jeudi soir à la télé. Il n’avait plus l’arrogance trépidante qu’il affichait d’habitude. Un plateau-télé dédié à l’annulation de l’expulsion de Doualemn par le tribunal de Melun, ce même jour. Aux questions précises, Retailleau répondait « hors sujet ». N’ayant pas d’arguments et pour éviter de « déraper » s’il venait à contester une décision de justice. Ce qui aurait été fatal au poste de ministre. Il s’est finalement retranché derrière « la justice n’a fait qu’appliquer la loi. Alors, il faudra changer la loi ». Bel exemple d’un ministre humilié par la justice de son pays et qui cherche uniquement à sauver la face, sachant que l’assemblée nationale française est paralysée sans majorité nécessaire pour voter des lois. Laissons ce personnage se morfondre et revenant aux faits. À l’affaire de cet algérien de 59 ans qui « vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d’un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans » comme précisé par le communiqué de notre ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines. Cette personne avait été interpellée pour avoir diffusé une vidéo supposée être « un appel au meurtre ». Son procès, en prévenu libre, est prévu, au tribunal de Paris, le 24 février prochain. Piétinant cette décision de justice Retailleau avait décidé, le 6 janvier dernier, de l’expulser. L’Algérie avait refusé et l’a remis dans le même avion à destination de Paris. Retailleau, récidive dans l’illégalité et replace Doualemn dans un centre de rétention. Dans un communiqué, les autorités algériennes avaient expliqué que cette « expulsion était arbitraire et abusive ». En conséquence, le renvoi de « ce ressortissant (qui) n’a pu bénéficier d’un procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l’abus de pouvoir, dans la mesure où son ordre d’expulsion, s’il avait été mené à son terme, l’aurait privé de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février de l’année en cours » devient indispensable, avait précisé le communiqué. Dans un premier référé, Le 29 janvier dernier, le tribunal administratif de Paris a fait siennes les précisions d’Alger en prononçant la « suspension » de l’expulsion de Doualemn vers l’Algérie. Retailleau n’en a cure et maintient en détention le « prévenu libre ». Jeudi dernier, une 2ème décision, du tribunal de Melun cette fois, a carrément « annulé » l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) et « sans délai ». Doualemn a aussitôt été remis en liberté. Ce qui lui permettra de « défendre ses droits » lors de son procès par le tribunal de Paris le 24 février prochain. Comme exigé par l’Algérie. 2 fois humilié par la justice, Retailleau attend la 3ème !
Zouhir Mebarki