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Rachid Malaoui, président du SNAPAP, sur les soupçons de manquements aux droits de l’homme : «On pourra défendre l’Algérie à la commission de l’ONU»

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À un moment où l’action syndicale sur le terrain et envers les ONG droits-de-l’hommiste prend de la visibilité et contraint les ministères à dialoguer pour éviter la surenchère et le pourrissement, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) se pose comme le champion de la revendication socioprofessionnelle, vingt-huit ans après sa création, en 1990.

Rachid Malaoui, président du Snapap, membre du Bureau International du Travail, du Réseau EuroMed, du Réseau méditerranéen sur l’Immigration et des ONG membres de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, était l’Invité du « Forum du Courrier d’Algérie », et devait, de ce fait, se prêter au jeu des questions-réponses traditionnel.
Virulent dans ses propos concernant le droit syndical et le droit de s’exprimer et d’exister, Malaoui ne donne pas l’impression de cet homme teigneux et difficile par qui le scandale arrive. Au contraire, l’image qui ressort après une heure, pendant laquelle il devait convaincre ses interlocuteurs, est celle d’un homme qui sait faire la part des choses, qui sait reconnaitre la défense du droit syndical et celui des travailleurs des enjeux liés à sa présence dans des ONG étrangères, qui connait les cartes qu’il peut par le biais des cartes qui écornent l’Algérie, mettre entre les mains d’entités étrangères hostiles à l’Algérie, mais qui cherche d’abord à dialoguer, à concilier et à rapprocher dans un contexte local qui ne fait pas de son côté le geste utile de se connecter à lui. Ecoutons-le parler. «C’est notre travail de défendre les droits des syndicats, ceux des travailleurs, des migrants, tout cela, nous le faisons parce que c’est notre rôle, et parce que nous estimons que ce sont des actions justes ; nous défendons actuellement les migrants, parce qu’en France et ailleurs, il se trouve des syndicats et des ONG qui défendent nos immigrés qui se trouvent chez eux. Il existe un réseau syndical international pour défendre le travailleur migrant ; c’est notre devoir donc de le faire ».

Défendre tous les travailleurs en Algérie
«Tous les syndicats en Europe défendent les travailleurs migrants, même s’ils sont clandestins. Nous avons mis sur pied une Confédération des travailleurs en Algérie, et non pas des travailleurs algériens, donc nous défendons tous les travailleurs, qu’ils soient algériens ou migrants en Algérie. Il y a dix jours, j’étais à Genève et je vous dis qu’un dossier Algérie est en cours de traitement. Mais, tenez-vous bien, au moment où on essayait de débattre la question et défendre les positions de l’Algérie, il y a eu cette malheureuse affaire d’Oran où les maisons des migrants subsahariens ont été perquisitionnées, puis leurs affaires ont été volées par les riverains opportunistes ». « On me prend au dépourvu pour mes positions, mais d’un autre côté on ne fait rien pour régler les différends. On parle du projet du Code de travail, qui doit être au Parlement pour adoption, alors qu’en fait, peu d’avancées ont été accomplies sur le sujet, le dit projet n’est même pas encore passé au Conseil des ministres pour atterrir au Parlement ».

Le Snapap ne fait pas le jeu des ONG
À la question de savoir s’il ne fait pas, de fait ou de volonté, le jeu des ONG hostiles à l’Algérie pour écorner ou ternir la position dans les institutions internationales, Malaoui s’en défend : «L’Algérie qui a signé des conventions internationales qu’elle doit respecter ; dès qu’une convention est ratifiée, le pays signataire passe en commission s’il y a soupçons sur les manquements aux règles conventionnelles ; l’Algérie va passer en juin prochain en Commission d’examen sur les droits de l’homme de l’ONU; et cela se fera même si nous n’existions pas ; ce sont des examens périodiques, et ce n’est pas nous qui avons demandé son passage devant la Commission d’examen, ce sont des mécanismes de contrôle qui existent. Au contraire, nous serons là pour contrôler le bien-fondé des accusations de manquements et nous ne laisserons pas les experts libres de faire « augmenter la dose» des accusations ; «on sera là et on pourra protéger notre pays et dire: «stoppez, cela est faux ! ». Et Malaoui de poser lui-même cette question, avec les sous-entendus qu’elle implique : « Il faut comprendre notre réaction ; je suis syndicaliste ; imaginez que vous êtes en face de situations où des syndicalistes sont licenciés, sans que la Justice daigne les réintégrer, où des familles sont jetées à la rue, ou ne trouvent pas de quoi manger. Dites-moi, qu’est ce qu’on peut faire dans ces cas-là ? Se taire ? Réintégrer ces travailleurs et il n’y aura pas lieu de parler de l’Algérie. Nous sommes là plus pour aider le gouvernement que pour l’attaquer.

Réintégrer les travailleurs, enregistrer les syndicats
Le gouvernement doit comprendre cela. En 2015 (et ça, c’est une information que je vous donne), avant que l’Algérie ne passe en Commission des droits de l’homme, on a entamé des négociations avec le pouvoir pour que l’Algérie ne passe pas ». Finalement, que veut Malaoui et le Snapap ? « On ne demande rien. Réintégrer les travailleurs, enregistrer les syndicats. C’est tout ce qu’on demande. Il y a des syndicats qui demandent à être enregistrés, il y a des travailleurs en attente d’être réintégrés et il y a le Code du travail qui doit être conforme ». En conséquence, Malaoui s’est aussi longuement appesanti sur la Commission d’arbitrage qui existait, et qui avait pour mission de converger les positions divergentes et de lisser les aspérités, qui a disparu et qui peut revenir, et il se dit prêt dans l’immédiat à «cesser à aller à l’arbitrage international». F.O.

BIO EXPRESS
Né le 21 mars 1964 à Aïn Beïda, wilaya d’Oum El Bouaghi, Rachid Malaoui est marié et père de deux (02) enfants. Résidant de la wilaya d’Oran, Malaoui est président du Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique) et de la CGATA (Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie). Engagé dans le mouvement syndical national depuis 1993, le Snapap qu’il dirige aujourd’hui est créé à la faveur de l’ouverture démocratique du début des années 90. Lorsqu’il était étudiant à l’USTO (Université des Sciences et Technologies d’Oran), Rachid Malaoui fut arrêté à Oran dans la foulée des évènements du 5 Octobre 88, avant qu’il ne soit libéré une semaine plus tard. Figure de proue des luttes en faveur des droits des travailleurs, Malaoui intervient également sur d’autres fronts. Défenseur des droits de l’Homme, il a fait du dossier migratoire son cheval de bataille durant ces dernières années. Malaoui intervient souvent sur ces dossiers aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. D’ailleurs, la CGATA a adhéré à plusieurs organisations internationales dans le domaine, dont la Confédération syndicale internationale (CSI) où elle est membre du Bureau exécutif de sa représentation arabe et le Réseau Syndical Migrations Méditerranéennes – Subsahariennes (RSMMS). Le Snapap est aussi membre du Réseau Euromed France (REF).

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