C’est donc ce jeudi que l’audition des témoins a commencé avec l’appel à la barre de Akli Youcef, ex-directeur de la caisse principale de Khalifa Bank, sise à Chéraga.
Le témoin, qui était entendu en qualité d’inculpé en 2007, a été condamné à 10 ans de prison qu’il a déjà purgées et c’est pour cela qu’il est entendu en qualité de témoin. Après avoir rappelé le fonctionnement de la caisse principale comme le lui a demandé le président du tribunal, M. Antar Menouar, le témoin passe à la remise d’importantes sommes d’argent, comprise entre 500 millions et un milliards de centimes, d’abord à Khalifa Abdelmoumène puis à Chachoua Abdelhafid, Abdelwahab Rédha et Mir Ahmed, sans qu’ils aient à lui remettre aucun document et suite aux instructions verbales de Khalifa Abdelmoumène lui-même.
Quand le juge lui demanda s’il tenait la comptabilité exacte de ces retraits faits sans aucun document, le témoin affirme qu’il inscrivait le montant remis sur un bout de papier afin de solder les caisses le soir venu. Il déclara aussi que la caisse principale ne tenait aucun compte-client à son niveau, ce qui contredit totalement les dires de Khalifa qui avait déclaré que les sommes retirées de la caisse principale l’étaient à partir de son compte personnel. Mais Abdelmoumène Khalifa, appelé à la barre pour qu’il donne son avis sur ces déclarations, affirma que ces déclarations sont illogiques et non applicables techniquement. Il se demanda même comment un banquier avec son expérience pouvait-il permettre un tel mouvement d’argent sans aucun document alors qu’il sait très bien que cette pratique mènerait la banque à la faillite. Le montant total du trou constaté dans la comptabilité de la caisse principale s’élève à 3,2 milliards de dinars. Ce trou représente, selon le témoin, les montants pris par Abdelmoumène Khalifa sans aucun document. D’ailleurs il affirme qu’il n’y a jamais eu de contrôle de la part des institutions qui en sont chargées, et il a fallu attendre que les choses soient trop visible pour que Akli Youcef soit convoqué par le PDG du groupe Khalifa afin qu’il régularise le trou de 3,2 milliards de dinars.
Il a donc établi des fiches inter caisses, au nombre de 11, pour tenter de justifier le manque de comptabilité, qu’il a envoyé au directeur de la comptabilité, M. Nekache Hammou, qui a refusé de les signer car non conforme et qu’i était impossible de procéder à la régularisation d’une pareille somme avec de simple documents comptables. Finalement, Chebli Mohamed, un caissier travaillant au niveau de la caisse principale qui s’en chargea et signa les documents en question. Chebli Mohamed fut ensuite appelé à la barre juste après Akli Youcef, lui aussi en qualité de témoin après avoir purgé une peine de huit années de prison : «juste pour une signature » fait-il remarquer.
Selon ses déclaration, il n’aurait pas procédé à la régularisation proprement dite mais il a saisi les écritures comptables puis a signé « comme quoi j’ai fait la saisie, c’est tout » estime-t-il. Quand Aziz Djamel, l’ex directeur de l’agence Khalifa Bank d’El Harrach, qui a purgé une peine de dix années de prison et convoqué en qualité de témoin, les présents dans la salle sont tout étonnés car il réfute aussi bien les dires des autres témoins mais même la déclaration qu’il a fait, en présence de son avocat, auprès du juge d’instruction.
Le juge lui relut même sa déclaration et Aziz lui répond : « non, je n’ai pas dit cela, Monsieur le juge ». « Et qu’avez-vous donc déclaré ? » lui demande le juge, « j’ai dit que le PDG Khalifa Rafik Abdelmoumène avait donné des instructions aux directeurs des agences pour ne pas garder plus de 100 millions de centimes dans les caisses le soir venu, et il envoyait des gens pour convoyer les sommes en surplus vers la caisse principale, accompagnées des pièces comptables justificatives » a-t-précisé.
Hadj Mansour