À travers les consultations engagées depuis samedi avec les partis politiques, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, cherche à ratisser large pour avoir plus de consensus autour de sa feuille de route qu’il vient de relancer à peine les pieds posés en Algérie en provenance d’Allemagne où il y était pour des soins complémentaires. Ces échanges avec des formations, politiques dont certaines à l’instar du plus vieux parti de l’opposition FFS, qui avait, tout le temps, tenu ses distances avec les pouvoirs successifs, allaient sûrement permettre au Président d’avoir plusieurs sons de cloche, des avis peut être divergents, mais dans un esprit de dialogue et d’échanges à même de dégager les revendications consensuelles de toute la classe politique. Sur le terrain, on annonce dores et déjà l’imminente dissolution, dans les tous prochains jours de l’Assemblée populaire nationale, un des symboles les plus marquants de l’ancien système et la convocation de facto, des élections législatives anticipées. Celles-ci auront lieu au plus tard en mai prochain, selon Bengrina ou juin, à en croire Soufiane Djilali. D’autant plus que ces joutes électorales font partie des 54 engagements électoraux du président de la République. Ce qui est par contre sûr c’est qu’elles seront tenues avec un quadrillage de lois plutôt différent que par le passé. Sous une nouvelle Constitution déjà adoptée et avec une nouvelle loi électorale révisée en attente d’approbation. En amendant le texte final, il était surtout question de moraliser la vie politique afin de mettre un terme à l’argent sale qui avait pollué, par le passé, toutes les élections. La corruption dans des institutions élues est devenue monnaie courante à laquelle s’adonnent à loisir et sans rougir les élus du peuple. Comme si c’était dans la nature des choses. Aujourd’hui les choses pourraient être différentes. Le chef de l’État semble croire comme du fer d’où ces entrevues avec les chefs de partis politiques dont certains n’ont jamais regardé dans la même direction que le pouvoir. Tout est question de dialogue. Telle était la résignation de part et d’autre. C’est dans cette perspective que les partis de l’allégeance FLN, RND sont déjà à la recherche d’un repositionnement politique à l’occasion des élections anticipées. Lâchés par le pouvoir du moins en apparence, et bannis par le peuple, les partis de la défunte coalition présidentielle dans l’autre vie du système ne savent plus sur quel pied danser. Ils ne vivent plus, ce ne sont que des cadavres qui s’agitent. Relégués dans les profondeurs du classement, ils se réclament désormais du mouvement populaire du 22 février à l’approche de son deuxième anniversaire. Eux qui étaient à l’origine de l’avènement de la protesta.
La nécessaire reconfiguration de la carte politique
Fidèle à sa politique, le MSP est toujours en embuscade, dresse l’oreille et la salve coule déjà de sa langue. Il espère faire décrocher le gros lot lors des prochaines élections. Lui qui ne cesse de clamer pour qui veut l’entendre que son parti est fortement implanté. Possible de le croire si ce n’était sa déroute lors du référendum sur la nouvelle Constitution. Son mot d’ordre n’a pas pesé lourd.
Quant à l’opposition, le RCD a déjà réitéré son refus de s’inscrire dans la démarche du pouvoir tout comme la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). Le FFS qui a accepté de prendre tête avec le chef de l’État a exposé devant son hôte les points de vues de sorties de crise de son parti. Tout pourrait ainsi dépendre de la suite à donner à ses doléances. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) ne semble pas atteinte de la fièvre suscitée par la prochaine dissolution de l’APN et des élections anticipées.
Dans une vidéo postée samedi sur son compte Facebook, Louiza Hanoune s’est exprimée à la veille de la célébration du 2e anniversaire du Mouvement populaire, sur plusieurs sujets sensibles, concernant l’Algérie depuis le 22 février 2019. Elle a estimé que les objectifs principaux du Hirak, ne sont pas encore atteints. Pour les petits partis, ils retiennent encore leur souffle en attendant de connaître le texte final de la nouvelle loi portant régime électoral car les 4% des suffrages exprimés exigés par la loi pour pouvoir participer aux élections est pour eux tout simplement un cauchemar.
Mais au final, le véritable enjeu c’est de ne pas se retrouver avec la même configuration partisane que dans l’actuelle Assemblée nationale. Et surtout avec un taux de participation extrêmement faible. Car ces deux scénarios suffisent à eux seuls à perdurer la crise actuelle et à creuser davantage encore le fossé, déjà assez large, qui sépare les gouvernés et les gouvernants.
Brahim Oubellil