Plus que quelques jours nous séparent de la tenue de la réunion de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Prévue pour le 2 juin prochain à Vienne, celle-ci se focalisera, essentiellement, sur la question des prix du pétrole, qui connaissent, depuis 2014, une dégringolade affectant les économies des pays producteurs, à l’instar de l’Algérie. La très attendue réunion apportera-t-elle du nouveau sur la plan d’une éventuelle stabilisation des prix ? Difficile d’être optimiste surtout qu’il est, de plus en plus, compliqué de trouver un consensus entre les pays producteurs membres de l’Opep. En effet, les pays exportateurs de pétrole paient cher le conflit entre les deux puissances rivales et l’organisation, qui représente le tiers de la production mondiale, à savoir l’Arabie saoudite et l’Iran. Il n’est de secret pour personne que les différends se creusent d’avantage entre eux, prenant en otage les autres pays membres de l’organisation. En chiffres, il convient de rappeler que selon les dernières statistiques, qui remontent à novembre dernier, l’Arabie saoudite a produit un peu plus de 10 millions de barils/jour, contre 3,3 millions pour l’Iran, dépassé seulement par l’Irak (3,7 millions de barils/jour). Or, l’Opep avec une moyenne de 31,5 millions de barils/jour ne représente plus que le tiers de la production mondiale de pétrole. La question des prix est donc entre les mains de ces deux puissances, dont les enjeux entre eux, sont bien plus profonds que de simples enjeux économiques et religieux. Il est certain que l’Arabie saoudite, premier producteur au sein de l’Organisation, ne ménagera aucun effort dans la perspective de donner une orientation du marché. Mais le jeu du royaume se complique de plus en plus. Outre ses soucis de politique régionale, avec ses relations compliquées avec l’Iran pour des raisons géostratégiques de positionnement dans la région, Ryad veut se lancer dans une ambitieuse nouvelle politique supposée réduire sa dépendance envers le pétrole, tout en essayant de sauvegarder ses relations avec les états-Unis. Ryad vise bien sûr plus loin, elle veut rester le régulateur du marché. Quant à elle, l’Iran ne compte visiblement pas modifier ses politiques pétrolières bien que l’Arabie saoudite ait changé la tête de son ministère du pétrole. En effet, selon les observateurs l’Iran ne soutiendra aucun plan sur le maintien ou la baisse du niveau de production mais ce pays disposera dans son ordre de jour d’exercer des pressions sur l’Arabie en cette matière. Mais quel rôle joue l’Algérie dans tout ça ? À l’exception de quelques réunions de concertations, l’Algérie n’a toujours pas dévoilé sa feuille de route dans le but de stabiliser les prix. Une rude tache s’annonce pour la diplomatie algérienne. Dernière réunion en date est la rencontre du ministre de l’énergie Salah Khebri avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Alger, Sami Ben Abdellah Essalah. Sans dévoiler de grands détails de la réunion, une dépêche de l’APS a précisé que les entretiens ont porté « sur le développement des relations de coopération entre l’Algérie et l’Arabie saoudite dans les domaines des hydrocarbures, de la pétrochimie et du raffinage ». Le ministre de l’Energie et le diplomate saoudien ont, par ailleurs, abordé la prochaine réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), prévue le 2 juin prochain, et l’évolution de la situation du marché pétrolier international. Dans un autre sillage, en dépit des démarches entreprises auprès des pays OPEP et non OPEP en vue de rapprocher les points de vue et amener à une décision consensuelle visant à réduire les quantités de brut mises sur le marché et agir sur la courbe des prix, la lueur d’un compromis s’annonce d’ores et déjà impossible. Sauf en cas de surprise de dernière minute, d’autant qu’une réunion entre la plupart des membres de l’Opep et des producteurs extérieurs comme la Russie s’était déjà soldée par un échec en avril. En gros, les choses se compliquent pour les pays les plus fragiles de l’OPEP dont l’Algérie. Il est à noter que les prix du pétrole ont fini en très légère baisse avant-hier à New York, effectuant un petit repli technique après avoir franchi en séance le seuil symbolique des 50 dollars le baril sur fond d’espoirs persistants d’un rééquilibrage du marché. Enfin, il convient de noter que le bonheur des uns fait le malheur des autres. En effet, les pays importateurs en profitent. Mais pour les exportateurs, c’est la déroute de leur économie. Pendant ce temps, l’Opep reste impuissante et n’arrive pas à enrayer la division entre ses membres.
Lamia Boufassa