Depuis la chute de l’ancien président, Mâamar El-kadafi en 2011, la Libye se cherche toujours une issue pour s’extirper de la guerre qui la range. La crise libyenne est otage des ingérences étrangères. Des interférences à des fins avouées ou non qui ont perduré le climat d’insécurité non seulement en Libye, mais dans toutes la région, notamment avec la prolifération et la circulation incontrôlées des armes, contrebande, et autres trafics de tous genres, conséquence directe de l’instabilité libyenne. Contrairement à ces pays qui travaillent pour leurs propres intérêts étroits au détriment du salut des Libyens, l’Algérie s’est engagée à aider toutes les parties internes à dépasser leurs querelles et à consacrer la réconciliation inter-libyenne. Le processus a été enclenché et se poursuit toujours. C’est certainement dans ce sens que s’inscrit la visite qu’effectue le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Yunus Al-Menfi, à Alger. Arrivé mardi soir, en Algérie pour une visite de deux jours, Al-Menfi a été reçu, hier, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Certes, le sommet de la Ligue arabe est pour bientôt et la Libye était conviée, mais la crise à Tripoli ne sera certainement pas occultée lors de cette rencontre, sachant que le Conseil libyen avait annoncé le lancement du projet de Réconciliation nationale libyenne et le lancement prochain du Forum préparatoire du projet global de Réconciliation nationale libyenne, qui constituera la pierre angulaire de la Conférence de Réconciliation national. « Un processus qui s’inscrit en droite ligne avec la vision algérienne de règlement du conflit en Libye, a rappelé, début octobre, le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Moussa Al-Kouni, tout en saluant les efforts de l’Algérie pour trouver une solution consensuelle au problème. Ce processus repose, principalement, sur l’impératif règlement de la crise par les libyens eux-mêmes, en faisant preuve d’impartialité et en assurant l’équidistance par rapport à toutes les parties libyennes, sans exclusive, comme l’a déjà affirmé le Président Tebboune, a-t-il indiqué, saluant les efforts consentis par l’Algérie en vue de prêter main forte aux Libyens pour qu’ils parviennent à un consensus salutaire. L’Algérie, qui reconnait le gouvernement d’union nationale d’Abdelhamid Dbeïba et qui jouit de la légitimité internationale, a souvent réaffirmé sa disponibilité à partager son expérience en matière de Réconciliation nationale avec les belligérants, mais aussi à les accompagner pour réaliser cet important projet en coopération avec la Commission de haut niveau relevant de l’Union africaine chargée de ce dossier. « Partant de sa propre expérience, l’Algérie souligne l’importance de la consécration de la réconciliation nationale en Libye de manière à régler les différends et resserrer les rangs des libyens, loin de la loi du plus fort », a déclaré, depuis Doha fin mars dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra. « L’Algérie réitère sa disponibilité à partager son expérience réussie en la matière tout en accompagnant les frères libyens pour concrétiser cet important projet en coordination avec la Commission de haut niveau relevant de l’Union africaine chargée de ce dossier », a-t-il alors ajouté. Par ailleurs, et selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères libyen, l’Allemagne a réitéré, mardi, son soutien pour le gouvernement présidé par Dbeïba. Un gouvernement reconnu par la communauté internationale mais qui se heurte à l’autre exécutif, parallèle, conduit par Fethi Bachagha. La même source fait état d’une rencontre tenue, mardi, en Libye entre la ministre des Affaires étrangères libyenne, Najlaâ El-Menkouche, et l’envoyé spécial allemand pour la Libye, Christian Buck, accompagné de l’ambassadeur Michael Ohnmacht. L’envoyé spécial allemand pour la Libye a, selon la même source, réaffirmé la légitimé du gouvernement d’union en Libye et a réitéré le soutien de Berlin à ce gouvernement dans ses efforts pour la paix et pour la tenue des élections. La possibilité de tenir un troisième round à Berlin a été également évoquée lors de cette rencontre avec l’engagement du gouvernement au respect des accords issus des rencontres « Berlin1 et 2 ». Pour rappel, un nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Libye a été nommé début septembre. Il s’agit du Sénégalais, Abdoulaye Bathily. Juste après sa nomination, l’Algérie a exprimé sa satisfaction et a réitéré sa volonté de travailler en concert avec le diplomate sénégalais pour résoudre pacifiquement la question libyenne. « L’Algérie accueille avec satisfaction la nouvelle de la nomination du Professeur Abdoulaye Bathily en tant que Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL). Éminent diplomate et panafricaniste engagé, le professeur Bathily a, à son actif, des contributions remarquables à des œuvres de paix à travers des efforts méritoires de promotion de solutions pacifiques négociées à des situations conflictuelles complexes », avait indiqué le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans une déclaration. « Tout en félicitant chaleureusement le Professeur Bathily pour sa nomination, l’Algérie exprime sa volonté de coopérer étroitement avec lui pour mener à bien la noble mission qui lui est confiée. Elle appelle toutes les parties libyennes à coopérer pleinement avec le Professeur Bathily et à saisir cet heureux développement pour un sursaut collectif salutaire dans l’intérêt du peuple libyen frère », avait ajouté la même source. Mi-septembre, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a adressé une invitation officielle au président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Yunus al-Menfi, pour participer aux travaux de la 31e session du Sommet arabe prévu les 1er et 2 novembre prochains à Alger. M. Mohamed Yunus al-Menfi a confirmé alors « sa participation en personne aux travaux du Sommet arabe et sa contribution, aux côtés des dirigeants des pays arabes frères, pour sortir avec des résultats concrets et positifs ».
Brahim Oubellil