Bousculé par le timing du chef de l’exécutif français et les primaires de la gauche, qui doivent intervenir les 22 et 29 janvier prochains, après l’annonce, jeudi dernier, du président François Hollande, renonçant à participer à la course de la Présidentielle d’avril prochain, son Premier ministre devrait, au plus tôt demain, annoncer sa candidature et sa démission du poste de chef de l’exécutif.
Ce qui lui ouvrira grand la voie pour se consacrer, enfin, à sa campagne électorale, qui ne sera pas facile; d’abord, au sein de sa famille politique, le Parti socialiste (PS), et la gauche en général, mais aussi sur la scène nationale, qui est déjà animée par ses rivaux de la droite, du centre droit et de l’extrême droite, candidats à la Présidentielle française d’avril prochain.
Après avoir attendu que le chef de l’État se décide et annonce sa participation, ou non, à la Présidentielle, suspense levé, depuis jeudi passé, par l’annonce de Hollande de renoncer à se porter candidat, Manuel Valls devait attendre, jusqu’à demain mardi, pour qu’il puisse annoncer sa candidature, et aussi sa démission de son poste de Premier ministre. Après avoir été aux commandes du ministère de l’Intérieur avant qu’il ne soit nommé, fin mars 2014, à la tête de l’exécutif du président Hollande, l’état d’urgence décrété, novembre 2015, et depuis proroger quatre fois, le calendrier pour sa cinquième prorogation par les parlementaires, prévu le 21 décembre prochain, selon la législation française, a influé considérablement, semble-t-il, sur la posture adoptée, jusque-là par Valls sur la Présidentielle, en plus de l’attente de la décision de Hollande de briguer, ou pas, un second mandat. Après que celui-ci eut fini par rendre sa réponse, l’article 4 de la législation française, du 3 avril 1955, sur l’état d’urgence, stipule, en effet, que «la loi portant prorogation de l’état d’urgence est caduque à l’issue d’un délai de quinze jours francs, suivant la date de démission du gouvernement». Et la séance parlementaire pour proroger de six mois, pour la cinquième fois, l’état d’urgence en France, en vigueur depuis le 14 novembre 2015, est prévue pour le 21 décembre prochain, après sa prorogation pour une quatrième fois, le 26 juillet dernier.
Partant pour que ce délai soit respecté, la démission de Valls pour pouvoir annoncer sa candidature à la Présidentielle d’avril prochain, ne devrait intervenir que demain mardi au plus tôt, pour qu’il entame son périple électoral, afin de convaincre, et la gauche française et les électeurs et électrices français. Ce qui explique, selon des observateurs avertis de la scène politique française, l’absence de Valls au Congrès de la Belle Alliance populaire, samedi dernier, en vue de créer le cadre qui se veut rassembleur pour applaudir une seule candidature de la gauche en généra et du PS particulièrement, après l’annonce des candidatures de Jean-Luc Melenchon, Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron, ce dernier a estimé que le processus de la primaire à gauche, prévue les 22 et 29 janvier prochains, pour rappel, va juste, selon Macron, «scénariser un déchirement autour du bilan du quinquennat» du président de France Hollande, et a rappelé, par ailleurs, que la primaire de 2011 n’a pas permis de «trancher» entre les lignes de François Hollande et de Martine Aubry. Lequel quinquennat de François Hollande qui s’achève, dans quelques mois, et que va devoir défendre Valls durant sa campagne, devant les insatisfaits et les mécontents du mandat de Hollande à la tête de la présidence, ceux du PS comme de la gauche, en général, qui ont voté, en 2012, Hollande pour éviter à la France un autre quinquennat Sarkozien.
Le Premier ministre a, en effet, pris la parole à l’issue d’un Comité interministériel consacré aux handicapés, et y a déclaré que «nous devrons défendre le bilan de François Hollande», avant d’affirmer qu’il s’engagerait à le faire, en soutenu, a-t-il poursuivi, «je le ferai». Par ailleurs, dans sa réaction à l’annonce du président Hollande de ne pas briguer un second mandat, une première en France, faut-il le rappeler, pour un président en exercice de la Ve République qui renonce à se représenter une nouvelle fois pour occuper l’Élysée, Valls a réagi, saluant «le choix d’un homme d’État», a-t-il déclaré. Et c’est à partir des Émirats arabes unis, en visite officielle, que François Hollande revient sur la Présidentielle, après sa déclaration jeudi dernier, annonçant, lors de laquellede ne pas briguer un second mandat, qu’il a ouvert la voie à Valls pour se présenter candidat. Déclarant que «quand il n’y a plus de fonctionnaires», allusion à la proposition dans le programme du candidat Fillon, relative à la suppression de postes, il n’y a plus d’État, a poursuivi François Hollande, avant d’ajouter, «et quand il n’y a plus d’État, il n’y a plus de France».
Karima Bennour